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Trafic de drogue entre Lille et Ajaccio : Un individu condamné à 3 ans de prison ferme


le Jeudi 31 Juillet 2014 à 20:49

Originaire d’Ajaccio, Lahkdar Oueslati, 20 ans, a été condamné par le tribunal correctionnel de Lille (Nord) à une peine de 3 ans de prison ferme pour détention et transport de produits stupéfiants. Lors de son interpellation par les fonctionnaires de la Police aux Frontières le 19 juin dernier à l’aéroport de Lille, l’individu était en possession de 1,2 kilos d’héroïne, 150 grammes de cocaïne mais aussi 200 grammes de substances destinées à couper la drogue ainsi que de l’argent en liquide et des vêtements de luxe.



(Photo d'illustration : Yannis-Christophe Garcia)
(Photo d'illustration : Yannis-Christophe Garcia)
Après le démantèlement récent d’un trafic de cocaïne entre Marseille et Ajaccio (dans lequel plusieurs jeunes individus originaires d’Ajaccio ont été mis en examen), la saisie de 33 plans de cannabis dans un squat de la montée de l’Empereur, cette nouvelle affaire indique t’elle que la cité Impériale serait en train de devenir le théâtre de l’installation de véritables trafics de produits stupéfiants ?
Difficile de l’affirmer avec certitude, mais la multiplication des affaires liées au trafic de drogue ces derniers temps invitent à se poser clairement la question.

Plus d’un kilo d’héroïne, 150 grammes de cocaïne, 520 euros en liquide et des vêtements de luxe découverts par la Police
C’est dans un cadre global de participation à ce trafic qui n’a pas été véritablement éclairci par la Justice, qu’un individu âgé de 20 ans et originaire d’Ajaccio a été contrôlé de façon aléatoire le 19 juin dernier à l’aéroport de Lille par les fonctionnaires de la Police aux Frontières de Lille (Nord).   
C’est au cours de la fouille de son bagage à main que les policiers vont faire une découverte de taille. Lahkdar Oueslati (qui n’était pas connu des services de Police et de Gendarmerie pour des affaires liées aux stupéfiants) était en possession de 1,2 kilos d’héroïne, 150 grammes de cocaïne, mais aussi 200 grammes de substances (caféine et paracétamol) destinées à couper la drogue.
La totalité de la drogue saisie représenterait au minimum 100 000 € à la revente (voire plus sur le marché insulaire, si la drogue lui était bien destinée) selon les enquêteurs.
Les fonctionnaires de la PAF ont également mis la main sur une somme de 520 € en petites coupures ainsi que des vêtements de luxe.
L’individu était alors immédiatement interpellé, mis en examen et placé en détention provisoire.

Un long week-end à Lille...
Au terme de l’instruction qui a duré un mois, Lahkdar Oueslati a comparu en début de semaine devant le tribunal correctionnel de Lille.
Il semblerait que l’individu se soit rendu à Lille dans le cadre d’un long week-end afin de récupérer la drogue. Une fois celle-ci en sa possession, il s’apprêtait à embarquer à bord d’un avion (qui devait l’amener à Marseille avant de repartir sur un autre vol vers Ajaccio) lorsque les fonctionnaires de la PAF ont mis fin à ce convoi, lors d’un contrôle de routine à l’aéroport de Lille.

De la "pure came" !
Les produits stupéfiants transportés par Lahkdar Oueslati étaient, selon les experts, particulièrement "purs".
« L'héroïne aurait pu être coupée jusqu'à quatre fois. Quant à la cocaïne, elle est pure à 76 %, ce qui implique qu'elle peut être coupée huit fois » a expliqué le magistrat.
Pas de réaction du prévenu sur cet aspect non négligeable du trafic.
Sur le cadre de ce transport de stupéfiants entre le Nord de la France et la cité Impériale, ce dernier demeure flou. Le mis en cause affirmant pour sa part avoir contracté « une dette auprès d’une personne en Corse » et que cette prétendue personne lui aurait intimé l’ordre d’aller récupérer la drogue à Lille afin de la ramener en Corse.

« Une petite mule »
Le prévenu tentait alors avec force de convaincre la président Jacques Huard qu’il n’était en somme « qu’une petite mule ». Sans trop de succès auprès de ce dernier, qui lui a rappelé quelques détails troublants dans cette affaire.
Parmi lesquels la réception de deux appels téléphoniques en provenance des Pays-Bas sur son portable après son interpellation…
Le président Huard lui demande alors s’il ne s’est pas en réalité rendu au pays des tulipes et des canaux, afin de récupérer la drogue. Mais Lahkdar Oueslati nie en bloc cette hypothèse.
Pas plus d’explications non plus sur les traces de drogue retrouvées sur les billets d’avion.
Enfin, concernant les nombreux vêtements de luxe saisis par la Police lors de son interpellation, l’individu aurait déclaré avoir profité de son séjour pour « faire les soldes ».  

Plaidoirie de la défense façon "couleur locale"… et une condamnation à 3 ans de prison ferme !
Visiblement peu convaincu par ces explications fumeuses, l’avocat général a requis une peine de 18 mois de prison ferme assortie d’un maintien en détention à l’encontre de Lahkdar Oueslati.
De son côté, l’avocat du mis en cause Maître Dancoisne a adopté une stratégie de défense, de type "couleur locale" « Mon client ne peut qu'obéir à une seule loi, la loi du silence. Il n'a pas choisi de venir à Lille, on l'a forcé » a affirmé l’avocat.
Mais les explications vaseuses du mis en cause et la plaidoirie au thème particulier de son conseil n’ont pas convaincu le tribunal, qui a condamné le jeune "mulet" à 3 ans de prison ferme.
Soit le double de la peine réclamée par le parquet.
Yannis-Christophe GARCIA