Vingt auteurs, qui sont à la fois des historiens de la Corse, des spécialistes du Siècle des Lumières, des écrivains philosophes, des artistes, des journalistes, des critiques littéraires, des animateurs culturels ou responsables du développement touristique, des architectes, apportent ici leur témoignage sur cette question du rapport des îles et de l’Utopie. Ce sont des analyses inédites, singulières, parfois iconoclastes. A mi-chemin de l’Histoire, de la Fiction et de la Science-Fiction. Entre enfer et paradis, fantasme et réalité, entre ailleurs et nulle part, comme doit l’être toute Utopie. Un regard original sur la Corse.
Les textes sont de Francis Beretti, Thierry Bernardini, Christine Bottero, Jérôme Camilly, Jean-Pierre Castellani, Bertrand Cervera, Jean-Jacques Colonna d’Istria, Robert Colonna d’Istria, Marie-Hélène Ferrandini, Claudine Filippi, Marie-Ange Filippi, Olivier Jehasse, Philippe Martinetti, Alain di Meglio, Boniface Mongo, Aristide Nerrière, François Ollandini, Jacques Orsoni, Hugues fj Rolland, Miguel Sánchez-Ostiz.
Le projet de ce livre est né de deux observations indiscutables : d’abord que l’idée d’utopie est associée, depuis toujours, à l’insularité, en particulier depuis la Renaissance avec, en 1516, l’ouvrage fondateur L’île d’Utopie, de Thomas More, qui créa le terme et le concept, en plaçant sa société idéale dans une île. Mais déjà chez les Grecs, les Dieux vivaient dans les îles. Ensuite que la Corse est à l’évidence une île, une des nombreuses îles de la Méditerranée. Avant d’être phénicienne, romaine, génoise, ou française, et même corse, la Corse est “ce morceau de terre entouré d’eau de toutes parts” qui définit toutes les îles, selon l’expression très juste de Roger Brunet. Comme les Baléares, la Sardaigne, la Sicile, Capri, Malte, Crête, Rhodes, Chypre, Lesbos, les îles grecques, pour nous en tenir au bassin méditerranéen.
Elle est donc un territoire propice à l’Utopie sous toutes ses formes et modalités. Elle est forcément prise dans la dialectique de “L’Ici ” et de “L’Ailleurs”, elle provoque le désir, chez les autres, de la connaître et d’y débarquer pour en faire le tour et chez ceux qui l’habitent la volonté de la défendre ou de la quitter, en allant vers cet ailleurs que symbolise la mer, ouverte au grand large…
Comme toutes les îles, la Corse a inspiré les voyageurs, les poètes, les romanciers, les philosophes, les anthropologues, les sociologues, les géographes. Comme toutes les îles, elle est le lieu réel ou imaginaire de l’utopie.
Vingt auteurs, qui sont à la fois des historiens de la Corse, des spécialistes du Siècle des Lumières, des écrivains, des artistes, des journalistes, des critiques littéraires, des animateurs culturels ou responsables du développement touristique, des architectes, apportent ici leur témoignage sur cette question du rapport des îles et de l’Utopie. Ce sont des analyses inédites, singulières, parfois iconoclastes, qui naviguent entre réflexions savantes à partir d’un point de vue érudit, ou subjectives, fruit d’un engagement personnel, et anticipation de l’avenir, projection de ce qui attend ou peut attendre la Corse. Bien sûr, Thomas More, Voltaire, Jean-Jacques Rousseau, Pasquale Paoli sont au centre de ces textes.
A mi-chemin de l’Histoire, de la Fiction et de la Science-Fiction. Entre enfer et paradis, fantasme et réalité, entre ailleurs et nulle part, comme doit être toute Utopie.
On croise, de façon surprenante, au détour de ces pages, le voyageur écossais James Boswell, l’écrivain allemand W.G Sebald, le philosophe Martin Heidegger, un mystérieux Kla-Tsin à côté d’un berger philosophe du Niolo ou d’un autre berger, poète, d’une Mémé pleine de bon sens …on y pêche la truite à la main et on parle aux arbres…Sur ces textes planent les ombres de Robinson Crusoé, de Paul et Virginie, de Jim Hawkins, du Capitaine Némo, du docteur Moreau et de leurs créateurs Daniel Defoe, Bernardin de Saint-Pierre, Robert Louis Stevenson, Jules Verne, ou H.G Wells qui ont nourri notre imaginaire depuis l’enfance. Tous sont des fous des îles, qu’elles soient Mystérieuses, au Trésor ou de la …Tentation. L’Atlantide, l’Utopia, l’île d’Aran ou de Laputa avec Lilliput, et même, plus récemment, l’île virtuelle du cyberespace dans le jeu Second Life, accompagnent l’île de Corse dans son destin tourmenté mais passionnant, à la fois île de Beauté, Kallisté, incarnation naturelle du bonheur paradisiaque, vanté par les dépliants touristiques et île de souffrances, de deuil et d’enfermement. Espace, en même temps merveilleux et idéal, à l’abri de la tyrannie, lieu de tous les possibles, de l’extra-ordinaire, et celui des pestiférés, des bagnards, des exilés, voire de l’apocalypse…
Comme toutes les îles, « Miniatures du lointain», selon la belle définition de Gaston Bachelard. Comme ces îles Marquises qui servirent de refuge à Paul Gauguin ou à Jacques Brel. Lieux des chimères mais aussi des promesses de l’Histoire.