Un docker victime d'une fracture d'une jambe à bord d'un navire pendant un déchargement; un chauffeur de tracteur à selle qui heurte la navette de la CCI - heureusement vide - en raison de la présence d'un bateau de croisière dans la zone de fret et, enfin, le 14 Août , drame qui a fait réagir la profession des dockers : l'un d'entre eux est heurté sur le port par un semi-remorque.
Il décédera des suites de ses blessures le 26 du même mois à l'hôpital de Bastia. A un mois de la retraite.
"Trop, c'est trop". C'est ce qu'ont voulu dire les dockers CGT du port de Bastia lundi.
Ce mardi, à sa demande, le syndicat des dockers participera à une réunion à laquelle ont été également conviés les armements (Corsica Ferries, SNCM, CMN) et des représentants de la CCI de Bastia et de la Haute-Corse.
L'objectif ?
Pour les dockers, il faut, aujourd'hui, trouver des solutions concrètes et pérennes. Pour "éviter que de tels drames se reproduisent" ont martelé, avec force, Auguste Bartoli,secrétaire CGT des dockers et Jean-Pierre Battestini, secrétaire général de l’UD CGT de Haute-Corse en présence d'une forte délégation de dockers.
Parmi eux, Jean-Baptiste Bonci. Il a expliqué à Corse Net Infos le sens de sa démarche et celle de ses camarades qui travaillent dans des conditions, difficiles, sur le port.
Il décédera des suites de ses blessures le 26 du même mois à l'hôpital de Bastia. A un mois de la retraite.
"Trop, c'est trop". C'est ce qu'ont voulu dire les dockers CGT du port de Bastia lundi.
Ce mardi, à sa demande, le syndicat des dockers participera à une réunion à laquelle ont été également conviés les armements (Corsica Ferries, SNCM, CMN) et des représentants de la CCI de Bastia et de la Haute-Corse.
L'objectif ?
Pour les dockers, il faut, aujourd'hui, trouver des solutions concrètes et pérennes. Pour "éviter que de tels drames se reproduisent" ont martelé, avec force, Auguste Bartoli,secrétaire CGT des dockers et Jean-Pierre Battestini, secrétaire général de l’UD CGT de Haute-Corse en présence d'une forte délégation de dockers.
Parmi eux, Jean-Baptiste Bonci. Il a expliqué à Corse Net Infos le sens de sa démarche et celle de ses camarades qui travaillent dans des conditions, difficiles, sur le port.
Jean-Baptiste Bonci : "Nous frôlons la catastrophe tous les jours"
- L'objet de votre colère
- Il n'est pas normal qu'un ouvrier, qui part travailler pour nourrir sa famille, laisse sa vie sur son lieu de travail. Aujourd'hui il faut bien l'admettre : le port de Bastia est trop exigu et il important que l'on se penche sur le problème des règles de sécurité à observer. Pour notre part nous avons désigné deux jeunes. Nous leur avons confié la tâche d'effectuer une véritable radiographie des lieux car, tous les jours nous frôlons la catastrophe. Tous les jours nous travaillons dans un stress permanent.
- Comment cela ?
- Le port de Bastia est tellement petit que dans les zones de fret - là où nous débarquons les remorques, les camions et les voitures neuves - nous nous retrouvons avec des centaines de passagers qui se promènent et qui ne sont pas toujours très disciplinés. Il faudrait, pour commencer, plus de personnel pour les encadrer et pouvoir, ainsi, les diriger dans les meilleures conditions de sécurité. Il ne faut pas oublier qu'en une heure de temps nous devons décharger et charger un bateau. Mais c'est impossible. Il y a beaucoup trop monde aux débarcadères. Il y a les camions, les remorques, les passagers, les livreurs de boissons pour les bateaux, les entreprises qui viennent changer les draps, etc. Comment se frayer un chemin, le plus vite possible et en toute sécurité, au milieu tout cela ?
- Quelles solutions préconisez-vous ?
- Il faudrait commencer par bien délimiter les zones de fret et les séparer des zones de passagers. Bien sûr, cela risque d'être compliqué parce que le port de Bastia est ce qu'il est. Mais avec 5 bateaux à quai tous les matins, des milliers de passagers et des centaines de remorques et de voitures qui déboulent en même temps, c'est une mesure indispensable
- Est-ce faisable ?
- Je pense que oui mais cela va être au détriment de la rentabilité. Il va, en effet, falloir que certains bateaux attendent que les passagers débarquent. Après nous pourrions intervenir, presque, en sécurité
- Vous faites allusion à la rentabilité des compagnies maritimes ?
- Pas seulement. Les transporteurs veulent, eux aussi, avoir leurs remorques le plus tôt possible parce que, et on les comprend, ils ont des impératifs. Les compagnies veulent, elles, avoir des escales de plus en plus courtes, parce que cela va leur coûter moins cher et nous les comprenons aussi. Nous ne leur tirons pas la pierre. Bien au contraire. Mais ce qui s'est produit ne pouvait pas ne pas… arriver. Venez nous voir travailler un jour : nous sommes des magiciens. Et on se le dit au quotidien car, on frôle la catastrophe en permanence !
- Combien il y a t-il, encore, de dockers sur le port ?
- Nous sommes 40. Et tous - questionnez les - vous diront - ils en portent les stigmates - qu'ils ont eu des accidents sur le port. Il n'y a pas un ici qui, un jour, a échappé à l'accident. Ce n'est pas le fruit du hasard. Ce n'est pas la fatalité. On va sans doute nous dire que cette succession d'accidents fait partie de la loi des séries. Cela n'a rien à voir avec cela. En fin de saison on est tous fatigués. On a travaillé de jour et de nuit. On se relâche tous. Il y a moins de concentration. Et c'est à ce moment-là que l'accident arrive. Il faut, donc, vraiment trouver des solutions, valables, sur la durée. Aujourd'hui nous faisons notre travail de docker et notre propre police : nous devons faire tout à la fois attention à ce que font nos collègues et surveiller les passagers. La CCI, c'est vrai, a mis les moyens qu'il faut, mais cela ne suffit plus.
- L'accident qui a coûté la vie à votre collègue ?
- C'est quelque chose qui aurait pu être évité. On invoque la fatalité, mais je n'y crois pas trop. C'aurait pu être un passager. Ç'aurait pu être un enfant aussi. C'est vraiment un accident malheureux. Quand le chauffeur a démarré notre collègue se trouvait dans l'angle mort. Avec d'autres infrastructures, notamment une sécurisation des postes où les camions chargent les tracteurs, le drame aurait pu être évité. Actuellement ce sont de simples plots qui séparent les parkings : qu'est-ce qui peut, demain, empêcher un enfant d'y pénétrer ? Il m'est arrivé d'en récupérer sur mon engin pour les mettre en sécurité. Il est grand temps de corriger tout cela…
- Il n'est pas normal qu'un ouvrier, qui part travailler pour nourrir sa famille, laisse sa vie sur son lieu de travail. Aujourd'hui il faut bien l'admettre : le port de Bastia est trop exigu et il important que l'on se penche sur le problème des règles de sécurité à observer. Pour notre part nous avons désigné deux jeunes. Nous leur avons confié la tâche d'effectuer une véritable radiographie des lieux car, tous les jours nous frôlons la catastrophe. Tous les jours nous travaillons dans un stress permanent.
- Comment cela ?
- Le port de Bastia est tellement petit que dans les zones de fret - là où nous débarquons les remorques, les camions et les voitures neuves - nous nous retrouvons avec des centaines de passagers qui se promènent et qui ne sont pas toujours très disciplinés. Il faudrait, pour commencer, plus de personnel pour les encadrer et pouvoir, ainsi, les diriger dans les meilleures conditions de sécurité. Il ne faut pas oublier qu'en une heure de temps nous devons décharger et charger un bateau. Mais c'est impossible. Il y a beaucoup trop monde aux débarcadères. Il y a les camions, les remorques, les passagers, les livreurs de boissons pour les bateaux, les entreprises qui viennent changer les draps, etc. Comment se frayer un chemin, le plus vite possible et en toute sécurité, au milieu tout cela ?
- Quelles solutions préconisez-vous ?
- Il faudrait commencer par bien délimiter les zones de fret et les séparer des zones de passagers. Bien sûr, cela risque d'être compliqué parce que le port de Bastia est ce qu'il est. Mais avec 5 bateaux à quai tous les matins, des milliers de passagers et des centaines de remorques et de voitures qui déboulent en même temps, c'est une mesure indispensable
- Est-ce faisable ?
- Je pense que oui mais cela va être au détriment de la rentabilité. Il va, en effet, falloir que certains bateaux attendent que les passagers débarquent. Après nous pourrions intervenir, presque, en sécurité
- Vous faites allusion à la rentabilité des compagnies maritimes ?
- Pas seulement. Les transporteurs veulent, eux aussi, avoir leurs remorques le plus tôt possible parce que, et on les comprend, ils ont des impératifs. Les compagnies veulent, elles, avoir des escales de plus en plus courtes, parce que cela va leur coûter moins cher et nous les comprenons aussi. Nous ne leur tirons pas la pierre. Bien au contraire. Mais ce qui s'est produit ne pouvait pas ne pas… arriver. Venez nous voir travailler un jour : nous sommes des magiciens. Et on se le dit au quotidien car, on frôle la catastrophe en permanence !
- Combien il y a t-il, encore, de dockers sur le port ?
- Nous sommes 40. Et tous - questionnez les - vous diront - ils en portent les stigmates - qu'ils ont eu des accidents sur le port. Il n'y a pas un ici qui, un jour, a échappé à l'accident. Ce n'est pas le fruit du hasard. Ce n'est pas la fatalité. On va sans doute nous dire que cette succession d'accidents fait partie de la loi des séries. Cela n'a rien à voir avec cela. En fin de saison on est tous fatigués. On a travaillé de jour et de nuit. On se relâche tous. Il y a moins de concentration. Et c'est à ce moment-là que l'accident arrive. Il faut, donc, vraiment trouver des solutions, valables, sur la durée. Aujourd'hui nous faisons notre travail de docker et notre propre police : nous devons faire tout à la fois attention à ce que font nos collègues et surveiller les passagers. La CCI, c'est vrai, a mis les moyens qu'il faut, mais cela ne suffit plus.
- L'accident qui a coûté la vie à votre collègue ?
- C'est quelque chose qui aurait pu être évité. On invoque la fatalité, mais je n'y crois pas trop. C'aurait pu être un passager. Ç'aurait pu être un enfant aussi. C'est vraiment un accident malheureux. Quand le chauffeur a démarré notre collègue se trouvait dans l'angle mort. Avec d'autres infrastructures, notamment une sécurisation des postes où les camions chargent les tracteurs, le drame aurait pu être évité. Actuellement ce sont de simples plots qui séparent les parkings : qu'est-ce qui peut, demain, empêcher un enfant d'y pénétrer ? Il m'est arrivé d'en récupérer sur mon engin pour les mettre en sécurité. Il est grand temps de corriger tout cela…