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Les brèves

Le recours de Femu à Corsica "irrecevable"  29/09/2012

Le tribunal administratif de Bastia, réuni vendredi après-midi, a jugé "irrecevable" le recours introduit par Gilles Simeoni, au nom de Femu a Corsica, demandant l'annulation et la suspension de l'arrêté ministériel de Manuel Valls interdisant à tous supporters du SCB de se déplacer samedi à Nice. Selon le juge administratif, le recours aurait dû être déposé plus tôt et devant le Conseil d'Etat puisque il concerne un arrêté ministériel. Femu a Corsica et Gilles Simeoni entendent néanmoins amener l'affaire dans les prétoires à la faveur d'un nouveau recours…

En attendant, les réactions se multiplient.
Sauveur Gandolfi-Scheit, député de la Haute-Corse, maire de Bigiuglia :
" Faudra t-il bientôt que les Corses portent un signe distinctif pour se rendre sur le continent ? "
 "Je tiens à dénoncer publiquement à la fois l’esprit et la formulation de l’arrêté ministériel pris le 25 Septembre par M. le ministre de l’Intérieur Manuel Valls en marge de la rencontre de football Nice-Bastia. Si la loi en vigueur permettait en effet au Préfet des Alpes-Maritimes d’interdire l’accès de l’enceinte du stade du Ray aux supporters bastiais pour des raisons de sécurité, il n’était nul besoin de venir aggraver cette mesure qui, en induisant la fermeture totale du secteur visiteur, condamnait par principe tout déplacement organisé de supporters et réduisait quasiment à néant tout risque d’incidents. Or, avec un zèle dont on aimerait qu’il fasse preuve sur d’autres dossiers impactant tant la Corse que le territoire national, M. Valls a cru nécessaire d’aggraver la mesure administrative en interdisant tout déplacement individuel ou collectif et par tout moyen, de toute personne favorable au club de Bastia, sur tout le territoire de la commune de Nice et pendant une durée de 24 heures !

Pour le moins exceptionnel pour ne pas dire inédit, cet arrêté imprécis et globalisant impacte en réalité  la population insulaire elle-même. Sachant en effet que depuis des décennies le Sporting est considéré comme le porte-drapeau de la Corse,  comment faire le distinguo entre un supporter risquant d’en découdre et un citoyen insulaire dont le cœur est bleu et blanc ? Sur quels critères les forces de l’ordre vont-elles se baser pour effectuer leur contrôle ? Les dirigeants du SCB, les accompagnants et les médias insulaires qui pourtant se « prévalent » d’un soutien au club, vont-ils être placés en garde et à vue et condamnés à une peine de 6 mois de prison ferme comme le prévoient les textes pour les contrevenants ?

Aucune de ces questions n’est tranchée par cette mesure du ministre, par trop globalisante et donc potentiellement discriminante. Il n’est pas question pour moi de nier les comportements violents autour des enceintes sportives, et je les condamne sans ambigüité. Il n’en demeure pas moins qu’en tant que membre de la représentation nationale, je pose les questions suivantes : Faudra t-il bientôt que les Corses soient munis d’un signe distinctif pour se rendre sur le Continent ? Pourquoi une telle panique concernant les supporters Corses, alors que les déplacements des supporters stéphanois et lyonnais sont eux autorisés, sans que ne pleuvent de telles mesures administratives ? Est-ce un problème de moyens humains, ou autre ?

Dans l’attente d’une réponse à ces questions qui dépassent désormais les simples amateurs de football, je tiens donc à témoigner à l’ensemble des supporters du SCB et au club qui devra jouer ce crucial derby de la Méditerranée sans l’appui de son public, ma sympathie et mon soutien.

Le football doit rester une fête et un lieu de partage, et supporter son équipe n’est pas un crime. C’est pourquoi j’ai aussi une pensée pour toutes les personnes blessées ou choquées Samedi dernier à l’issue de la rencontre contre le PSG. Facteurs sans équivalent de lien social, le football et le Sporting doivent être encouragés par les pouvoirs publics et non pas montrés du doigt par des responsables parfois dépassés par les évènements.

Forza Bastia, Uniti Vinceremu."

 

Emile Zuccarelli , maire de Bastia, président
de la communauté d'agglomération  : " Un arrêté regrettable "

 

J’ai pris connaissance de l’arrêté de Monsieur le Ministre de l’Intérieur stipulant que le 29 de ce mois, de zéro heure à minuit, le déplacement individuel ou collectif, par tout moyen, de toute personne se prévalant de la qualité de supporter du club du SC Bastia ou se comportant comme tel, sera interdit entre la Corse et la commune de Nice.

Tout en comprenant la préoccupation de préserver l’ordre public, je ne puis que juger regrettable cet arrêté. L’éventuel comportement violent de quelques individus se prétendant supporters des deux équipes, ne peut en aucun cas justifier la mesure d’exception touchant l’ensemble des supporters bastiais. S’il est effectivement nécessaire et louable de veiller à l’ordre public et de se préoccuper d’assurer la sécurité de nos concitoyens, cela ne peut se faire au détriment de la liberté de circuler, et au prix fort d’une présomption de comportement délinquant appliquée à une population on un groupe selon une logique de responsabilité collective. J’ajoute que fonder les risques d’incidents sur la rivalité entre deux clubs ou sur une certaine historicité d’antagonisme entre leurs supporters, ne peut à terme que conduire à l’interdiction quasi générale des déplacements de supporters.

Aussi, ai-je fait part à Monsieur le Ministre de l’émotion des Bastiais, et lui ai-je demandé que la disposition d’interdiction de déplacement soit annulée et éventuellement remplacée par des mesures de contrôle et de sécurité normalement applicables à de grands rassemblements.