Plage de Capo di Feno, 6h30 : comme tous les mardis depuis quelques semaines, Charlène Thévenet, passionnée de tortues marines, arpente la longue étendue de sable blanc bien avant l’arrivée des vacanciers. Accompagnée de Stéphane Biancucci, garde du Conservatoire du littoral, de saisonniers de la Ville d’Ajaccio et de quelques bénévoles, elle patrouille le long du rivage à la recherche de traces d’activité de tortues marines ou de pontes potentielles ayant eu lieu pendant la nuit. « L’objectif est de sensibiliser et de former à reconnaître ces traces par des personnes qui sont souvent sur la plage. Cela offre l'occasion aux saisonniers du service littoral de la Ville d’Ajaccio, qui nettoient et vérifient les plages chaque matin, d’apprendre à identifier les traces de tortues. Bien qu'exceptionnels, ces phénomènes peuvent être repérés par ces agents, qui nous aident ainsi à localiser les nids en repérant les traces au matin. »
Une trentaine de nids en Corse
En Corse, les tortues caouannes sont les plus souvent observées, et pour diverses raisons, dont le réchauffement climatique, elles s'approchent de plus en plus de notre littoral. « Nous en observons un nombre croissant en mer. Ces espèces migratrices ne restent pas ici l’hiver, mais se dirigent vers des eaux plus chaudes. Nous n’avons pas de chiffre précis concernant leur nombre exact sur nos côtes. L’année dernière, nous avons recensé cinq nids avérés, mais le Muséum estime qu’il pourrait y en avoir eu une trentaine, certains lieux étant difficiles d’accès. Cette année, nous pensons qu’il y en aura autant, voire davantage. »
L'association Cari (Cétacés Association Recherche Insulaire), en partenariat avec le Muséum d'Histoire Naturelle et la Ville d'Ajaccio, s'engage à sensibiliser le public à la protection des tortues marines. L'objectif est d'identifier les pontes éventuelles avant que les plages ne soient envahies par les visiteurs. Cette démarche permet aussi de localiser les nids et de les protéger en adoptant des gestes simples. Comme l'explique Charlène Thévenet, également impliquée à la Cité des Tortues "A Cupulatta", « S'il y a une tortue, il ne faut absolument pas la déranger. Ce sont des animaux sauvages. Il ne faut pas passer devant son regard, rester discret, éviter de faire du bruit et maintenir une certaine distance. En cas de traces, il est essentiel de contacter l'association Cari dirigée par Cathy Cesarini, qui mettra en place un protocole avec un référent certifié pour localiser le nid, recueillir des données, poser un thermomètre à l'intérieur du nid et le protéger. »
La saison de ponte a commencé et se poursuivra jusqu'en septembre. Les patrouilles se déroulent les mardis et mercredis, en coordination avec l'association Cari. La tortue caouanne, présente dans tous les océans tempérés et tropicaux, peut mesurer jusqu'à un mètre et peser jusqu'à 200 kg. Elle se distingue par sa carapace marron orangé et son plastron jaune pâle.
Depuis 2005, cette espèce est protégée et suivie par divers scientifiques. Bien que la tortue caouanne soit une espèce migratrice, celle vivant en Méditerranée ne participe pas aux migrations longues distances et reste généralement dans cette mer. Les tortues migratrices, en revanche, migrent vers des eaux équatoriales plus chaudes pendant l'hiver. L'année 2023 a été exceptionnelle pour la reproduction des tortues caouanne, avec 438 nids recensés en Méditerranée durant l'été dernier.
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