Vous avez récemment été nommée à la tête de la Direction interdépartementale de la police nationale de Haute-Corse. Quel a été votre parcours avant d’occuper ces fonctions ?
Cela fait 20 ans que je sers dans la police. J’ai commencé en région parisienne, dans les Yvelines et les Hauts-de-Seine, où j’étais en charge de commissariats locaux. J’ai ensuite travaillé quatre ans au sein des CRS, puis à l’IGPN à Paris. Après une pause de quatre ans au Mexique, je suis revenue en 2020 pour diriger les districts d’Arles et Tarascon dans les Bouches-du-Rhône. J’ai ensuite été nommée numéro 2 à Nîmes avant de prendre mes fonctions ici, en Haute-Corse.
La réforme de la police nationale est entrée en vigueur au 1er janvier 2024. Quels sont, selon vous, les enjeux de cette réorganisation ?
En Haute-Corse, la mise en œuvre de cette réforme a été initiée par mon prédécesseur, Joël-Patrick Terry. Elle vise à permettre une meilleure coordination des différentes filières (voie publique, investigation, frontières, renseignement territorial) sous une direction unique capable de piloter l’ensemble. L’objectif est de renforcer les échanges d’informations et d’optimiser les stratégies pour répondre de manière plus efficace aux besoins de sécurité sur le territoire.
Qu’est-ce que cette réorganisation change au quotidien pour les services de police en Corse ?
Le principal changement concerne l’organisation judiciaire. Jusqu’à présent, le commissariat de Bastia gérait la délinquance de voie publique avec une antenne de police judiciaire dépendante d’Ajaccio. Désormais, cette dernière est intégrée à la direction interdépartementale, offrant une gestion plus centralisée et efficace des affaires.
Depuis votre arrivée, quelles sont vos priorités ? Qu’en est-il de votre feuille de route ?
Mon premier objectif est de réaliser un diagnostic complet de la circonscription pour comprendre comment déployer mes compétences au service des Bastiais. Je compte ensuite adapter les forces de présence en fonction des enjeux locaux. Le trafic de drogue est, par exemple, un axe prioritaire. L’idée est de faire travailler les équipes ensemble sur cette problématique pour assurer une circulation optimale des informations. Les premiers résultats sont déjà visibles.
La Corse est-elle un territoire spécifique du point de vue de la criminalité ?
Oui, la situation est particulière. Sur le plan de la délinquance quotidienne, c’est plutôt calme, surtout en comparaison avec Nîmes où j’étais auparavant. Il fait bon vivre à Bastia et en Corse en général. Cependant, en matière de criminalité organisée, le territoire présente des défis importants sur lesquels nous devons nous concentrer.
Ces derniers mois, la lutte contre le trafic de stupéfiants a été renforcée. Est-ce une priorité pour vos services ?
C’est une priorité gouvernementale, mais aussi locale. Les élus et les habitants nous sollicitent régulièrement sur ce sujet. En raison de l’insularité, les drogues peuvent arriver de toutes parts, ce qui nous oblige à être particulièrement vigilants.
En février dernier, le procureur de Marseille évoquait l’existence d’une mafia sur l’île. La lutte contre cette criminalité est-elle un enjeu majeur ?
Absolument. Nous travaillons en étroite collaboration avec le procureur de Bastia, Jean-Philippe Navarre, la JIRS de Marseille et les parquets financiers. La criminalité organisée exige une coordination entre tous les acteurs, y compris les gendarmes, pour mieux comprendre et anticiper les modes opératoires des délinquants en Corse.