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A Ajaccio et Bastia, les défenseurs de la langue corse manifestent pour faire modifier la Constitution


CNI avec AFP le Samedi 1 Juin 2024 à 15:37

Des militants pour la défense des langues régionales se sont réunis dans différentes villes de France y compris à Ajaccio et Bastia, ce samedi 1er juin, avec une revendication commune: demander la modification de la Constitution pour assurer une « sécurité juridique des langues minorisées ».



La manifestation d'Ajaccio
La manifestation d'Ajaccio
En Corse, au Pays basque, en Bretagne, en Occitanie ou encore en Alsace, à l’appel du collectif Pour que Vivent nos langues, ils ont demandé une modification de l’article 2 de la Constitution qui stipule que « la langue de la République est le français ». Selon eux, l’interprétation de cet article « bloque systématiquement toute avancée en faveur des langues régionales ».
Depuis plusieurs années, les associations militent ainsi pour le droit de passer certaines épreuves du brevet et du baccalauréat dans la langue régionale dans laquelle certains élèves font leur scolarité.

En Corse, c'est à l'appel de Scola Corsa, association de promotion de la langue corse qui dispose d’un réseau d’écoles associatives d’enseignement immersif sur le territoire insulaire, et qui fait partie de la fédération Eskolim, que deux rassemblements ont eu lieu devant les préfectures de Bastia et Ajaccio/

Plus de 200 personnes se sont mobilisées pour démontrer la volonté collective de préserver les langues régionales. "Notre désir est de faire vivre nos langues et notre peuple corse", inique  le président de Scola Corsa  Ghjaseppu Turchini. "Les langues régionales sont en grand danger selon l’UNESCO. Sans un dispositif efficace, elles seront condamnées à très court terme", a martelé Turchini en soulignant que des modèles existent déjà et fonctionnent, mais nécessitent un cadre légal plus solide pour être réellement pérennisés. "Nous avons les recettes pour développer les langues régionales. Venez voir les enfants ainsi que les adultes parler corse. C’est miraculeux. Nous sommes persuadés que ces méthodes, si appliquées correctement, peuvent marcher." 

​On écoute Ghjaseppu Turchini.

Une belle mobilisation 

Au Pays basque, où 800 personnes se sont mobilisées et où 20% de la population est bascophone selon une enquête de 2023, 15.000 élèves sont scolarisés en basque de la maternelle au lycée, dans l’enseignement immersif ou des filières bilingues publique et privée. Dans le primaire, cela concerne quasiment un enfant sur deux. « On a besoin que toute la jeunesse d’une génération qui apprend le basque à l’école puisse ensuite l’utiliser au quotidien, pour donner toutes les chances à cette langue », affirme Maider Béhoteguy, présidente de l’Office public de la langue basque.

Renan Kerbiquet, porte-parole du collectif en Bretagne, où 2.000 personnes se sont réunies dans 12 villes, estime que les services de l’État « n’appliquent pas loi Molac », relative à la protection patrimoniale des langues régionales et à leur promotion, voire « la remettent en cause ».cons
En Bretagne comme au Pays basque, l’affaire des prénoms avec un tilde refusés par l’état-civil, comme Fañch ou Iñaki, mobilise aussi. « Pour revitaliser les langues territoriales, il faut d’abord faire sauter cet article 2, puis donner des moyens financiers. On essaie de travailler depuis un an avec les parlementaires pour souligner l’importance du moment, parce que c’est eux qui ont la clé », souligne Sébastien Castet, représentant d’Euskal Konfederazioa, association qui réunit les organismes œuvrant en faveur de la promotion de la langue basque.
Jean-Pierre Richard, président de l’association Collectif Prouvènço, pour la défense et la promotion de la langue et de la culture provençales, voit bien une volonté « régionale » de défendre les langues » mais n’est « pas sûr que ce soit suffisant, ça ne suit pas du côté de l’Education nationale ».

 


La manifestation de Bastia. Document CNI
La manifestation de Bastia. Document CNI