Le débat d’orientation budgétaire 2025 s’est tenu ce jeudi 27 mars lors du conseil municipal de la ville de Bastia. Malgré un contexte économique fragile, marqué par une inflation constante et des tensions géopolitiques à l’international, Didier Grassi, adjoint aux finances, a présenté les orientations budgétaires de la ville, qui “s’inscrivent dans la continuité du projet politique de développement global pour Bastia porté par la municipalité depuis 2014”, notamment en matière d’investissement. “Après une année 2024 marquée par un record d’investissement annuel de plus de 27 millions d’euros, la municipalité confirme sa volonté de doter Bastia des équipements structurants dont elle a besoin”, a-t-il indiqué. Parmi les projets portés par la municipalité : le désamiantage du théâtre et le démarrage des travaux de rénovation du bâtiment, la finalisation de la rénovation de l’école Gaudin ou encore l’achèvement des travaux de rénovation du Vieux-Port.
La municipalité souhaite également accélérer sa transition écologique, avec plusieurs opérations portées cette année, comme la création de nouveaux îlots de fraîcheur en centre-ville, le réaménagement de la plage de l’Arinella ou encore l’installation d’un récupérateur d’eau de pluie à la Maison des Services Publics, “une expérimentation qui a vocation à être généralisée dans les autres établissements municipaux”. Si ces engagements sont une priorité, Didier Grassi précise que l’endettement de la ville reste important - environ 47 millions d’euros - bien qu’il estime que “la ville est autant endettée que l’ensemble des communes de plus de 10 000 habitants”.
Des critiques de l’opposition
De son côté, l’opposition a pointé du doigt les orientations budgétaires de la ville de Bastia, notamment en termes d’investissement. Jean Zuccarelli estime que la municipalité “ne retrouvera jamais un niveau d’investissement comparable à celui qu’il a été dans la mandature 2008-2014”. “Nous voyons tout le déficit d’investissements qu’a supporté notre ville toutes ces années”, a-t-il déclaré. Mais ce sont surtout les retards “considérables” qui ont été dénoncés. “Malgré les efforts que fait notre adjoint au patrimoine, quelle est la part des édifices religieux et patrimoniaux qui ont été restaurés dans ce qui était prévu initialement ? Très peu. Tous ces retards se traduisent directement sur la qualité de vie des Bastiais, et la ville a perdu en attractivité. Ces investissements sont de toute façon insuffisants puisque tout est décalé, et que pratiquement rien n’a abouti.”
Julien Morganti, quant à lui, dénonce “un manque d’anticipation et une absence de vision sur le long terme”. “Quel équipement a créé de la richesse ? Le parc du fort Lacroix est peu exploité, le théâtre Mantinum à la citadelle n’est pas adapté au monde du spectacle, l’ilôt de la poste a été abandonné à ses acquéreurs, et piétonniser le Vieux-Port sans parking commence à faire fuir les riverains.” Selon lui, “ce document est peu réaliste au regard de votre gestion depuis 10 ans”. “Un rapport de la région annonce une baisse de 20 % des ressources en eau à Bastia, et vous, dans ce document, votre seul grand projet sera d’installer un récupérateur d’eau de pluie sur le toit de la Maison des Services Publics. Vous parlez de politique éducative, avec près de 7 millions d’euros, alors que 22 % des Bastiais sortent du système scolaire sans le bac, ce qui est un record régional, et qu’il y a une concentration de décrochage scolaire à Bastia plus forte qu’ailleurs”, lance-t-il. Puis s’adressant à Pierre Savelli, maire de Bastia : “Tout cela va laisser à votre successeur des problèmes financiers que vous avez vous-même créés."
“L’opposition est figée dans une boucle temporelle”
Face aux critiques, Didier Grassi a tenu à indiquer que “depuis 10 ans, les choses se mettent en place normalement, les budgets sont votés et réalisés, comme celui de 2024”. “On nous reproche d’afficher des taux d’endettement et des perspectives peu réjouissantes, mais la situation des finances publiques n’est pas réjouissante. Nous faisons au contraire preuve de transparence et d'honnêteté en indiquant que la perspective de devoir rembourser à hauteur de onze années est crédible.” Pierre Savelli conclut : “L’opposition semble figée dans une boucle temporelle, elle répète inlassablement la même chose, année après année. Les chiffres sont implacables, notre situation financière est saine, et nous continuerons d’avancer avec une gestion responsable, ambitieuse et tournée vers l’avenir.”