« C'est une question de temps. Personne ne sera tranquille sans payer un tribut à la mafia. Personne ne pourra échapper à cette emprise si nous ne réagissons pas immédiatement. » c’est par ces mots que Jean-Toussaint Plasenzotti, l'oncle du militant nationaliste assassiné le 12 septembre dernier, a lancé ce samedi à Cargese, devant une foule de 250 personnes, le collectif anti-mafia « Massimu Susini ».
Un second collectif, populaire, qui se dresse contre le pouvoir occulte de la mafia et qui veut que Cargèse, sans traditions criminelles, reste un territoire sain.
Sans langue de bois le porte parole parle du meurtre de son neveu. « Massimu ne voulait pas céder un pouce de terrain aux voyous, il s’est opposé verbalement et physiquement à la mafia, il a mis sa peau sur la table, et le savait que sa vie était en danger.
Ces criminels locaux qui ne se sentaient pas de taille, ont prévu de l'assassiner. Il le savait. Ils projettent d'autres assassinats. Pour cela ils vont chercher le soutien de bandes bien plus puissantes à Ajaccio. De bandes bien implantées, qui ont pignon sur rue, et qui, pour certaines, font partie de la bonne société. Les fameux « voyous en costumes » dénoncés par le député Colombani à l'Assemblée Nationale, visant les délinquants en cols-blancs. »
Des accusations lourdes qui ont le mérite d’être rapportées sur une terre où trop souvent l’omertà prend le dessus sur la vérité.
L'assassinat de Massimu avait donc deux objectifs selon son oncle : « nettoyer » le terrain pour que la mafia développe ses activités de prédation et semer la peur.
La chose est nommée
C’est le peuple du web, les Corses qui se sentent libres de parler sur les réseaux sociaux qui ont employé en premiers le mot mafia et qui ont identifié l'origine de l'assassinat de Massimu Susini. « Sa personnalité, son éthique, ses combats ne laissaient aucun doute sur l'origine de son assassinat. Ce n'était pas un règlement de comptes entre bandes rivales, c'était un crime mafieux et les gens l’ont compris » affirme Jean-Toussaint Plasenzotti qui ajoute « La mafia n'est pas un fantasme elle aime avant tout le calme et la discrétion. Elle est un pouvoir occulte, elle n'aime pas être dans la lumière et utilise la violence que quand elle ne peut faire autrement et on peut même dire que c'est une preuve de faiblesse. »
Aujourd'hui la mafia est dans la lumière de Massimu
« Ce pouvoir occulte - poursuit Jean-Toussaint Plasenzotti - n’avait pas mesuré l'impact de son crime. Personne n'avait mesuré ce que l'assassinat de Massimu provoquerait une vague si puissante d’émotion et de révolte en Corse. »
C'est spontanément que des milliers de corses se sont exprimés sur les réseaux sociaux, que des milliers des post ont été écrits, que plus de deux milles personnes ont participé à l’enterrement de Maxime « les gens savent que nous venons d'entrer dans une nouvelle dimension de l'activité criminelle de la mafia. Elle veut tout le pouvoir. »
Aujourd’hui par la constitution de ce collectif la parole est libérée, « il faut donc commencer à libérer toute la Corse de la mafia. La prise de conscience de Massimu, son courage, son action et sa mémoire sont notre référence et notre guide.»
La création de ce Collectif vise :
1 À refuser que Cargèse soit sous l'emprise de la peur
2 À signifier clairement aux assassins et à leurs complices que, à l'exemple de Massimu, on ne permettra pas que Cargèse devienne un territoire mafieux.
3 À être très attentif au déroulement de l'enquête, afin de savoir si tous les moyens ont été employés pour permettre l'arrestation des assassins et de leurs complices.
4 À développer des liens de solidarité et d'entr'aide avec d'autre territoires corses soumis à la pression mafieuse.
5 À soutenir toutes les actions visant à dénoncer et faire reculer la mafia.
6 À faire des proposition afin de se doter d'outils juridiques performants pour combattre la mafia.
-Constituer le délit d'association mafieuse.
- Saisie conservatoire des biens des mafieux et de leurs complices, puis distribution à des coopératives après condamnation
-S'assurer d'une solide politique d'aide et de soutien aux collaborateurs de justice (les repentis). Avec des garanties dans les deux sens.
7 À mettre les pouvoirs publics (nationaux ou locaux) face à leurs responsabilités.
8 À se faire les porte-paroles des victimes de pressions ou de violences mafieuses.
9 À se porter, à terme, partie civile dans les procès mafieux.