À Corte, c’est un silence lourd qui a envahi les rues depuis samedi soir. La nouvelle du meurtre de Chloé, 18 ans, s’est répandue rapidement, laissant derrière elle un sentiment d’incompréhension et de sidération. Dans la ville, mais aussi à Venaco, d’où est originaire son père, l’émotion est palpable.
Dès l’annonce du drame, les rideaux de nombreux commerces se sont abaissés. « Dès que nous avons appris le drame qui venait de se jouer à Ponte-Leccia, nous avons fermé le bar, comme tous les cafetiers et restaurateurs de la ville. Mais nous ne savons pas comment les aider. Il n’y a pas de mots qui puissent apporter à Cathy et Sébastien un quelconque réconfort. Leur fille n’est plus là. C’est une catastrophe », confie Sébastien Balducchi, gérant du Café Riche et proche ami des parents de Chloé.
À ses côtés, d’autres amis, voisins et commerçants tentent d’apporter un soutien discret à la famille. Devant la boutique pour enfants Little Corte, tenue depuis des années par Cathy Aldrovandi, un simple brin de mimosa a été déposé en signe de solidarité. « Tout le monde connaissait Cathy et Chloé. Nous avons vu cette jeune fille grandir, elle était toujours souriante, toujours présente au magasin avec sa mère ou sur le pas de la porte », témoigne Catali Acquaviva, présidente de la Fédération des Commerçants et Artisans de Corte.
Un climat d’inquiétude grandissant
Présent depuis les premières heures aux côtés des parents de Chloé, le maire de Corte, le docteur Xavier Poli, décrit une ville sous le choc. « La communauté cortenaise et, au-delà, toute la région est sidérée par ce drame d’une horreur indicible. Avant tout, il faut être aux côtés de la famille de Chloé et de ses proches pour les entourer de notre soutien et de notre affection », confie-t-il. Le maire, qui connaît personnellement la famille, souligne l’ampleur de l’émotion collective. « Chloé était une enfant de Corte. Tout le monde la connaissait ici, tout le monde la voyait. Ce drame touche profondément notre communauté. »
Au-delà de l’émotion, le drame suscite aussi une inquiétude profonde. À Venaco, le maire David Pifferini décrit un climat pesant. « Une sorte de psychose s’est installée. Les parents sont inquiets pour leurs enfants, au point qu’ils leur demandent de rester à la maison et de ne pas se rendre à Corte ces jours-ci. On sent que les gens sont très affectés par ce drame terrible, et ils ont peur pour leurs enfants. » Il exprime aussi son souhait de voir émerger une prise de conscience. « En parler, c’est bien, mais aujourd’hui il faut des actes forts. Nos élus régionaux sont conscients de la situation, mais ont-ils les moyens d’agir rapidement avec la justice ? Il faut arrêter de parler et faire quelque chose, en allant jusqu’au bout. »
Dans un communiqué, l’équipe du Cyrnéa Bar a exprimé sa solidarité avec la famille de Chloé, se disant « plongée dans une stupeur et un chagrin sans nom » après le drame. En signe de soutien, l’établissement a annoncé la suspension de toutes ses soirées à thème. « Que ces horreurs cessent, pour qu’aucune autre famille n’ait à traverser une telle épreuve », conclut le message.
Une ville qui suspend son souffle
Dans le milieu associatif aussi, la douleur est immense. Thierry Galeazzi, président du Moto Club Cortenais, se dit horrifié. « Sébastien vivait pour sa fille. Lorsqu’il venait s’entraîner ou participer aux compétitions, ce n’était pas son nom qu’il portait sur son maillot, mais celui de Chloé, comme sur son casque et sa moto. J’espère qu’ils trouveront un jour la force de s’accrocher à la vie pour obtenir la vérité et savoir qui a pu enlever la vie à leur fille unique. »
En signe de deuil, plusieurs établissements, comme le Cyrnéa Bar, ont annoncé l’annulation de leurs événements. « La direction et toute l’équipe du Cyrnéa Bar se joignent à la douleur de la famille de Chloé. Nous suspendons toutes nos soirées à thème en signe de solidarité », indique un communiqué publié par l’établissement.