Trop de voitures et une unique voie d'accès
Nul ne le contestera : les abords du stade ne sont plus adaptés à l'affluence grandissante qui se déplace pour voir jouer les turchini. La bien nommée route du stade est l'unique voie d'accès routière pour rejoindre l'enceinte et les parkings. Coupée par la voie ferrée au niveau d'un virage, ce chemin emprunté par les automobilistes a le défaut de n'être constitué que d'une seule voie de circulation pour chaque sens, ce qui ralentit considérablement le trafic et favorise les embouteillages sur la route territoriale 11 rattachée à son extrémité. Dans un effet boule de neige, les problèmes rencontrés sur la route du stade se répercutent sur l'un des tronçons principaux pour qui souhaite aller du nord au sud de l'île.
De par cette configuration singulière, qui n'a pas évolué depuis des années, la situation aux abords du stade peut devenir source de dangers, aussi bien pour les spectateurs qui, faute de places proches, longent voire traversent la voie rapide pour rejoindre Armand-Cesari, que pour les automobilistes sommés de redoubler de vigilance dans ce secteur congestionné. Les parkings du Sporting, sous-dimensionnés par rapport au nombre de véhicules transportant des supporters, incitent ces derniers à multiplier les stationnements gênants. Ces comportements risqués pour venir voir leur équipe jouer emportent avec eux leur lot de paradoxe. Les jours de matchs, les automobilistes savent qu'il sera compliqué de trouver une place de stationnement et que les embouteillages pour quitter le secteur de Furiani seront interminables à cause des voitures mal garées qui gênent la fluidité du trafic. Par conséquent, pour gagner quelques minutes au moment de rentrer chez eux, certains n'hésitent pas à se garer de façon anarchique, le long de la voie rapide, voire même à cheval sur le rond-point, quitte à faire partie du problème qu'ils tentent eux-mêmes de fuir.
La police nationale, réquisitionnée et rémunérée par le club durant les jours de match, met en place des barrages filtrants et incite automobilistes et supporters à redoubler de vigilance lors du passage du tronçon autoroutier. En temps normal, elle devrait également verbaliser les comportements dangereux, mais les agents affichent une certaine tolérance au niveau du stationnement difficile aux abords du stade, raison pour laquelle les voitures sont souvent garées le long de route territoriale 11.
La Communauté d'agglomération de Bastia est bien consciente de ce problème qu'elle déplore. Si dans l'immédiat, aucune modification d'accès au stade n'est prévue sur le plan autoroutier, elle assure néanmoins que les parkings sont accessibles et que le réseau de trains et de bus a été mis en place pour rendre l'accès au stade le plus facile possible. Un partenariat a d'ailleurs été noué dans ce sens avec les Chemins de fer de la Corse pour que des navettes soient affrétées les jours de match (voir encadré), dans le but de pouvoir, à terme, désengorger le trafic routier à Furiani.
Des navettes en train à partir du printemps
Pour les premières navettes, les CFC souhaitent pouvoir acheminer 600 spectateurs (300 de chaque côté), mais « cela pourra évoluer dans le temps en fonction de la popularité du dispositif », ajoute Jacques Chibaudel. Pour l’heure, les Chemins de Fer de la Corse sont toujours en pourparlers avec la communauté d’agglomération de Bastia et le Sporting pour déterminer un tarif spécifique qui convienne aussi bien aux abonnés qu'aux visiteurs occasionnels.
Un projet similaire, porté cette fois-ci par la Communauté d’agglomération du pays ajaccien (CAPA), devrait également voir le jour pour pouvoir transporter les supporter de l’ACA. « Pour l’instant, le projet est en cours. Nous n’avons pas encore d’idée précise sur le délai, mais tout a déjà été acté et le budget est prêt. La création de l’entrecroisement du Ricanto devrait se faire courant 2024, sans compter les aménagements à faire pour rejoindre le stade, mais nous pouvons espérer une mise en service de la navette pour la fin de l’année 2024 », indique Jacques Chibaudel.
Un dispositif bien huilé à l'intérieur du stade
Des rôles bien définis
La sécurisation du stade de Furiani se divise en deux catégories; la partie intérieure, qui est gérée par l’organisateur de l’évènement, et les abords de l'enceinte, qui sont sous le contrôle de la police nationale, car faisant partie de la voie publique.
Pour gérer les évènements de grande ampleur, la sécurité est gérée bien en amont par les parties prenantes. Autour de la table sont réunis les représentants de la Communauté d’agglomération de Bastia (CAB), propriétaire du stade Armand-Cesari, de la préfecture de Haute-Corse, de la police nationale et du Sporting Club de Bastia, locataire perpétuel de l’enceinte et initiateur de l’évènement. Bien que propriétaire des murs, la CAB n’a aucune autorité sur ce qui se déroule à Armand-Cesari, car « le Sporting est le locataire principal, il est donc responsable de l’évènement qu’il organise et de sa sécurité », indique la direction générale de la Communauté d’agglomération de Bastia. À ce titre, le club travaille avec la préfecture et la police nationale pour assurer le maintien de l'ordre aux abords du stade et dicter la marche à suivre. « Nous avons des réunions de sécurité en fonction de la dangerosité de la rencontre. Si elle est considérée comme un match à risque, nous nous réunissons quinze jours en avance, mais pour une rencontre standard, ce délai est réduit à cinq jours », affirme Jean-Louis Constant, le directeur sécurité-sûreté du Sporting club de Bastia. L’appréciation des risques est déterminée par la Direction nationale de lutte contre le houliganisme, qui possède un référent dans chaque commissariat de police. Son rôle est d’établir une évaluation en fonction du passif et des rivalités entre les deux clubs et leurs supporters.
Une centaine de personnes les jours de match
Une fois que le dispositif adéquat en fonction du nombre de personnes attendues dans le stade, le Sporting s’assure de tout coordonner entre les différents services et de renforcer ses effectifs. « Lors des matchs, nous sommes responsables des personnes et des biens à l’intérieur du stade. En fonction de l’affluence, nous demandons un certain nombre d’agents auprès d’une société de sécurité pour assurer la sûreté de l’accès au stade ainsi que la sécurisation de l’ensemble de l’enceinte, indique Jean-Louis Constant. À cela, il faut ajouter les secouristes qui peuvent intervenir sur la pelouse, en bord de terrain et dans les tribunes ». Lors d’une rencontre de ligue 2 classique, 80 agents sont déployés à Armand-Cesari pour s’assurer que le match se déroule dans des conditions optimales. En prenant en compte les forces de l’ordre postées à l’extérieur, c’est plus d’une centaine de personnes qui sont mobilisées pour maintenir la sécurité des lieux. Toutefois, ce dispositif peut être modulé à la hausse comme à la baisse, si l’affiche du match est prestigieuse ou s’il se joue à huis clos.
La sécurité à l’extérieur du stade assurée par la police nationale se fait aux frais du club. Les fonctionnaires de police sont chargés de mettre en place des barrages filtrants, de gérer le flux autoroutier et de s’assurer de la sécurité des spectateurs qui se rendent à Furiani. En aucun cas, ils ne peuvent intervenir dans l’enceinte du stade sans l’aval Jean-Louis Constant, qui peut faire appel à eux « en fonction du besoin, de la dangerosité ou de l’importance de l’intervention », précise le directeur sécurité-sûreté du Sporting.
L’ensemble du dispositif de sécurité, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’antre du club, se disperse quelques heures après la fin de la rencontre, lorsque les derniers supporters sont rentrés chez eux.