À 56 ans, Stéphanie Simonpieri va se lancer, au mois de juin, dans un défi de taille : traverser le mythique GR20, de Calenzana à Conca. En plein combat contre un cancer du sein, dont la récidive s’est métastasée sur ses os, elle défie sa maladie pour porter un message de résilience et de solidarité. Un engagement fort, pour elle-même, mais aussi pour les autres : ce parcours est aussi un message de solidarité envers les malades, et un geste de soutien à l’association La Marie Do, qui accompagne les personnes atteintes de cancer. “Je sais très bien que la maladie avance et que je n’ai pas trop le temps, c’est pourquoi je me suis lancée ce premier défi”, explique Stéphanie Simonpieri. “En 2020, on me diagnostique un cancer du sein, je subis une ablation et on m’enlève tous les ganglions du bras droit. L’année d’après, je fais une récidive, et le cancer se métastase sur les os. Aujourd’hui, la maladie a pris une avance considérable, et ce n’est pas vraiment encourageant.” Malgré ces épreuves, Stéphanie Simonpieri n’a jamais baissé les bras. “De part les métiers d’ambulancière et de pompier, j’ai vu des choses très dures, que ce soit des personnes malades ou des accidents, donc j’ai tendance à relativiser. Mon état d’esprit, c’est de me dire qu’il y a pire que moi, donc je ne me plaindrai pas. Même à l’annonce de la maladie, je n’ai pas pris de coup de massue, j’ai avancé sans me poser de questions.” C’est pourquoi elle a décidé de se lancer dans ce défi, le premier, parce qu’elle espère “qu’il y en aura d’autres” malgré sa maladie.
Avant d’affronter les sentiers du GR20, Stéphanie Simonpieri s’entraîne quasi quotidiennement à Ponte Leccia. “J’ai des entraînements en salle pratiquement tous les jours, et surtout des randonnées en montagne”, explique-t-elle. “Ce n’est pas facile tous les jours, mais je ne suis pas quelqu’un qui me plains, donc je fais au jour le jour par rapport à mon état de santé. Je veux mettre toutes les chances de mon côté pour arriver jusqu’à Conca.” Cette aventure sera un challenge de taille pour elle, qui doit faire attention à ne pas chuter. “Mon cancer s’est métastasé sur les os, donc il faut que je fasse très attention parce que je n’ai pas droit à la chute. Je sais qu’il y a un risque énorme de chute sur le GR20, mais je suis très prudente, et comme je suis aussi très peureuse, je vais aller doucement. J’ai choisi de faire une étape par jour, et on va mettre en moyenne entre six et huit heures sur chaque étape.” Stéphanie Simonpieri précise qu’elle redoute particulièrement “les quatre premières étapes”. “J’en ai déjà fait deux, donc je sais que ça va être difficile, mais je vais prendre tout mon temps, parce que le but est avant tout d’aller jusqu’au bout. Si j’arrive jusqu’à Conca, ce sera merveilleux.”
La solidarité au cœur du défi
Autour de Stéphanie Simonpieri, c’est toute une chaîne de solidarité qui s’est créée : sa famille, ses amis d’enfance, ses amis rencontrés lorsqu’elle pratiquait le handball ou le rugby, ses anciens entraîneurs, mais aussi ses confrères pompiers, qui vont l’accompagner lors de cette aventure, notamment avec un appui logistique sur certaines étapes, ainsi qu’un suivi du parcours. “Les sapeurs-pompiers, c’est une grande famille”, confie Hyacinthe Vanni, président du Service d’Incendie et de Secours de Haute-Corse. “Quand l’un de nous est touché par la maladie, on est à ses côtés. Stéphanie fait preuve d’un grand courage, et elle montre que même quand on souffre, on peut se surpasser. Ce défi, c’est pour montrer aux gens qui sont dans des situations difficiles qu’on est là pour les aider, on est à leurs côtés.” Stéphanie Simonpieri souligne qu’elle “ne pensait pas que ça allait mobiliser autant de personnes”. “Ça part de ma famille, jusqu’à mes entraîneurs, qui m’ont tellement appris au niveau de l’abnégation et de la résilience. Ils m’ont appris à sortir de ma zone de confort, à avancer, et c’est vraiment une chaîne de solidarité incroyable.”
À travers ce défi, Stéphanie Simonpieri souhaite faire passer un message fort. “Je veux mettre en lumière tous les gens malades, et marcher pour eux, parce que je sais que certains, malgré la volonté, ne peuvent pas faire ce que je fais à cause des traitements lourds. J’aimerais aussi dire aux jeunes de laisser leurs portables et leurs tablettes de côté, et d’aller découvrir nos belles montagnes avec leurs amis.” Traverser le GR20, Stéphanie Simonpieri le fait aussi pour récolter des fonds pour l’association La Marie Do, qui lutte contre le cancer, et qui l’a aidée au début de son parcours contre la maladie. “Le GR20 est déjà un défi sportif en soi, mais quand en plus on est en traitement, ça va être une vraie épreuve, et ça nous touche beaucoup qu’elle ait choisi de relever ce défi au profit de notre association”, déclare Catherine Riera, présidente de La Marie Do. “Stéphanie porte la voix des malades. Elle est un bel exemple de cette solidarité.” Déterminée, Stéphanie Simonpieri est prête à aller jusqu’au bout de ce défi : “Même si j’ai mal, parce que je sais que je vais souffrir, je vais aller jusqu’au bout.”