« L’Acqua hé Nostra ! ». C’est par cette formule choc, qui a la force du symbole, que le conseiller exécutif et président de l’Office d’équipement hydraulique pour la Corse (OEHC), Saveriu Luciani, résume le principe du Plan Acqua Nostra 2050 qui a été adopté, vendredi, à l’Assemblée de Corse. Ce schéma complet d’aménagement hydraulique de la Corse, pensé pour faire face au défi du changement climatique et aux sécheresses à répétition, a pour objectif de définir les grands aménagements hydrauliques qu’il faudra réaliser pour satisfaire l’ensemble des besoins en eau à horizon 2050 ans. Il se veut avant tout un acte politique. « Notre île est en retard. Les divers plans – PEI compris –sont insuffisants pour sécuriser la ressource hydrique. Or, la maîtrise de l’eau est essentielle pour poser les fondements d’une stratégie de développement du territoire et l’inscrire dans un modèle de soutenabilité durable. Nous avions, il y a deux ans, annoncé une feuille de route pour répondre à ce défi. Nous la présentons aujourd’hui avec une démarche cohérente, territoriale, phasée sur les 30 prochaines années. En même temps, avec le Comité de Bassin, nous avançons sur la mise en œuvre du Plan de Bassin d’adaptation au changement climatique (PBACC) et du SDAGE. Ce plan Acqua Nostra 2050 constitue certainement l’un des chantiers majeurs de la Corse ».
Un projet ambitieux
Un chantier structurant et ambitieux de 600 millions € sur 30 ans que le président Luciani qualifie de « rupture » avec « la préhistoire de l’aménagement hydraulique mené par la SOMIVAC » et « le coup par coup » des politiques antérieures. « Il trace une perspective claire, pensée par les Corses et au service de la Corse et inaugure une vision stratégique. Depuis la fin des années 90, il n’y a eu aucun projet de barrage mais, ici ou là, des réponses ponctuelles, dictées par les conjonctures locales ne répondant aucunement à une stratégie planifiée dans le temps, mais davantage à une tactique aléatoire. L’aménagement du territoire hydraulique doit répondre davantage et logiquement aux enjeux du futur. Pour cela, il faut remplacer l’actuelle gestion hydraulique inter-saisonnière par une gestion interannuelle, comme en Sardaigne par exemple ». La Corse est, aujourd’hui, contrainte de remplir ses stocks en hiver, de les déstocker en été pour répondre aux besoins, et d'impérativement les reconstituer l’hiver suivant pour faire face à la saison estivale qui s’enchaîne. Un indicateur particulièrement révélateur est la capacité de stockage par habitant : 322 m3 en Corse - la même valeur que dans les années 80 - contre 1100 m3 pour la Sardaigne, soit quatre fois plus. « Il faut se préparer à gérer comme les Sardes deux années de sécheresses consécutives, sans quoi on est en danger de mort ! Cela permettra notamment le doublement des surfaces irriguées de production agricole en Corse ».
Un projet ambitieux
Un chantier structurant et ambitieux de 600 millions € sur 30 ans que le président Luciani qualifie de « rupture » avec « la préhistoire de l’aménagement hydraulique mené par la SOMIVAC » et « le coup par coup » des politiques antérieures. « Il trace une perspective claire, pensée par les Corses et au service de la Corse et inaugure une vision stratégique. Depuis la fin des années 90, il n’y a eu aucun projet de barrage mais, ici ou là, des réponses ponctuelles, dictées par les conjonctures locales ne répondant aucunement à une stratégie planifiée dans le temps, mais davantage à une tactique aléatoire. L’aménagement du territoire hydraulique doit répondre davantage et logiquement aux enjeux du futur. Pour cela, il faut remplacer l’actuelle gestion hydraulique inter-saisonnière par une gestion interannuelle, comme en Sardaigne par exemple ». La Corse est, aujourd’hui, contrainte de remplir ses stocks en hiver, de les déstocker en été pour répondre aux besoins, et d'impérativement les reconstituer l’hiver suivant pour faire face à la saison estivale qui s’enchaîne. Un indicateur particulièrement révélateur est la capacité de stockage par habitant : 322 m3 en Corse - la même valeur que dans les années 80 - contre 1100 m3 pour la Sardaigne, soit quatre fois plus. « Il faut se préparer à gérer comme les Sardes deux années de sécheresses consécutives, sans quoi on est en danger de mort ! Cela permettra notamment le doublement des surfaces irriguées de production agricole en Corse ».
Le président Saveriu Lucciani entouré de Vincent Pianelli, Camille Ceccaldi, Maryline Casabianca et le directeur Ange De Cicco.
Made in Corsica
Ce qui rend très fier le président de l’Office hydraulique, c’est que l’intégralité de cette étude a été réalisée en interne par ses agents : « Un travail made in Corsica qui pèse 300 000 €. C’est assez rare pour être souligné ». Ce sont d’ailleurs ses services, par les voix, toutes féminines, de Maryline Casabianca, chef du service Ingénierie, et de Camille Ceccaldi, chef de l’unité hydro-climatique, qui ont présenté le Plan dans l’hémicycle, de manière détaillée et pédagogique. Le travail a commencé par un état des lieux de la disponibilité des stocks et des besoins pour les populations, l’agriculture et les périodes de forte fréquentation touristique. « Ces besoins ont été évalués à 111,5 millions de m3 avec une partie Eau potable, une partie Eau brute agricole et une partie Eau d’agrément, regroupant les particuliers qui ont accès à l’eau brute pour le lavage ou l’arrosage des jardins. Les infrastructures existantes sont capables de satisfaire les besoins actuels qui sont estimés à 82 millions de m3. Nous n’avons jamais été confrontés à des problèmes de pénurie. Mais, l’augmentation projetée sur 30 ans est de 36 % », explique Maryline Casabianca. Tablant sur une population de 400 000 habitants d’ici à 30 ans et une augmentation de 68% des nuitées touristiques, l’OEHC a fait une estimation de l’évolution annuelle des besoins : 26% en eau potable pour une consommation de 200 litres par jour, et 39% pour l’eau brute agricole. Le diagnostic prend également en compte des données climatiques : une hausse des températures de 1,6% et de l’évapotranspiration, une baisse de 20% des précipitations et de 18% des débits moyens des cours d’eau. « Il faut pour satisfaire la demande penser, concevoir et réaliser d’autres infrastructures hydrauliques ». En un mot : augmenter le stockage.
Une sécheresse à craindre
Les situations sont très différentes selon les secteurs considérés. Quatre microrégions sont particulièrement vulnérables : la Balagne, le Cap Corse, l’agglomération bastiaise et Porto-Vecchio. « Sur certains secteurs, nous avons simulé des scénarii de deux années de sécheresse consécutives et regardé ce qui se passait. Le scénario d’une année type 2017 où l’été hydrologique a été extrêmement sec, la chance a voulu qu’il soit suivi d’un hiver producteur. Le scénario d’un été de sécheresse, suivi d’un hiver sec, et d’une deuxième année identique hydrologiquement. Imaginer deux années de sécheresse consécutives ne relève pas de la fiction ! On s’attend dans les 10 ou 15 ans à ce type de scénario. Nous avons regardé si nos infrastructures actuelles sur chacun des secteurs étudiés étaient capables ou pas d’y répondre », précise l’ingénieur en chef. 45% des besoins identifiés se situent, sans surprise, en Plaine Orientale. « On sait déjà que sur certains secteurs, les ressources disponibles et les infrastructures existantes permettront de répondre à l’évolution des besoins. Ce n’est pas le cas dans d’autres secteurs qui seront confrontés à des problématiques relativement immédiates à l’échelle de la réalisation d’un ouvrage hydraulique. C’est-à-dire que dans dix ans si, dans ces secteurs, nous n’avons pas été capables d’augmenter la capacité de stockage disponible, la satisfaction des besoins sera compromise ».
Ce qui rend très fier le président de l’Office hydraulique, c’est que l’intégralité de cette étude a été réalisée en interne par ses agents : « Un travail made in Corsica qui pèse 300 000 €. C’est assez rare pour être souligné ». Ce sont d’ailleurs ses services, par les voix, toutes féminines, de Maryline Casabianca, chef du service Ingénierie, et de Camille Ceccaldi, chef de l’unité hydro-climatique, qui ont présenté le Plan dans l’hémicycle, de manière détaillée et pédagogique. Le travail a commencé par un état des lieux de la disponibilité des stocks et des besoins pour les populations, l’agriculture et les périodes de forte fréquentation touristique. « Ces besoins ont été évalués à 111,5 millions de m3 avec une partie Eau potable, une partie Eau brute agricole et une partie Eau d’agrément, regroupant les particuliers qui ont accès à l’eau brute pour le lavage ou l’arrosage des jardins. Les infrastructures existantes sont capables de satisfaire les besoins actuels qui sont estimés à 82 millions de m3. Nous n’avons jamais été confrontés à des problèmes de pénurie. Mais, l’augmentation projetée sur 30 ans est de 36 % », explique Maryline Casabianca. Tablant sur une population de 400 000 habitants d’ici à 30 ans et une augmentation de 68% des nuitées touristiques, l’OEHC a fait une estimation de l’évolution annuelle des besoins : 26% en eau potable pour une consommation de 200 litres par jour, et 39% pour l’eau brute agricole. Le diagnostic prend également en compte des données climatiques : une hausse des températures de 1,6% et de l’évapotranspiration, une baisse de 20% des précipitations et de 18% des débits moyens des cours d’eau. « Il faut pour satisfaire la demande penser, concevoir et réaliser d’autres infrastructures hydrauliques ». En un mot : augmenter le stockage.
Une sécheresse à craindre
Les situations sont très différentes selon les secteurs considérés. Quatre microrégions sont particulièrement vulnérables : la Balagne, le Cap Corse, l’agglomération bastiaise et Porto-Vecchio. « Sur certains secteurs, nous avons simulé des scénarii de deux années de sécheresse consécutives et regardé ce qui se passait. Le scénario d’une année type 2017 où l’été hydrologique a été extrêmement sec, la chance a voulu qu’il soit suivi d’un hiver producteur. Le scénario d’un été de sécheresse, suivi d’un hiver sec, et d’une deuxième année identique hydrologiquement. Imaginer deux années de sécheresse consécutives ne relève pas de la fiction ! On s’attend dans les 10 ou 15 ans à ce type de scénario. Nous avons regardé si nos infrastructures actuelles sur chacun des secteurs étudiés étaient capables ou pas d’y répondre », précise l’ingénieur en chef. 45% des besoins identifiés se situent, sans surprise, en Plaine Orientale. « On sait déjà que sur certains secteurs, les ressources disponibles et les infrastructures existantes permettront de répondre à l’évolution des besoins. Ce n’est pas le cas dans d’autres secteurs qui seront confrontés à des problématiques relativement immédiates à l’échelle de la réalisation d’un ouvrage hydraulique. C’est-à-dire que dans dix ans si, dans ces secteurs, nous n’avons pas été capables d’augmenter la capacité de stockage disponible, la satisfaction des besoins sera compromise ».
Des actions stratégiques
Comment y répondre ? L’OEHC a déjà œuvré en la matière en commençant à construire ce que Saveriu Luciani appelle : « Les routes de l’eau » qu’Acqua Nostra reprend pour définir des actions stratégiques. La première action est le transfert de ressources. « Nous disposons de secteurs excédentaires en termes de ressources, où les reliquats de stocks en fin d’irrigation sont conséquents alors que sur d’autres secteurs, ils sont quasi-nuls. C’est pourquoi nous avons mis en place le sur-presseur de Taglio-Isolaccio. Ce type d’aménagements, complété par le renforcement de canalisations, permet de transférer de la ressource d’un secteur qui est excédentaire – ici le Golu - à un secteur qui est déficitaire. Ce transfert de 3 à 4 millions de m3 évite la construction d’un stockage. Mettre en place un sur-presseur et re-dimentionner des conduits peut se faire très rapidement, à horizon 5 ans », indique Maryline Casabianca. D’autres actions stratégiques passent par la sollicitation de nouvelles ressources et une augmentation des capacités de prélèvement instantané : « Il faut qu’on soit capable de prélever mieux au moment où la ressource est disponible ». Ou encore une adaptation des valeurs de débit réservé réglementaire « qui ne sont plus en adaptation avec la réalité hydrologique de nos cours d’eau ».
La rehausse des barrages
Une des actions majeures est l’augmentation de 90 % des niveaux de stockage par la rehausse des barrages existants et par la création de nouveaux barrages ou de retenues collinaires pour disposer de 40 millions de m3 supplémentaires. « Sur plusieurs ouvrages, nous devons mener d’importants travaux de maintenance et de mise en conformité règlementaire qui sont imposés par un arrêté ministériel de 2018 et qui sont liés à la capacité d’évacuation des crues de nos barrages. Nous allons profiter de ces travaux, qui doivent être menés avant le 31 décembre 2025, pour rehausser certains de nos ouvrages. Ce serait dommage d’investir plusieurs millions, parfois des dizaines de millions d’euros, sans en profiter pour augmenter les stocks ». Quels barrages sont concernés ? « Par exemple, le barrage d’Alisgianu sur lequel nous envisageons d’augmenter les stocks d’1,5 million de m3. Le barrage de Figari avec une rehausse de 1 à 1,5 million de m3. Et même le barrage des Codole en Balagne avec une augmentation d’un peu moins d’un million de m3 ». Mais, sur certains secteurs, cela ne suffira pas, même à horizon de 10 ans, aussi le Plan programme-t-il la construction de retenues d'eau. « Par exemple, sur le secteur du Sud-Est di a Piaghja Urientale pour les besoins agricoles ».
Comment y répondre ? L’OEHC a déjà œuvré en la matière en commençant à construire ce que Saveriu Luciani appelle : « Les routes de l’eau » qu’Acqua Nostra reprend pour définir des actions stratégiques. La première action est le transfert de ressources. « Nous disposons de secteurs excédentaires en termes de ressources, où les reliquats de stocks en fin d’irrigation sont conséquents alors que sur d’autres secteurs, ils sont quasi-nuls. C’est pourquoi nous avons mis en place le sur-presseur de Taglio-Isolaccio. Ce type d’aménagements, complété par le renforcement de canalisations, permet de transférer de la ressource d’un secteur qui est excédentaire – ici le Golu - à un secteur qui est déficitaire. Ce transfert de 3 à 4 millions de m3 évite la construction d’un stockage. Mettre en place un sur-presseur et re-dimentionner des conduits peut se faire très rapidement, à horizon 5 ans », indique Maryline Casabianca. D’autres actions stratégiques passent par la sollicitation de nouvelles ressources et une augmentation des capacités de prélèvement instantané : « Il faut qu’on soit capable de prélever mieux au moment où la ressource est disponible ». Ou encore une adaptation des valeurs de débit réservé réglementaire « qui ne sont plus en adaptation avec la réalité hydrologique de nos cours d’eau ».
La rehausse des barrages
Une des actions majeures est l’augmentation de 90 % des niveaux de stockage par la rehausse des barrages existants et par la création de nouveaux barrages ou de retenues collinaires pour disposer de 40 millions de m3 supplémentaires. « Sur plusieurs ouvrages, nous devons mener d’importants travaux de maintenance et de mise en conformité règlementaire qui sont imposés par un arrêté ministériel de 2018 et qui sont liés à la capacité d’évacuation des crues de nos barrages. Nous allons profiter de ces travaux, qui doivent être menés avant le 31 décembre 2025, pour rehausser certains de nos ouvrages. Ce serait dommage d’investir plusieurs millions, parfois des dizaines de millions d’euros, sans en profiter pour augmenter les stocks ». Quels barrages sont concernés ? « Par exemple, le barrage d’Alisgianu sur lequel nous envisageons d’augmenter les stocks d’1,5 million de m3. Le barrage de Figari avec une rehausse de 1 à 1,5 million de m3. Et même le barrage des Codole en Balagne avec une augmentation d’un peu moins d’un million de m3 ». Mais, sur certains secteurs, cela ne suffira pas, même à horizon de 10 ans, aussi le Plan programme-t-il la construction de retenues d'eau. « Par exemple, sur le secteur du Sud-Est di a Piaghja Urientale pour les besoins agricoles ».
Quatre phases et huit territoires
Le plan Acqua Nostra propose, enfin, un phasage des réalisations. « Une phase immédiate 2020-2222 concerne des projets d’ores et déjà étudiés et financés dont certains sont déjà en cours de réalisation. Une phase à court terme 2020-2225 avec la mise en conformité des barrages et leur rehausse, la réalisation des conduites de transfert et d’extension, et l’étude de grands projets. Une phase à moyen terme 2020-2030 avec la poursuite des transferts, la réalisation de nouveaux prélèvements et de nouveaux stockages. Une phase à plus long terme 2020-2040-2050 avec la réalisation de grands ouvrages et l’alimentation de nouveaux périmètres. C’est un grand chantier qui conviendra de mener avec l’ensemble des partenaires : l’Etat, l’Agence de l’eau, EDF, la Collectivité de Corse et les EPCI », conclut Maryline Casabianca. A la suite, Camille Ceccaldi détaille les propositions d’aménagements sur les huit secteurs définis, à savoir Nebbiu, Balagna, Piaghja Urientale, Purtivechjacciu, Sartinese-Valincu, Rughjone Aiaccinu, Capicorsu et Punente. Seul point d’incertitude : le financement. « Ce Plan à 600 millions € s’inscrit dans une continuité, celle du PEI, du futur PTIC et d’une probable Programmation pluriannuelle d’investissement à hauteur de 450 millions €. La moitié des sommes à engager devrait intervenir à partir de 2030 », avertit Saveriu Luciani.
Un combat pour la survie
L’hémicycle salue en cœur et d’une même voix « le travail colossal effectué par l’Office hydraulique » pour reprendre les mots de Jean-Martin Mondoloni. L’opposition émet quelques inquiétudes sur le financement et la construction de nouveaux barrages. « Nous avons une préférence pour les retenues collinaires », prévient le président du groupe Per L’Avvene. « « Ce Schéma directeur de l’eau brille d’autant plus que d’autres brillent par leur absence, par exemple un Schéma directeur des routes qui, paraît-il est en cours, mais on finit la mandature sans l’avoir. C’est un document de bonne facture, de qualité, indispensable, mais à minima. Là ou ça fait mal, c’est comment financer ces 600 millions € ? L’eau fait partie des grands enjeux qui nécessitent des discussions avec l’Etat », appuie François-Xavier Ceccoli, élu du groupe La Corse dans la République. « On ne peut pas nous opposer le problème des moyens financiers en préalable. Aujourd’hui, on met 100 millions € par an sur les routes, en 30 ans, cela fait 3 milliards ! Acqua Nostra en demande 600 millions sur 30 ans ! » répond Saveriu Luciani. « On est dans un changement de paradigme. On n’est déjà plus dans un climat méditerranéen, mais dans une perspective de guerre de l’eau dont il ne faut pas oublier l’impact social. Le combat aujourd’hui, ce n’est pas de savoir ce qu’on va saupoudrer, mais de savoir comment on va survivre ! ».
C’est finalement sous les applaudissements que le Plan Acqua Nostra 2050 a été adopté à l’unanimité des présents.
N.M.
Le plan Acqua Nostra propose, enfin, un phasage des réalisations. « Une phase immédiate 2020-2222 concerne des projets d’ores et déjà étudiés et financés dont certains sont déjà en cours de réalisation. Une phase à court terme 2020-2225 avec la mise en conformité des barrages et leur rehausse, la réalisation des conduites de transfert et d’extension, et l’étude de grands projets. Une phase à moyen terme 2020-2030 avec la poursuite des transferts, la réalisation de nouveaux prélèvements et de nouveaux stockages. Une phase à plus long terme 2020-2040-2050 avec la réalisation de grands ouvrages et l’alimentation de nouveaux périmètres. C’est un grand chantier qui conviendra de mener avec l’ensemble des partenaires : l’Etat, l’Agence de l’eau, EDF, la Collectivité de Corse et les EPCI », conclut Maryline Casabianca. A la suite, Camille Ceccaldi détaille les propositions d’aménagements sur les huit secteurs définis, à savoir Nebbiu, Balagna, Piaghja Urientale, Purtivechjacciu, Sartinese-Valincu, Rughjone Aiaccinu, Capicorsu et Punente. Seul point d’incertitude : le financement. « Ce Plan à 600 millions € s’inscrit dans une continuité, celle du PEI, du futur PTIC et d’une probable Programmation pluriannuelle d’investissement à hauteur de 450 millions €. La moitié des sommes à engager devrait intervenir à partir de 2030 », avertit Saveriu Luciani.
Un combat pour la survie
L’hémicycle salue en cœur et d’une même voix « le travail colossal effectué par l’Office hydraulique » pour reprendre les mots de Jean-Martin Mondoloni. L’opposition émet quelques inquiétudes sur le financement et la construction de nouveaux barrages. « Nous avons une préférence pour les retenues collinaires », prévient le président du groupe Per L’Avvene. « « Ce Schéma directeur de l’eau brille d’autant plus que d’autres brillent par leur absence, par exemple un Schéma directeur des routes qui, paraît-il est en cours, mais on finit la mandature sans l’avoir. C’est un document de bonne facture, de qualité, indispensable, mais à minima. Là ou ça fait mal, c’est comment financer ces 600 millions € ? L’eau fait partie des grands enjeux qui nécessitent des discussions avec l’Etat », appuie François-Xavier Ceccoli, élu du groupe La Corse dans la République. « On ne peut pas nous opposer le problème des moyens financiers en préalable. Aujourd’hui, on met 100 millions € par an sur les routes, en 30 ans, cela fait 3 milliards ! Acqua Nostra en demande 600 millions sur 30 ans ! » répond Saveriu Luciani. « On est dans un changement de paradigme. On n’est déjà plus dans un climat méditerranéen, mais dans une perspective de guerre de l’eau dont il ne faut pas oublier l’impact social. Le combat aujourd’hui, ce n’est pas de savoir ce qu’on va saupoudrer, mais de savoir comment on va survivre ! ».
C’est finalement sous les applaudissements que le Plan Acqua Nostra 2050 a été adopté à l’unanimité des présents.
N.M.