La Chambre d’agriculture de Haute-Corse et la Chambre d’agriculture de Corse ont organisé la première rencontre agricole Corse-Israël
Frédéric Joseph Bianchi est président de l’association Terra Eretz Corsica Israël, créée en 2017. « Eretz, c’est la terre, en hébreu, précise-t-il. Nous lui avons donné ce nom parce que les Corses et les Israéliens ont un rapport similaire à la terre, et qu’en Corse comme en Israël, nous n’avons jamais réussi à maîtriser notre destin sur notre propre terre – même si les Israéliens ont fini par y parvenir ». Depuis 3 ans, il avait le projet d’organiser un rapprochement dans le secteur agricole. « Mon objectif est de contribuer au développement économique de la Corse en tissant des liens avec d’autres pays : on apprend toujours des autres. Et à mes yeux d’ancien salarié de la Chambre, c’était dans le domaine agricole que l’on pouvait trouver le plus de convergences, de synergies, avec Israël. D’autant que l’agriculture est un secteur économique important pour nous : une alternative au tourisme. ». La première visite officielle d’un représentant israélien en Corse, à laquelle il a contribué, lui a offert l’occasion de concrétiser ce projet, monté en partenariat avec la Chambre d’Agriculture et l’Ambassade israélienne en France.
Israël, la “start-up nation”
« Nous attendons beaucoup de cet échange, politiquement, économiquement et culturellement, a insisté le Président de la Chambre d’Agriculture, soulignant l’opportunité ainsi offerte de sortir du cadre européen. Il nous aura fallu ce contact avec Israël pour être reconnus dans notre dimension agricole ! »
Contribuer au développement économique de la Corse
Certes, Israël et la Corse ne travaillent pas à la même échelle : la Corse compte 2810 exploitations agricoles, comme l’a rappelé la Directrice de la Chambre dans le tableau très complet qu’elle a brossé de l’agriculture insulaire, quand Israël en dénombre 14000. Il faut mettre en regard les 250 millions d’euros générés par les productions corses et les 9,2 milliards de dollars des israéliennes. Mais les contraintes qui pèsent sur le monde agricole israélien s’apparentent, en plus accentuée, à celles que nous rencontrons : zones arides ou semi-arides couvrant les 2/3 du pays, pénurie d’eau, de main d’œuvre, marchés géographiquement éloignés, baisse régulière de l’aide agricole. Elles ont poussé Israël à miser sur les technologies innovantes, en investissant fortement dans la Recherche et le Développement. Avec ses 650 start-up impliquées dans la production agricole et ses 280 entreprises liées à l’agro-technologie, Israël se définit comme une “start-up nation”. Et c’est sans doute là que l’expérience d’Israël peut être la plus utile à la Corse, notamment dans le domaine de la gestion de l’eau où cet État est véritablement en pointe.
Au moment où les conséquences probables du réchauffement climatique nous imposent de modifier nos pratiques, pourquoi ne pas nous inspirer de ce qui se fait de mieux en la matière autour de la Méditerranée et dans le monde ?
“Transformer un obstacle en ressource”
Dans ce pays où la quantité d’eau de pluie annuelle représente à peine plus de la moitié de l’eau consommée, il fallait en effet trouver des solutions. Israël a misé sur le recyclage de l’eau – il détient le record mondial de la réutilisation des eaux recyclées – puis, dès 1995, sur la désalinisation.
Aujourd’hui, l’agriculture qui représente 50 % de l’eau consommée, utilise ainsi 60 % d’eau recyclée. Enfin grâce aux techniques de l’agriculture de précision – imagerie thermique, goutte à goutte, intelligence artificielle, cultures sous filets, projets qui s’appuient sur les mesures transmises par le satellite Vénus, …– le pays a réussi à stabiliser la quantité d’eau consommée malgré la croissance de sa production agricole sur les 50 dernières années. Les technologies développées par l’entreprise Agrinoze, qui intervenait en visioconférence, ont par exemple permis, grâce à des capteurs souterrains, d’adapter en temps réel, sans intervention humaine, la quantité d’eau et d’engrais distribués aux plantes : là où ces techniques sont mises en œuvre, la productivité a augmenté jusqu’à 300 ou 400 %, avec une accélération des cycles de production, et une économie d’eau qui peut aller jusqu’à 50 %. De surcroît, l’utilisation d’eau recyclée permet de réduire les quantités d’engrais, voire de les supprimer.
Relever les défis économiques et environnementaux
« Nous avons beaucoup à apprendre et nous espérons développer des partenariats avec vous, nous inspirer de ce que vous faites » a commenté le représentant de l’Office hydraulique. Le maire de Vescovato a également souligné l’intérêt, pour les acteurs de l’aménagement du territoire, d’imaginer de nouveaux concepts pour préserver notre ressource, lorsqu’ils envisagent de nouvelles stations d’épuration. A tout point de vue, la Corse peut s’inspirer de l’exemple d’Israël. « Nous aussi nous avons des difficultés, des relations compliquées avec l’État central, avec l’Europe… Mais malgré ça, comme l’État d’Israël, il faut croire en son pays, en son avenir, et foncer, résume Joseph Colombani. Miser sur notre jeunesse ». En écho, les réussites de Stella Mare, présentées par Jean-José Filippi, ingénieur en aquaculture, ont témoigné, au cours de cette demi-journée, de la capacité de la Corse à relever les défis à la fois économiques et environnementaux.
Et la suite ?
Les participants ont affirmé leur volonté de poursuivre ces échanges par la mise en œuvre de projets concrets, de part et d’autre de la Méditerranée. D’ores et déjà, en réponse à l’invitation formulée par le Ministre israélien, la Chambre d’Agriculture a annoncé qu’elle serait présente au Salon annuel d’agro-technologie organisé par Israël en 2022. En retour, le Président de la Chambre a convié les représentants israéliens au second salon Agri’sgiani : un salon ouvert au public dont la première édition qui aura lieu le week-end des 4 et 5 décembre s’articule opportunément autour de la thématique du réchauffement thématique.
La visite officielle d’un représentant de l’État d’Israël en Corse est une première historique. La délégation est allée à la rencontre des communautés juives d’Aiacciu et de Bastia. Elle a été reçue par Marie-Antoinette Maupertuis, Présidente de l’Assemblée, Gilles Simeoni, Président de l’exécutif, ainsi que par les maires d’Aiacciu et de Bastia.
Israël, la “start-up nation”
« Nous attendons beaucoup de cet échange, politiquement, économiquement et culturellement, a insisté le Président de la Chambre d’Agriculture, soulignant l’opportunité ainsi offerte de sortir du cadre européen. Il nous aura fallu ce contact avec Israël pour être reconnus dans notre dimension agricole ! »
Contribuer au développement économique de la Corse
Certes, Israël et la Corse ne travaillent pas à la même échelle : la Corse compte 2810 exploitations agricoles, comme l’a rappelé la Directrice de la Chambre dans le tableau très complet qu’elle a brossé de l’agriculture insulaire, quand Israël en dénombre 14000. Il faut mettre en regard les 250 millions d’euros générés par les productions corses et les 9,2 milliards de dollars des israéliennes. Mais les contraintes qui pèsent sur le monde agricole israélien s’apparentent, en plus accentuée, à celles que nous rencontrons : zones arides ou semi-arides couvrant les 2/3 du pays, pénurie d’eau, de main d’œuvre, marchés géographiquement éloignés, baisse régulière de l’aide agricole. Elles ont poussé Israël à miser sur les technologies innovantes, en investissant fortement dans la Recherche et le Développement. Avec ses 650 start-up impliquées dans la production agricole et ses 280 entreprises liées à l’agro-technologie, Israël se définit comme une “start-up nation”. Et c’est sans doute là que l’expérience d’Israël peut être la plus utile à la Corse, notamment dans le domaine de la gestion de l’eau où cet État est véritablement en pointe.
Au moment où les conséquences probables du réchauffement climatique nous imposent de modifier nos pratiques, pourquoi ne pas nous inspirer de ce qui se fait de mieux en la matière autour de la Méditerranée et dans le monde ?
“Transformer un obstacle en ressource”
Dans ce pays où la quantité d’eau de pluie annuelle représente à peine plus de la moitié de l’eau consommée, il fallait en effet trouver des solutions. Israël a misé sur le recyclage de l’eau – il détient le record mondial de la réutilisation des eaux recyclées – puis, dès 1995, sur la désalinisation.
Aujourd’hui, l’agriculture qui représente 50 % de l’eau consommée, utilise ainsi 60 % d’eau recyclée. Enfin grâce aux techniques de l’agriculture de précision – imagerie thermique, goutte à goutte, intelligence artificielle, cultures sous filets, projets qui s’appuient sur les mesures transmises par le satellite Vénus, …– le pays a réussi à stabiliser la quantité d’eau consommée malgré la croissance de sa production agricole sur les 50 dernières années. Les technologies développées par l’entreprise Agrinoze, qui intervenait en visioconférence, ont par exemple permis, grâce à des capteurs souterrains, d’adapter en temps réel, sans intervention humaine, la quantité d’eau et d’engrais distribués aux plantes : là où ces techniques sont mises en œuvre, la productivité a augmenté jusqu’à 300 ou 400 %, avec une accélération des cycles de production, et une économie d’eau qui peut aller jusqu’à 50 %. De surcroît, l’utilisation d’eau recyclée permet de réduire les quantités d’engrais, voire de les supprimer.
Relever les défis économiques et environnementaux
« Nous avons beaucoup à apprendre et nous espérons développer des partenariats avec vous, nous inspirer de ce que vous faites » a commenté le représentant de l’Office hydraulique. Le maire de Vescovato a également souligné l’intérêt, pour les acteurs de l’aménagement du territoire, d’imaginer de nouveaux concepts pour préserver notre ressource, lorsqu’ils envisagent de nouvelles stations d’épuration. A tout point de vue, la Corse peut s’inspirer de l’exemple d’Israël. « Nous aussi nous avons des difficultés, des relations compliquées avec l’État central, avec l’Europe… Mais malgré ça, comme l’État d’Israël, il faut croire en son pays, en son avenir, et foncer, résume Joseph Colombani. Miser sur notre jeunesse ». En écho, les réussites de Stella Mare, présentées par Jean-José Filippi, ingénieur en aquaculture, ont témoigné, au cours de cette demi-journée, de la capacité de la Corse à relever les défis à la fois économiques et environnementaux.
Et la suite ?
Les participants ont affirmé leur volonté de poursuivre ces échanges par la mise en œuvre de projets concrets, de part et d’autre de la Méditerranée. D’ores et déjà, en réponse à l’invitation formulée par le Ministre israélien, la Chambre d’Agriculture a annoncé qu’elle serait présente au Salon annuel d’agro-technologie organisé par Israël en 2022. En retour, le Président de la Chambre a convié les représentants israéliens au second salon Agri’sgiani : un salon ouvert au public dont la première édition qui aura lieu le week-end des 4 et 5 décembre s’articule opportunément autour de la thématique du réchauffement thématique.
La visite officielle d’un représentant de l’État d’Israël en Corse est une première historique. La délégation est allée à la rencontre des communautés juives d’Aiacciu et de Bastia. Elle a été reçue par Marie-Antoinette Maupertuis, Présidente de l’Assemblée, Gilles Simeoni, Président de l’exécutif, ainsi que par les maires d’Aiacciu et de Bastia.