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Ajaccio : La Madonuccia porte sa bénédiction dans toute la ville


MV Barbieri le Dimanche 16 Mars 2025 à 19:10

C’est une première. Avant même que les célébrations officielles ne débutent, la Madonuccia s’est mise en marche. Ce dimanche, la statue de la Vierge a quitté son emplacement habituel pour parcourir Ajaccio, pour rejoindre ceux qui, les 17 et 18 mars, ne pourront pas venir à elle. Des hôpitaux aux hospices, des quartiers périphériques aux lieux de culte, elle est allée à la rencontre des Ajacciens



Photo Paule Santoni
Photo Paule Santoni

Depuis 1656, Ajaccio honore celle qui, selon la tradition, l’a protégée de la peste. Une promesse qui traverse les siècles et qui, chaque année, rassemble la population autour d’un même rituel : une neuvaine, une messe solennelle et une grande procession à travers la ville. Mais en cette année jubilaire, la tradition s’est inscrite dans une dynamique nouvelle. Sous le thème « Pèlerins de l’espérance », la Madonuccia n’a pas seulement été un point de ralliement pour les fidèles : elle est devenue elle-même une pèlerine, allant au-devant de ceux qui, d’ordinaire, restent en marge de la fête. « Cette année jubilaire est un moment exceptionnel pour notre communauté », souligne l’abbé Constat, vicaire général de l'église de Corse. Les célébrations de la Madonuccia, profondément enracinées dans l’histoire d’Ajaccio, prennent une ampleur particulière avec une diversité de rendez-vous. « Nous avons voulu marquer cet événement en multipliant les occasions de prière et de rassemblement. En plus de la procession du 18 mars, qui reste le temps fort de la fête, la statue de la Vierge a été portée dans les quartiers, les hôpitaux et les lieux de vie, pour rappeler qu’elle est la protectrice de tous », explique-t-il
 

À bord d’un véhicule des pompiers spécialement aménagé, elle a traversé la ville, s’arrêtant à chaque halte pour une prière, un geste de recueillement. Parfois dans la solennité d’une église, parfois au pied d’un immeuble, dans la cour d’un centre de soins ou sur le parvis d’un hôpital. « C’est un geste fort. Il s’agit de rappeler que la Madonuccia protège tous les Ajacciens, où qu’ils soient. Elle va à la rencontre de ceux qui ne peuvent pas toujours venir à elle », souligne l’abbé Constat. Cette démarche, inédite dans l’histoire de la célébration, trouve un écho particulier dans le thème du jubilé 2025 : « Pèlerins de l’espérance ». Un message qui résonne comme un appel à se mettre en marche, à être pèlerins. « Marie est le témoin de l’espérance. Elle nous rappelle que, même dans les moments les plus difficiles, il est possible de se relever et de construire un avenir meilleur », insiste l’abbé Constat.

 


Partout sur son passage, la Madonuccia a rassemblé. Devant les églises et les établissements de soins, des fidèles sont venus se recueillir. Les confréries ont entonné des chants, les passants ont interrompu leur chemin. Derrière le cortège, deux bus transportaient la musique municipale et les pèlerins. Un groupe de motards suivait la statue. À chaque arrêt, une prière était prononcée. Devant la chapelle de Loretto, sur la route des Sanguinaires, dans les quartiers de Biancarello ou Saint-Antoine, la statue s’est arrêtée, offrant aux habitants un moment de recueillement. Mais c’est à l’hospice Eugénie que la ferveur s’est teintée d’une émotion particulière. Sur le parvis, les résidents, certains en fauteuil roulant, attendaient patiemment. Pour eux, cette visite représentait bien plus qu’un simple passage. « L’abbé Constat et le cardinal François Bustillo les ont bénis un à un. Il y avait une intensité rare dans ce moment », confie un confrère.

La musique municipale a accompagné tout au long de la journée la Madonuccia
La musique municipale a accompagné tout au long de la journée la Madonuccia


Tout au long de la journée, la Madonuccia a ainsi parcouru Ajaccio, passant par le Centre de Rééducation du Finosello, l’Hôpital Privé, l’église Saint-Pierre et Saint-Paul, avant de poursuivre son itinéraire vers les quartiers plus éloignés, de Loretto à Castelluccio, en empruntant les grandes artères jusqu’au boulevard Albert 1er et au cours Grandval. À 18h30, la statue a retrouvé la cathédrale où se tenait la messe. Mais l’essentiel était ailleurs : "cette Madonuccia 2025 aura marqué les esprits en donnant une nouvelle dimension à la fête" observe l'abbé Constant. Une démarche qui, au-delà du symbole, rappelle que la ferveur populaire ne s’exprime pas uniquement dans les lieux de culte, mais aussi au plus près des habitants. En quittant son socle pour aller vers les autres," la Madonuccia a incarné le message même du jubilé : une foi en mouvement, un pèlerinage d’espérance."

 


Photos Paule Santoni
Photos Paule Santoni
Un programme dense entre ferveur et tradition
Les célébrations débuteront lundi 17 mars débutera à 12h15 avec une première messe en la cathédrale. À 18h, la méditation du chapelet ouvrira un moment de recueillement collectif, suivi à 18h30 du chant des litanies et d’une messe célébrée en présence des confréries. Cette première journée s’achèvera à 20h30 par le salut au Très Saint-Sacrement, suivi d’une procession aux flambeaux, avant la veillée au pied de la Madonuccia, prévue à 21h15.

Mardi 18 mars, jour de la fête de Notre-Dame de la Miséricorde, dès 8h30, une Messa Nustrale ouvrira la matinée avant l’un des temps forts des célébrations : à 10h30, la messe solennelle du Renouvellement des vœux des Magnifiques Anciens sera présidée par le cardinal Omella, archevêque de Barcelone. La journée se poursuivra avec une messe à 12h15, suivie à 15h30 d’une nouvelle méditation du chapelet.

La grande procession à travers les rues d’Ajaccio est prévue à 16h30. Au fil des étapes – Saint-Érasme, Madonuccia, San Ruchellu, la placette Saint-Roch, la Couronne et Saint-François – les fidèles accompagneront la statue dans une marche ponctuée d’arrêts de prière et d’adoration eucharistique à la cathédrale.

En clôture de cette journée, une dernière messe sera célébrée à 19h15 en mémoire des défunts. Portée par les chants des confréries, elle viendra refermer cette édition 2025 qui, en raison de son caractère jubilaire, s’inscrit dans une dynamique nouvelle. « La Madonuccia est une tradition qui unit les générations, où chacun trouve un sens, entre foi et attachement à l’histoire de la ville », souligne l’abbé Constat. 


Photo Paule Santoni
Photo Paule Santoni