Professeur émérite, agrégé d’histoire, auteur de plusieurs ouvrages, il a réussi le véritable tour de force, grâce à une exceptionnelle capacité de travail, d’assurer simultanément d’importantes responsabilités publiques, et une mission d’enseignement exemplaire.
Ses anciens élèves du lycée Fesch, à qui il avait su communiquer sa passion de l’histoire, se souviennent de l’étendue de ses connaissances, de son aptitude à les faire partager et de l’autorité intellectuelle que lui conférait la qualité de son enseignement. Sa carrière professionnelle s’est achevée à Paris, au lycée Jacques Decour, en 1986.
Les communistes corses et ceux du continent se souviennent également du rayonnement national de « L’école et la nation », la revue mensuelle éditée par le Parti communiste français, dont il a été longtemps le rédacteur en chef. Une publication extrêmement documentée qui faisait autorité dans le domaine scolaire, et dans toutes les disciplines.
Après sa retraite professionnelle, il participa activement, pour les Editions Bordas, à la rédaction de trois manuels scolaires (classes de seconde, première et terminales), aux manuels spécifiques pour le baccalauréat, ainsi qu’au Dictionnaire historique du XXe siècle.
Ses qualités personnelles, son engagement sans réserves au service de la cause qu’il avait choisie aux heures les plus sombres de notre histoire, et la confiance que lui témoignaient ses camarades, l’ont conduit à assumer d’importantes responsabilités au Parti communiste, en Corse et à Paris.
Il a fait partie, de 1957 à 1967, du secrétariat de la fédération de la Corse du Parti communiste français, et il a contribué avec Albert Stefanini, Albert Ferracci, Paul Bungelmi, Pierre Giudicelli, Noël Franchini, Ange Stromboni, et tous les militants de l’époque, à animer les luttes populaires insulaires qui ont marqué les premières mobilisations spécifiques à notre île. Il fut notamment secrétaire général du mouvement du 29 novembre 1959 qui réussit à faire échec au projet d’essais nucléaires dans le massif de l’Argentella, première bataille pour la défense de l’environnement en Corse. Une bataille pour laquelle il avait obtenu le soutien du Commandant Cousteau.
Les brochures publiées par la Fédération communiste, sous sa signature (Le vrai visage du parti bonapartiste, Pour une Corse heureuse dans une France démocratique, préfacée par Albert Ferracci), ont exercé en 1965 et après, une réelle influence dans les débats politiques de l’époque. Une époque où Ange-Marie fut également candidat à différentes élections, tête de liste aux municipales d’Ajaccio en 1965, candidat aux législatives de 1967.
Après sa nomination en région parisienne à partir de 1968, il poursuivra ses activités dans toutes les missions que son parti lui confiera, devenant notamment, de 1971 à 1977, élu à Aulnay-sous-Bois, aux côtés de Robert Ballanger, en qualité d’adjoint au maire chargé des questions scolaires et culturelles.
A son retour en Corse en 1992, il reprit sa place au sein de la direction départementale de la Corse du sud du parti, malgré le lourd handicap qui affectait son acuité visuelle et qui ne fit que s’aggraver avec l’âge. Au point qu’il lui devint impossible de lire et d’écrire… Alors que la lecture et l’écriture avaient été, toute sa vie, ses outils de travail et même ses armes politiques ! Il put compter alors sur le dévouement sans bornes de son épouse Paulette…
Cette infirmité majeure ne l’empêcha pas de faire profiter les jeunes générations de communistes corses de son immense culture et de son expérience politique. Car il conservera jusqu’au bout, les ressources de sa mémoire vive et de ses talents oratoires : les participants à la cérémonie d’inauguration du Collège Paul Bungelmi de Petreto conservent un souvenir ébloui du discours de très haute tenue que, sans l’avoir écrit ou dicté, et sans pouvoir distinguer ses auditeurs, il prononça à cette occasion, le 18 juin 2011, en l’honneur de son vieux compagnon disparu avant lui. Ce fut sa dernière prestation publique.
Au moment où il nous quitte, nous voulons renouveler notre soutien à son épouse, notre camarade Paulette, et à tous ses proches d’Ajaccio, de Bilia, et du continent. Comme nous l’a écrit Leo Micheli, son aîné de deux ans, « c’était un véritable patriote corse et un internationaliste. Inoubliable ! ».
Nous ne l’oublierons pas.
Les deux fédérations corses du Parti communiste français