- Que vous inspire ce prix décerné par l’Assemblée, ex-aequo avec Marie-Jean Vinciguerra ?
- D’abord, je suis très fier d’avoir eu ce prix parce que c’est un prix important de l’Assemblée de Corse pour les gens qui, comme moi, commettent des essais sur la société insulaire. En même temps, c’est un plaisir particulier parce que je l’ai reçu, conjointement, avec Marie-Jean Vinciguerra avec qui j’ai déjà fait pas mal de choses, y compris, récemment.
- Parlez-vous de la préface de votre livre sur Pascal Paoli ?
- Oui. Il a réalisé, pour moi, la préface du Vème volume de la correspondance de Pascal Paoli. Il est, comme moi, un Paoliste bien trempé. Par là, il a voulu donner, pour une fois, une présentation littéraire de cette correspondance et montrer que Pascal Paoli n’était pas seulement un homme d’action, mais aussi un homme qui savait écrire.
- Cette reconnaissance des siens, est-elle importante ?
- Oui. Je suis, malheureusement, très souvent absent de cette île, bien que j’y habite. Je pense qu’aujourd’hui, il est important de mettre en place des partenariats et de partager des savoirs avec des collègues, que ce soit sur le continent ou dans le reste de l’Europe, voire ailleurs. Ces échanges me donnent la capacité de comparer les différentes situations à l’intérieur de l’ensemble européen, les différentes périodes et les différentes sciences. Les colloques, auxquels j’assiste, et j’en ai fait un certain nombre ces derniers temps, sont tous de type pluridisciplinaire, c’est-à-dire qu’ils rassemblent des historiens comme moi, mais aussi des ethnologues, des archéologues, des sociologues, etc. Chacun amène un peu sa pierre à l’édifice du savoir.
- En tant qu’historien, quel regard portez-vous sur la société corse actuelle, sur sa violence et ses maux ?
- La violence est, de toute façon, quelque chose de très dangereux pour notre société et, en même temps, la démonstration, selon la formule de Jérôme Ferrari, que notre société existe et vit. Elle est quelque chose qui détruit et crée, à la fois. Une société sans violence, qu’est-ce que ça serait ! Il faut un minimum de violence dans une société pour la faire avancer. Peut-être que notre société, à nous Corses, est un petit peu trop violente ! Peut-être qu’elle ne correspond pas toujours à l’archétype d’une violence créatrice ! Elle correspond plus à une violence destructrice.
- A quoi cela-tient-il, selon vous ? Sur le continent, on n’hésite pas à avancer la thèse génétique ou essentialiste. Qu’en pensez-vous ?
- C’est une construction complètement idiote. La violence n’est pas génétique. En plus, une part de la violence nous échappe. Les règlements de comptes, qui ont lieu en Corse, pourraient avoir lieu ailleurs puisque les raisons de cette violence ne sont pas forcément insulaires. Se règlent, de cette manière-là, des choses qui ne nous appartiennent pas. Par contre, il y a des formes de violence qui correspondent à des besoins de la société qui s’expriment. Cette violence est-elle tolérable ? C’est difficile à affirmer. En tous cas, elle est la forme d’expression d’une société qui est, de toute façon, un peu dangereuse et un peu violente.
- D’un point de vue politique, que vous inspirent les grands débats qui arrivent à maturité sur l’autonomie, la coofficialité, le statut de résident... ?
- Des choses très diverses. Je pense qu’il y a des besoins de changement qui se manifestent dans une société qui est, d’une certaine façon, restée corsetée et fermée, très longtemps. Aujourd’hui, ce corsetage et ces limites montrent leur difficulté à continuer à exister.
Propos recueillis par Nicole MARI
- D’abord, je suis très fier d’avoir eu ce prix parce que c’est un prix important de l’Assemblée de Corse pour les gens qui, comme moi, commettent des essais sur la société insulaire. En même temps, c’est un plaisir particulier parce que je l’ai reçu, conjointement, avec Marie-Jean Vinciguerra avec qui j’ai déjà fait pas mal de choses, y compris, récemment.
- Parlez-vous de la préface de votre livre sur Pascal Paoli ?
- Oui. Il a réalisé, pour moi, la préface du Vème volume de la correspondance de Pascal Paoli. Il est, comme moi, un Paoliste bien trempé. Par là, il a voulu donner, pour une fois, une présentation littéraire de cette correspondance et montrer que Pascal Paoli n’était pas seulement un homme d’action, mais aussi un homme qui savait écrire.
- Cette reconnaissance des siens, est-elle importante ?
- Oui. Je suis, malheureusement, très souvent absent de cette île, bien que j’y habite. Je pense qu’aujourd’hui, il est important de mettre en place des partenariats et de partager des savoirs avec des collègues, que ce soit sur le continent ou dans le reste de l’Europe, voire ailleurs. Ces échanges me donnent la capacité de comparer les différentes situations à l’intérieur de l’ensemble européen, les différentes périodes et les différentes sciences. Les colloques, auxquels j’assiste, et j’en ai fait un certain nombre ces derniers temps, sont tous de type pluridisciplinaire, c’est-à-dire qu’ils rassemblent des historiens comme moi, mais aussi des ethnologues, des archéologues, des sociologues, etc. Chacun amène un peu sa pierre à l’édifice du savoir.
- En tant qu’historien, quel regard portez-vous sur la société corse actuelle, sur sa violence et ses maux ?
- La violence est, de toute façon, quelque chose de très dangereux pour notre société et, en même temps, la démonstration, selon la formule de Jérôme Ferrari, que notre société existe et vit. Elle est quelque chose qui détruit et crée, à la fois. Une société sans violence, qu’est-ce que ça serait ! Il faut un minimum de violence dans une société pour la faire avancer. Peut-être que notre société, à nous Corses, est un petit peu trop violente ! Peut-être qu’elle ne correspond pas toujours à l’archétype d’une violence créatrice ! Elle correspond plus à une violence destructrice.
- A quoi cela-tient-il, selon vous ? Sur le continent, on n’hésite pas à avancer la thèse génétique ou essentialiste. Qu’en pensez-vous ?
- C’est une construction complètement idiote. La violence n’est pas génétique. En plus, une part de la violence nous échappe. Les règlements de comptes, qui ont lieu en Corse, pourraient avoir lieu ailleurs puisque les raisons de cette violence ne sont pas forcément insulaires. Se règlent, de cette manière-là, des choses qui ne nous appartiennent pas. Par contre, il y a des formes de violence qui correspondent à des besoins de la société qui s’expriment. Cette violence est-elle tolérable ? C’est difficile à affirmer. En tous cas, elle est la forme d’expression d’une société qui est, de toute façon, un peu dangereuse et un peu violente.
- D’un point de vue politique, que vous inspirent les grands débats qui arrivent à maturité sur l’autonomie, la coofficialité, le statut de résident... ?
- Des choses très diverses. Je pense qu’il y a des besoins de changement qui se manifestent dans une société qui est, d’une certaine façon, restée corsetée et fermée, très longtemps. Aujourd’hui, ce corsetage et ces limites montrent leur difficulté à continuer à exister.
Propos recueillis par Nicole MARI