« L’heure n’est pas à la politique ». La mine grave, le président du Conseil exécutif, Gilles Simeoni, donne le ton de la session de l’Assemblée de Corse dédiée à l’élection de trois conseillers exécutifs, suite au remaniement annoncé fin janvier. Une session très brève d’une quarantaine de minutes : « Vous comprendrez aussi que, dans ces circonstances dramatiques, terribles, la session se résumera à un exercice strictement réglementaire », avait auparavant expliqué la présidente de l’Assemblée de Corse, Nanette Maupertuis. Les circonstances dramatiques, c’est l’assassinat la veille à Ponte Leccia d’une jeune fille de 18 ans, qui a plongé la Corse dans la stupéfaction, quelques semaines à peine après le meurtre d’un jeune pompier d’une trentaine d’années dans un bar d’Aiacciu.
Un sursaut collectif
Dans son allocution d’ouverture, réduite également au minimum, Nanette Maupertuis exprime sa tristesse et sa colère : « C’est un contexte dramatique pour beaucoup de Corses et même pour toute la Corse. Une jeune fille de 18 ans de Corte a été tuée ce week-end à Ponte Leccia, apparemment victime d’une erreur dans un guet-apens qui ne la visait pas. Nous sommes immensément tristes. Je suis écœurée ! Nous sommes en colère ! Et je sais qu’aujourd’hui beaucoup de Corses le sont avec nous dans le Cortenais, le Centre Corse et au-delà. Tous les gens, que j’ai eu depuis hier soir, m’interpellent et me disent : « Ava Basta ! Induvu andemu ? ». Elle appelle la population corse à un sursaut collectif : « Je ne sais pas où nous allons, mais je peux vous dire où nous sommes. Nous sommes au bord de l’abîme noir, sans fond, dans notre jeunesse n’arrivera pas à sortir, si elle y tombait, pour des décennies, s’il n’y a pas de sursaut collectif, sans lâcheté, sans calcul et sans faux-semblants ». Avant de préciser : « L’heure est au recueillement et à la prière pour ceux qui croient et, aussi, parce qu’un seul groupe politique est présent aujourd’hui dans cet hémicycle. Mais permettez que nous ayons une pensée pour Chloé, pour cette enfant, parce qu’elle a 18 ans et que finalement ce n’est qu’une enfant, et une pensée très affectueuse et compatissante pour sa mère Cathy, pour les siens que je connais, auxquels nous présentons bien évidemment nos condoléances les plus attristées ». Elle demande à l’assemblée d’observer une minute de silence.
Le refus de la violence
A sa suite, Gilles Simeoni ne cache pas, non plus, son émotion : « Aujourd’hui, nos esprits et nos cœurs sont ailleurs. Ce qu’il s’est passé hier soir nous laisse bouleversés, immensément tristes pour cette enfant et sa famille, également extrêmement inquiets pour la Corse et singulièrement pour la jeunesse. Le moment est au deuil et à la compassion, et je veux adresser nos condoléances les plus sincères aux parents et aux familles qui sont aujourd’hui dans l’affliction la plus profonde. C’est le temps du recueillement, du deuil, c’est aussi le temps du silence. Les mots manquent pour exprimer l’injustice de ce qui est arrivé ». Il dit aussi son inquiétude et sa détermination. « Après le temps du silence, du recueillement et du deuil, viendra très rapidement, sans doute dans les jours à venir, le moment de l’expression de notre détermination collective à ne pas accepter ce qui est en train de se passer ». Reprenant la même question : « Induve Andemu ? Où allons-nous ? Nous nous le demandons et ils nous le demandent tous », il réaffirme qu’il n’y a pas d’autre choix que la paix et la démocratie : « Nous savons où nous ne voulons pas aller et nous savons où nous devons nous rendre ensemble. C’est le refus de cette violence meurtrière, le refus des logiques et des dérives mafieuses, le refus de cet avenir de cendre, de sang et de mort que certains promettent aujourd’hui à ce pays, à ce peuple et à ses enfants. Où nous voulons aller ? C’est la Corse, de la vie, de l’espoir, de la paix et de la démocratie ».
Un remaniement validé
C’est donc sobrement et dans un silence pesant que l’Assemblée de Corse a procédé à l’élection des trois conseillers exécutifs, Vannina Chiarelli-Luzi, Anne-Laure Santucci et Jean-Félix Acquaviva, en remplacement d’Alexandre Vinciguerra, Antonia Luciani et Flora Mattei. Trois jours après la session de jeudi dernier, avortée faute de quorum, l’hémicycle était réduit à la majorité territoriale et au conseiller territorial non-inscrit Pierre Ghionga. Comme prévu les groupes d’opposition Avanzemu et U Soffiu Novu, ainsi que Josepha Giacometti Piredda, ont poursuivi leur boycott. Core in Fronte, qui était présent jeudi, avait annoncé qu’il ne se déplacerait plus. Si la session initiale n’avait pu rassembler les deux tiers des élus, présents ou représentés, soit un quorum de 42 conseillers sur 63, pour valider le remaniement, cette nouvelle séance, convoquée, comme l’exige le Code général des collectivités, exactement trois jours après, n’avait besoin que d’une majorité normale. C’est donc par 32 voix sur 33 présents, dont un blanc, que les trois conseillers territoriaux ont rejoint l’Exécutif. L’ex-député, Jean-Félix Acquaviva, retrouve l’Office des transports qu’il avait déjà présidé de décembre 2015 à juillet 2017, date de son élection au Palais Bourbon. La mairesse de Luri, Anne Laure Santucci, est chargée de la culture et de la formation. L’élue porto-vecchiaise, Vannina Chiarelli-Luzi, se voit confiée l’OEHC (Office d’équipement hydraulique de la Corse). Ce mini-remaniement, interne à la majorité territoriale, s’accompagne d’un changement de fauteuil pour Gilles Giovannangeli qui, de l’OEHC, passe à l’ADEC. L’élection terminée, la séance a immédiatement été levée par Nanette Maupertuis. « Il y a un temps pour les réjouissances, aujourd’hui, le cœur n’y est pas ». Aucun des conseillers exécutifs entrants n’a voulu commenter son élection, ni en séance, ni hors hémicycle.
N.M.
Un sursaut collectif
Dans son allocution d’ouverture, réduite également au minimum, Nanette Maupertuis exprime sa tristesse et sa colère : « C’est un contexte dramatique pour beaucoup de Corses et même pour toute la Corse. Une jeune fille de 18 ans de Corte a été tuée ce week-end à Ponte Leccia, apparemment victime d’une erreur dans un guet-apens qui ne la visait pas. Nous sommes immensément tristes. Je suis écœurée ! Nous sommes en colère ! Et je sais qu’aujourd’hui beaucoup de Corses le sont avec nous dans le Cortenais, le Centre Corse et au-delà. Tous les gens, que j’ai eu depuis hier soir, m’interpellent et me disent : « Ava Basta ! Induvu andemu ? ». Elle appelle la population corse à un sursaut collectif : « Je ne sais pas où nous allons, mais je peux vous dire où nous sommes. Nous sommes au bord de l’abîme noir, sans fond, dans notre jeunesse n’arrivera pas à sortir, si elle y tombait, pour des décennies, s’il n’y a pas de sursaut collectif, sans lâcheté, sans calcul et sans faux-semblants ». Avant de préciser : « L’heure est au recueillement et à la prière pour ceux qui croient et, aussi, parce qu’un seul groupe politique est présent aujourd’hui dans cet hémicycle. Mais permettez que nous ayons une pensée pour Chloé, pour cette enfant, parce qu’elle a 18 ans et que finalement ce n’est qu’une enfant, et une pensée très affectueuse et compatissante pour sa mère Cathy, pour les siens que je connais, auxquels nous présentons bien évidemment nos condoléances les plus attristées ». Elle demande à l’assemblée d’observer une minute de silence.
Le refus de la violence
A sa suite, Gilles Simeoni ne cache pas, non plus, son émotion : « Aujourd’hui, nos esprits et nos cœurs sont ailleurs. Ce qu’il s’est passé hier soir nous laisse bouleversés, immensément tristes pour cette enfant et sa famille, également extrêmement inquiets pour la Corse et singulièrement pour la jeunesse. Le moment est au deuil et à la compassion, et je veux adresser nos condoléances les plus sincères aux parents et aux familles qui sont aujourd’hui dans l’affliction la plus profonde. C’est le temps du recueillement, du deuil, c’est aussi le temps du silence. Les mots manquent pour exprimer l’injustice de ce qui est arrivé ». Il dit aussi son inquiétude et sa détermination. « Après le temps du silence, du recueillement et du deuil, viendra très rapidement, sans doute dans les jours à venir, le moment de l’expression de notre détermination collective à ne pas accepter ce qui est en train de se passer ». Reprenant la même question : « Induve Andemu ? Où allons-nous ? Nous nous le demandons et ils nous le demandent tous », il réaffirme qu’il n’y a pas d’autre choix que la paix et la démocratie : « Nous savons où nous ne voulons pas aller et nous savons où nous devons nous rendre ensemble. C’est le refus de cette violence meurtrière, le refus des logiques et des dérives mafieuses, le refus de cet avenir de cendre, de sang et de mort que certains promettent aujourd’hui à ce pays, à ce peuple et à ses enfants. Où nous voulons aller ? C’est la Corse, de la vie, de l’espoir, de la paix et de la démocratie ».
Un remaniement validé
C’est donc sobrement et dans un silence pesant que l’Assemblée de Corse a procédé à l’élection des trois conseillers exécutifs, Vannina Chiarelli-Luzi, Anne-Laure Santucci et Jean-Félix Acquaviva, en remplacement d’Alexandre Vinciguerra, Antonia Luciani et Flora Mattei. Trois jours après la session de jeudi dernier, avortée faute de quorum, l’hémicycle était réduit à la majorité territoriale et au conseiller territorial non-inscrit Pierre Ghionga. Comme prévu les groupes d’opposition Avanzemu et U Soffiu Novu, ainsi que Josepha Giacometti Piredda, ont poursuivi leur boycott. Core in Fronte, qui était présent jeudi, avait annoncé qu’il ne se déplacerait plus. Si la session initiale n’avait pu rassembler les deux tiers des élus, présents ou représentés, soit un quorum de 42 conseillers sur 63, pour valider le remaniement, cette nouvelle séance, convoquée, comme l’exige le Code général des collectivités, exactement trois jours après, n’avait besoin que d’une majorité normale. C’est donc par 32 voix sur 33 présents, dont un blanc, que les trois conseillers territoriaux ont rejoint l’Exécutif. L’ex-député, Jean-Félix Acquaviva, retrouve l’Office des transports qu’il avait déjà présidé de décembre 2015 à juillet 2017, date de son élection au Palais Bourbon. La mairesse de Luri, Anne Laure Santucci, est chargée de la culture et de la formation. L’élue porto-vecchiaise, Vannina Chiarelli-Luzi, se voit confiée l’OEHC (Office d’équipement hydraulique de la Corse). Ce mini-remaniement, interne à la majorité territoriale, s’accompagne d’un changement de fauteuil pour Gilles Giovannangeli qui, de l’OEHC, passe à l’ADEC. L’élection terminée, la séance a immédiatement été levée par Nanette Maupertuis. « Il y a un temps pour les réjouissances, aujourd’hui, le cœur n’y est pas ». Aucun des conseillers exécutifs entrants n’a voulu commenter son élection, ni en séance, ni hors hémicycle.
N.M.