C’était une promesse qu’il avait formulée durant de la campagne des territoriales de 2021. Lors de la première session de l’Assemblée de Corse de l’année, ce jeudi après-midi, Gilles Simeoni a annoncé un remaniement au sein du conseil exécutif avec le départ d’Alex Vinciguerra, le président de l’Agence de Développement Économique de la Corse (Adec), de Flora Mattei, la présidente de l’Office des Transports de la Corse (OTC) et d’Antonia Luciani, la conseillère territoriale en charge de l’éducation et de la culture, tous trois en place depuis le début de la mandature. Si leurs remplaçants devront être élus lors d’une session spéciale qui sera organisée « entre le 10 et le 15 février », le président de l’Exécutif a d’ores et déjà dévoilé que les candidats à leur succession seront Vanina Luzi, Anne-Laure Santucci et Jean-Félix Acquaviva.
Avec ce remaniement inédit – une procédure dont la possibilité a été ouverte par une ordonnace de 2016- , l’Exécutif aspire, comme il s’y était engagé, à « assurer une respiration démocratique et insuffler une nouvelle dynamique », souligne Gilles Simeoni en ajoutant que ces changements dans le casting, et plus largement le « redéploiement stratégique » que la majorité entend opérer doivent permettre de « mener à bien la procédure de révision constitutionnelle d’ici la fin d’année 2025 » et de « répondre aux attentes fortes des Corses dans tous les domaines », lesquelles ont parfois « connu jusqu’à aujourd’hui des réponses quelquefois insuffisantes ». « Ce renouvellement de l’Exécutif est à la fois la mise en œuvre d’un engagement de campagne et une expression parmi d’autres d’un besoin impérieux de réussir pour la Corse. Mais il ne pourra le faire que parce qu’il participe d’une démarche beaucoup plus large, à laquelle il vous est proposé à vous, opposition nationaliste et de droite, dans une mesure différente, de vous associer selon des modalités que nous aurons à définir ensemble », ajoute-t-il en proposant dans la foulée de rencontrer les présidents de groupe « pour échanger y compris sur la méthode ». « Je pense que les rendez-vous qui nous attendent sont essentiels et qu’au-delà du sort des urnes et des perspectives à venir des prochaines mandatures qu’il est de notre responsabilité de ne pas nous cantonner dans les certitudes qu’offre la situation de majorité absolue », insiste-t-il en lançant à l’opposition : « Entre aujourd’hui et l’installation la porte est ouverte pour discuter, pour dialoguer et éventuellement pour partager les responsabilités, réapprendre à se faire confiance ».
« À votre place je serai inquiet »
Une main tendue loin d’être saisie. Sur les bancs de Core in Fronte, Paul-Félix Benedetti se contente ainsi de prendre acte du remaniement, sans croire vraiment qu’il marquera une rupture. « Est-il politique, est-il conjoncturel, est-il affectif ? Je ne sais pas », s’interroge-t-il en se montrant encore plus que réservé sur la proposition de participation collective formulée par le président de l’Exécutif.« Logiquement, lorsqu’après le vote du 5 juillet 2023 il y a eu un regroupement d’une majorité politique assez large, je pense que c’est à ce moment qu’il y aurait dû avoir une ouverture globale et stratégique. Lorsque je me place du côté du courant patriotique et historique, ce que j’attends c’est des changements des comportements. C’est d’arrêter de jouer à 32 en permanence, parce que la réalité du moment est probablement différente et que la réalité de demain pourra être différente », siffle-t-il en reprenant : « Nos certitudes c’est qu’on a un héritage commun et qu’on doit veiller à le préserver, à ne pas le dilapider et ne pas le désacraliser. Mais je considère qu’aujourd’hui il ne nous appartient pas de faire des propositions stratégiques. Cela appartient au parti majoritaire qui pendant ces trois années a gouverné seul et, je considère pour ma part, de manière outrancière. Je crois qu’il appartient d’avoir un peu plus de pragmatisme, un sens du partage dans les prises de décision et dans les consultations en amont ».
« À votre place je serai inquiet »
Une main tendue loin d’être saisie. Sur les bancs de Core in Fronte, Paul-Félix Benedetti se contente ainsi de prendre acte du remaniement, sans croire vraiment qu’il marquera une rupture. « Est-il politique, est-il conjoncturel, est-il affectif ? Je ne sais pas », s’interroge-t-il en se montrant encore plus que réservé sur la proposition de participation collective formulée par le président de l’Exécutif.« Logiquement, lorsqu’après le vote du 5 juillet 2023 il y a eu un regroupement d’une majorité politique assez large, je pense que c’est à ce moment qu’il y aurait dû avoir une ouverture globale et stratégique. Lorsque je me place du côté du courant patriotique et historique, ce que j’attends c’est des changements des comportements. C’est d’arrêter de jouer à 32 en permanence, parce que la réalité du moment est probablement différente et que la réalité de demain pourra être différente », siffle-t-il en reprenant : « Nos certitudes c’est qu’on a un héritage commun et qu’on doit veiller à le préserver, à ne pas le dilapider et ne pas le désacraliser. Mais je considère qu’aujourd’hui il ne nous appartient pas de faire des propositions stratégiques. Cela appartient au parti majoritaire qui pendant ces trois années a gouverné seul et, je considère pour ma part, de manière outrancière. Je crois qu’il appartient d’avoir un peu plus de pragmatisme, un sens du partage dans les prises de décision et dans les consultations en amont ».
Ne fermant cependant pas totalement la porte à un travail commun pour la suite l’élu indépendantiste affirme par ailleurs : « Il faut retrouver un espace de confiance, et il faut que vous réussissiez à convaincre les deux autres partis nationalistes qui sont présents dans cette assemblée qu’il y a un socle commun et qu’il peut y avoir une confédération patriotique qui se donnerait la main dans l’esprit de sauvegarder cet héritage et de le sauvegarder, voire de le faire fructifier ».
Acerbe, il terminera toutefois son intervention en glissant : « Honnêtement à votre place je n’aurais pas fait de remaniement et je serais resté dans la stabilité, parce que, que vous le vouliez ou non, ce petit remaniement est perçu comme un aveu d’échec par la majorité d’entre nous. Les personnes qui ont aujourd’hui la charge de reprendre des postes exécutifs sont dans l’obligation de faire beaucoup mieux que les autres. On attend un cap qualitatif, un changement. Vous êtes dans l’obligation de montrer que ce remaniement n’est pas conjoncturel, n’est pas affectif, qu’il est fondamentalement politique et dans l’intérêt de la Corse. Vous avez un match à tenir qui est très difficile. Et à votre place je serai inquiet ».
« Ùn ci cunteti micca ! »
Dans la même ligne, Josepha Giacometti Piredda estimera que ce remaniement est « l’aveu d’un constat d’échec ». « Depuis quelques mois nous entendons parler de propositions d’un travail commun. Je crois qu’il y a le constat d’échec d’une stratégie, d’une méthode et d’une dynamique qui n’est plus celle d’une majorité qui conduit les affaires de la Corse depuis plus de trois ans », déroulera la représentante de Nazione dans l’hémicycle, taclant « une absence systématique de rapport de force avec le gouvernement français qui nous a rendu prisonniers des calendriers parisiens » et des « non choix stratégiques qui trouvent aujourd’hui leur apogée » du côté de la gestion de la Collectivité de Corse. « Je ne sais pas si ce remaniement aurait l’effet d’un nouveau souffle escompté. J’en doute un peu », grincera-t-elle.
Acerbe, il terminera toutefois son intervention en glissant : « Honnêtement à votre place je n’aurais pas fait de remaniement et je serais resté dans la stabilité, parce que, que vous le vouliez ou non, ce petit remaniement est perçu comme un aveu d’échec par la majorité d’entre nous. Les personnes qui ont aujourd’hui la charge de reprendre des postes exécutifs sont dans l’obligation de faire beaucoup mieux que les autres. On attend un cap qualitatif, un changement. Vous êtes dans l’obligation de montrer que ce remaniement n’est pas conjoncturel, n’est pas affectif, qu’il est fondamentalement politique et dans l’intérêt de la Corse. Vous avez un match à tenir qui est très difficile. Et à votre place je serai inquiet ».
« Ùn ci cunteti micca ! »
Dans la même ligne, Josepha Giacometti Piredda estimera que ce remaniement est « l’aveu d’un constat d’échec ». « Depuis quelques mois nous entendons parler de propositions d’un travail commun. Je crois qu’il y a le constat d’échec d’une stratégie, d’une méthode et d’une dynamique qui n’est plus celle d’une majorité qui conduit les affaires de la Corse depuis plus de trois ans », déroulera la représentante de Nazione dans l’hémicycle, taclant « une absence systématique de rapport de force avec le gouvernement français qui nous a rendu prisonniers des calendriers parisiens » et des « non choix stratégiques qui trouvent aujourd’hui leur apogée » du côté de la gestion de la Collectivité de Corse. « Je ne sais pas si ce remaniement aurait l’effet d’un nouveau souffle escompté. J’en doute un peu », grincera-t-elle.
Mais la charge la plus lourde viendra de Jean-Christophe Angelini. Face à des réactions à ce remaniement qui s’étendent en longueur et grignotent une partie de l’après-midi, le président d’Avanzemu regrettera avant tout un débat qui « a quelque chose de décalé ». « La présidente de l’Assemblée nous a touché avec ses mots du matin sur la situation de la Corse et la violence qui nous ronge. Ce que vit notre peuple au plan économique est catastrophique, est dramatique au plan social, au plan général est très préoccupant. Je ne crois pas que ce remaniement n’est pas un évènement politique. C’est le fruit d’une volonté, celle du président de l’Exécutif. On en prend acte », posera-t-il avant de tirer à boulets rouges sur l’invitation de Gilles Simeoni : « Sur ces discussions que vous voulez ouvrir avec les groupes d’opposition je vais le dire clairement : Ùn ci cunteti micca ! Nous, groupe Avanzemu, ne nous comptez pas. Quand on sera en commission, dans l’hémicycle, dans des débats on va travailler dans l’intérêt de la Corse. On n’a jamais varié et on continuera de le faire pour les deux ou trois ans qui viennent. Il n’y a pas de difficulté et cela ne vaut pas déclaration de guerre totale et absolue. S’il est des sujets dont vous souhaitez que nous parlions, on peut en parler, mais je veux les déconnecter de manière radicale et pacifique de tout sujet de pouvoir ou de gouvernance. On n'ira pas à la gamelle ».
" On n'y croit plus"
Et de reprendre : « On part d’un raisonnement qui est très simple : les gens ont voté pour vous, menez votre politique. Dans trois ans on va revoter, les gens choisiront une politique. Dans l’intervalle il peut se passer des choses. Quand on estimera que l’intérêt de la Corse est en jeu, on fera ce qu’on croit bon de faire. Mais on ne subordonnera pas cette politique à un quelconque partage de gouvernance. Mais cela n’exclut pas une pratique du pouvoir qui pourra être plus ouverte, plus respirante, plus respectueuse ». Il en profite par ailleurs pour égratigner la gestion de la collectivité, estimant que « la situation financière reste terrible », alors que l’on entre de surcroit « dans une séquence extrêmement compliquée », pointant « un long tunnel » qui en plus d’être « jalonné de difficultés » sera « truffé de consultations électorales ». « On est en désaccord fondamental sur la politique que vous menez. Les exécutifs, les groupes ça va ça vient, c’est le fruit de choix politiques, et au moment où nos choix politiques sont aussi opposés, je ne vois pas ce que nous pourrions venir faire dans pareille aventure », souffle-t-il encore.
Enfin, dans les travées de la droite, Jean-Martin Mondoloni dira aussi se faire peu d’illusions quant au changement de cap avancé par le président de l’Exécutif. « On aurait envie d’y croire, la Corse a envie d’y croire, mais on n’y croit plus », déplorera-t-il, « Ce n’est pas du gouvernement qu’on attend un changement, mais de la gouvernance. C’est vous qui devez changer dans vos pratiques. Ce qu’on attend, c’est que vous soyez en capacité de dire voilà les objectifs que nous fixons, voilà les moyens que nous mettons à disposition de ces objectifs et quelles sont les moyens d’évaluation des politiques que vous mettrez en œuvre. Ce changement aurait pu intervenir depuis longtemps ».
" On n'y croit plus"
Et de reprendre : « On part d’un raisonnement qui est très simple : les gens ont voté pour vous, menez votre politique. Dans trois ans on va revoter, les gens choisiront une politique. Dans l’intervalle il peut se passer des choses. Quand on estimera que l’intérêt de la Corse est en jeu, on fera ce qu’on croit bon de faire. Mais on ne subordonnera pas cette politique à un quelconque partage de gouvernance. Mais cela n’exclut pas une pratique du pouvoir qui pourra être plus ouverte, plus respirante, plus respectueuse ». Il en profite par ailleurs pour égratigner la gestion de la collectivité, estimant que « la situation financière reste terrible », alors que l’on entre de surcroit « dans une séquence extrêmement compliquée », pointant « un long tunnel » qui en plus d’être « jalonné de difficultés » sera « truffé de consultations électorales ». « On est en désaccord fondamental sur la politique que vous menez. Les exécutifs, les groupes ça va ça vient, c’est le fruit de choix politiques, et au moment où nos choix politiques sont aussi opposés, je ne vois pas ce que nous pourrions venir faire dans pareille aventure », souffle-t-il encore.
Enfin, dans les travées de la droite, Jean-Martin Mondoloni dira aussi se faire peu d’illusions quant au changement de cap avancé par le président de l’Exécutif. « On aurait envie d’y croire, la Corse a envie d’y croire, mais on n’y croit plus », déplorera-t-il, « Ce n’est pas du gouvernement qu’on attend un changement, mais de la gouvernance. C’est vous qui devez changer dans vos pratiques. Ce qu’on attend, c’est que vous soyez en capacité de dire voilà les objectifs que nous fixons, voilà les moyens que nous mettons à disposition de ces objectifs et quelles sont les moyens d’évaluation des politiques que vous mettrez en œuvre. Ce changement aurait pu intervenir depuis longtemps ».