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Assemblée de Corse : Faute de quorum, l’élection des conseillers exécutifs repoussée


le Jeudi 13 Février 2025 à 18:29

Ce jeudi après-midi, les travées de l’Assemblée de Corse ont été désertées par les groupes Avanzemu et Un Soffiu Novu, ainsi que par la non-inscrite, Josepha Giacometti Piredda. Seuls 38 membres sur les 42 exigés par le code général des collectivités territoriales pour procéder au remaniement du conseil exécutif, seul sujet à l’ordre du jour, étant présents, la session a été reportée à dimanche après-midi.



La session dédiée à l'élection des nouveaux conseillers exécutifs qui devait se tenir ce jeudi a été reportée à dimanche faute de quorum (Photos : Paule Santoni)
La session dédiée à l'élection des nouveaux conseillers exécutifs qui devait se tenir ce jeudi a été reportée à dimanche faute de quorum (Photos : Paule Santoni)
« Le quorum des deux tiers n’est pas atteint, la séance ne peut pas se tenir. Elle sera convoquée sous trois jours ». Il est presque 15 heures, ce jeudi, quand la présidente de l’Assemblée de Corse, Marie-Antoinette Maupertuis, annonce que la session spéciale qui devait se tenir pour procéder à l’élection de trois nouveaux membres du conseil exécutif, après le remaniement voulu par Gilles Simeoni  le 30 janvier dernier, ne peut se tenir. Comme cela avait été dévoilé en amont,  les groupes Avanzemu et Un Soffiu Novu, ainsi que la non-inscrite Josepha Giacometti Piredda, représentante de Nazione, ont décidé de boycotter cette séance, rendant sa tenue impossible. 
 
En effet, selon l’article L. 4422-8 du Code Général des Collectivités Territoriales, pour pouvoir procéder à une telle élection « l’Assemblée ne peut délibérer que si les deux tiers de ses membres sont présents ou représentés », soit 42 conseillers territoriaux. Seuls 35 d’entre eux ayant été présents dans les travées de l’hémicycle ce jeudi, et trois ayant donné un pouvoir, le quorum n’a donc pas été atteint. De quoi susciter un certain agacement chez la présidente de l’Assemblée. « Lorsqu’on est élu de la Corse et alors que des hommes et des femmes se sont battus pour que cette assemblée, cœur battant de la démocratie insulaire, existe, résiste et prospère, on assume en toutes circonstances le mandat donné par le peuple, on respecte cette institution, ses règles et son fonctionnement, ses personnels », tonne-t-elle en appuyant : « Quel que soit l’ordre du jour nous nous devons d’assumer nos responsabilités devant le peuple et pour le peuple ».
 

Le respect de « ceux qui ont mené un combat acharné pour que l’institution existe »,
 
Dans cette même ligne, le non-inscrit Pierre Ghionga indique être venu par « respect des institutions et des gens qui (l)’ont élu ». « Je ne suis pas nationaliste, mais je suis un militant de la Corse, je suis un militant de l’autonomie de la Corse et mon devoir est d’être ici », insiste-t-il. 

Jean Biancucci, le président de Fà Populu Inseme, enfonce le clou. « Ce qui me désole c’est qu’au moment où on a la visite du ministre en charge du dossier corse, où on a une vision d’espoirs on donne une image à l’opinion qui n’est pas bonne. Un des premiers devoirs quand on est élu c’est d’être présent », souffle-t-il. Il rappelle par ailleurs qu’en avril 2004, l’Assemblée de Corse avait connu un précédent après la démission de Camille de Rocca Serra, à peine élu à la présidence.  « À l’époque, le camp le plus réactionnaire a tenté de bloquer l’institution. Aujourd’hui on ne se trouve pas dans la même situation. Rien ne nous empêchera de travailler. Nous allons nous réunir dimanche et nous ferons tout ce qui est nécessaire et les obligations qui sont les nôtres seront remplies », souligne-t-il. 
 
 

De son côté, Paul-Félix Benedetti, le leader de Core in Fronte, explique que si la présence de son groupe à cette session n’est pas le signe d’un blanc-seing donné au président de l’Exécutif et à sa majorité, elle est pour le moins indispensable. « Nous sommes ici parce que nous sommes militants. Nous savons les difficultés que certains des nôtres ont rencontré pour avoir aujourd’hui un statut spécifique pour la Corse, pour avoir une Assemblée de Corse, pour avoir des élus nationalistes à l’Assemblée de Corse. Nous avons plus que le respect des institutions, le respect de notre lutte, le respect du moment », pose-t-il en notant : « Peut-être dans d’autres circonstances nous ne serions pas venus non plus, mais pour marquer un véritable désaccord sur quelque chose, pas par dépit ».  Évoquant le respect de la mémoire « de ceux qui ont mené un combat acharné pour que l’institution existe », il ajoutera : « On ne peut pas en même temps chercher à demander des évolutions statutaires et d’un autre côté faire du blocage simplement pour faire un petit coup politique ». Un pic à peine déguisé à Avanzemu. Pour autant, il n’épargne pas non plus Gilles Simeoni et affirme : « Je considère que le problème aujourd’hui de l’Assemblée de Corse, ce ne sont pas les hommes et les femmes à l’Exécutif, mais la ligne générale qui est menée par l’Exécutif et qui n’est pas conforme à nos attentes, issues d’un combat historique de 50 ans. Je pense qu’ils vont droit dans le mur. Il ne faut pas changer quelques personnes, mais le pilotage au complet ». 

« Les instituons dépassent les familles politiques »
 
S’il convient qu’il n’a « pas à commenter les choix de ceux qui ne viennent pas », « chaque élu et chaque formation politique formant ses choix en son âme et conscience », avant que la session ne soit ajournée, Gilles Simeoni tiendra de son côté à marteler que à « les instituons dépassent les familles politiques » et « transcendent les trajectoires individuelles ». Aussi, il ne se dit pas convaincu par les explications données par Un Soffiu Novu et Avanzemu quant aux raisons de leur absence. « Je pense qu’il faut revenir à la rigueur et à la simplicité des principes qui n’ont pas guidé le choix de ceux sont absents », grince-t-il en déroulant : « Le premier c’est la conception que l’on du mandat que nous ont donné les Corses. Je considère que la meilleure façon de respecter ce mandat, c’est celle que vous avez eu, vous membres de l’Assemblée de Corse qui êtes présents, que vous soyez dans la majorité ou dans l’opposition ». Il appuie par ailleurs sur le fait que les nationalistes se sont « battus pendant des décennies pour que cette institution naisse et se développe » et ont « tout fait depuis des décennies pour que l’Assemblée de Corse et le conseil exécutif de Corse soient les institutions garantes et dépositaires des intérêts matériels et moraux du peuple corse ». « Je considère qu’en tant que nationalistes, notre devoir est de ne jamais affaiblir ces institutions et en permanence de chercher à les renforcer », soutient-t-il avant de conclure : « Si la Corse veut aller sur le chemin de l’émancipation, si ce peuple veut se doter d’une démocratie réelle et vivante, il a besoin d’institutions fortes. Et si nous qui en sommes les élus nous n’agissons pas à chaque instant et à chaque décision pour renforcer les institutions, pour les faire vivre, pour démontrer aux Corses que ces instituons sont ce qui les protège de la façon la plus certaine de toutes les dérives, je considère pour ma part que nous manquons aux responsabilités qui sont les nôtres. À chacun de se déterminer en son âme et conscience ». 

​Convoquée ce dimanche à 15 heures, la nouvelle session devrait cette fois permettre à Anne-Laure Santucci, Vannina Chiarelli-Luzi et Jean-Félix Acquaviva de rejoindre l’Exécutif, aucune exigence de quorum n’étant cette fois requise par la loi. Une réunion qui sera de facto « de pure forme » pour Paul-Félix Benedetti qui a d’ores et déjà annoncé que son groupe ne sera cette fois pas présent. « Ce n’est pas une défiance au mandat et à l’institution. Je reproche à la majorité de n’avoir gouverné qu’entre elle durant trois ans et demi. Je leur laisse aujourd’hui la responsabilité de la continuité de leur action », a-t-il instillé à l’heure de quitter l’hémicycle.