Le ton avait été donné lors du débat d’orientations budgétaires, le mois dernier. Aussi ni la teneur du document budgétaire, ni les priorisations, ni les chiffres, ni même les critiques récurrentes de l’opposition n’ont rien apporté de vraiment nouveau lors de l’examen du budget primitif 2025, présenté vendredi matin à l’Assemblée de Corse. De plus en plus difficile et contrainte, plombée par des dépenses sociales dont la flambée ininterrompue résulte tout autant du vieillissement et de l’appauvrissement de la population corse que d’un flux d’immigration venu du continent avec un lot inquiétant de personnes en situation de fragilité ou de précarité, la trajectoire financière de la Collectivité de Corse (CdC) tend à se dégrader sans pour autant franchir les lignes rouges. Aux contentieux extérieurs qui ont grevé pendant des années ses marges de manœuvre se sont substituées des crises extérieures politiques, financières et économiques, aggravées par l’enlisement de la guerre en Ukraine et l’endettement colossal de la France. La Loi de finances 2025, qui taxe les finances des collectivités territoriales à hauteur de 2,2 milliards €, ampute le budget de la CdC de 12 millions €, alors qu’il est déjà, estime le conseiller exécutif en charge du budget et des finances et président de l’ADEC, Gilles Giovannangeli, « sous-dimensionné au regard des besoins de la Corse. L’effort demandé impacte jusqu’à 30% des investissements des régions qui sont dans l’obligation des faire des coupes sombres. Nous nous refusons de le faire ». Un manque à gagner que la Corse n’a pas, à l’instar d’autres régions, les moyens de combler par une augmentation de ses recettes. C’est peut dire dans cette morosité ambiante que l’exercice 2025 est d’abord un exercice d’équilibriste.
Un budget d’engagement
Le budget, en augmentation de 1 % par rapport à 2024, s’établit à 1,486 milliard €, ce qui représente 4 128 € par habitant. « Nous avons dû encore plus prioriser les besoins et réduire des politiques publiques, faire un effort collectif pour essayer d’avoir des marges de manœuvre. Malgré tout, c’est un budget d’engagement, pas de renoncement. Nous ne renonçons pas à l’investissement qui reste stable à 309 millions €, dont 81 millions € pour l’action économique, 58 millions € pour l’environnement et la transition énergétique, 71 millions € pour l’aménagement du territoire et 102 millions € pour l’enseignement et la formation professionnelle. Nous ne renonçons pas à nos politiques sociales avec un budget de 220 millions € pour faire face à une situation que nous avons héritée et que nous devons gérer, nous faisons un effort conséquent pour la maintenir. Nous faisons aussi le choix politique de faire évoluer notre capacité d’autofinancement », explique Gilles Giovannangeli. Les recettes réelles de fonctionnement s’élèvent à 1,2 milliard €, soit une progression de 1% par rapport à 2024. Les recettes fiscales, qui avoisinent 718 millions €, sont dopées par la hausse de 32,43% de la taxe de francisation des navires, celle des cartes grises et des taxes sur les mutations qui font rentrer 12 millions € dans les caisses de la CDC. Les recettes d’investissement, d’un volume de 207 millions €, accusent par contre une baisse de 9,98%.
Une équation difficile
Les dépenses réelles de fonctionnement, qui mobilisent plus d’1,1 milliard €, croissent de 7,12 %. « L’objectif est de ne pas dépenser plus en 2025 qu’en 2024. Notre masse salariale n’augmente que de 2,5 millions, incluant les augmentations d’indice. Les charges de personnels n’ont cru que de 3,3% par an avec une progression faible des effectifs, depuis 2018. Je n’ai pas trouvé de collectivité qui faisait mieux », ajoute le président de l’ADEC. Les dépenses sociales, qui s’aggravent de 4,67%, imputent le budget de près de 242 millions €. « L’équation est de plus en plus difficile, et l’effet ciseau de plus en plus marqué ». L’épargne brute grimpe à 163 millions € contre 154 millions € en 2024, avec un taux d’excédent brut supérieur à 187 % et un taux d’épargne de 12,9%. L’épargne nette concentre presque 101 millions €. La dette culmine à 1,1 milliard € avec une annuité de 83,6 millions €. L’encours de la dette par habitant atteint 3106 €. « Les indicateurs de solvabilité estimés stagnent. Ils restent cependant éloignés des seuils d’alerte ». L’emprunt d’équilibre diminue de 6 % pour s’établir à 111 millions €. « Ce niveau d’emprunt reste acceptable. Ce qui était plus inquiétant, c’était la trajectoire haussière de l’appel à l’emprunt. Nous avons décidé de descendre sous 120 millions €, nous sommes en deçà avec 111 millions €, ce qui permet de maitriser nos ratios ». Tout en martelant la nécessité d’inventer un nouveau modèle budgétaire, Gilles Giovannangeli assure que le cap reste bon : « C’est un budget sérieux de maitrise des indicateurs et des ratios financiers. C’est un budget d’engagement et de confirmation du projet politique et la garantie qu’on continue à tracer le chemin de notre émancipation ».
Le budget, en augmentation de 1 % par rapport à 2024, s’établit à 1,486 milliard €, ce qui représente 4 128 € par habitant. « Nous avons dû encore plus prioriser les besoins et réduire des politiques publiques, faire un effort collectif pour essayer d’avoir des marges de manœuvre. Malgré tout, c’est un budget d’engagement, pas de renoncement. Nous ne renonçons pas à l’investissement qui reste stable à 309 millions €, dont 81 millions € pour l’action économique, 58 millions € pour l’environnement et la transition énergétique, 71 millions € pour l’aménagement du territoire et 102 millions € pour l’enseignement et la formation professionnelle. Nous ne renonçons pas à nos politiques sociales avec un budget de 220 millions € pour faire face à une situation que nous avons héritée et que nous devons gérer, nous faisons un effort conséquent pour la maintenir. Nous faisons aussi le choix politique de faire évoluer notre capacité d’autofinancement », explique Gilles Giovannangeli. Les recettes réelles de fonctionnement s’élèvent à 1,2 milliard €, soit une progression de 1% par rapport à 2024. Les recettes fiscales, qui avoisinent 718 millions €, sont dopées par la hausse de 32,43% de la taxe de francisation des navires, celle des cartes grises et des taxes sur les mutations qui font rentrer 12 millions € dans les caisses de la CDC. Les recettes d’investissement, d’un volume de 207 millions €, accusent par contre une baisse de 9,98%.
Une équation difficile
Les dépenses réelles de fonctionnement, qui mobilisent plus d’1,1 milliard €, croissent de 7,12 %. « L’objectif est de ne pas dépenser plus en 2025 qu’en 2024. Notre masse salariale n’augmente que de 2,5 millions, incluant les augmentations d’indice. Les charges de personnels n’ont cru que de 3,3% par an avec une progression faible des effectifs, depuis 2018. Je n’ai pas trouvé de collectivité qui faisait mieux », ajoute le président de l’ADEC. Les dépenses sociales, qui s’aggravent de 4,67%, imputent le budget de près de 242 millions €. « L’équation est de plus en plus difficile, et l’effet ciseau de plus en plus marqué ». L’épargne brute grimpe à 163 millions € contre 154 millions € en 2024, avec un taux d’excédent brut supérieur à 187 % et un taux d’épargne de 12,9%. L’épargne nette concentre presque 101 millions €. La dette culmine à 1,1 milliard € avec une annuité de 83,6 millions €. L’encours de la dette par habitant atteint 3106 €. « Les indicateurs de solvabilité estimés stagnent. Ils restent cependant éloignés des seuils d’alerte ». L’emprunt d’équilibre diminue de 6 % pour s’établir à 111 millions €. « Ce niveau d’emprunt reste acceptable. Ce qui était plus inquiétant, c’était la trajectoire haussière de l’appel à l’emprunt. Nous avons décidé de descendre sous 120 millions €, nous sommes en deçà avec 111 millions €, ce qui permet de maitriser nos ratios ». Tout en martelant la nécessité d’inventer un nouveau modèle budgétaire, Gilles Giovannangeli assure que le cap reste bon : « C’est un budget sérieux de maitrise des indicateurs et des ratios financiers. C’est un budget d’engagement et de confirmation du projet politique et la garantie qu’on continue à tracer le chemin de notre émancipation ».
Une taxe qui divise
Le budget primitif étant l’acte politique par excellence, c’est toujours, lorsqu’il est morose, du pain béni pour l’opposition. La polémique débute, de façon imprévue, sur l’augmentation de 0,5% de la fiscalité des mutations, présentée avant le budget proprement dit, et qui doit prendre effet au 1er juin prochain. Cette augmentation, qui porte le taux des droits de mutations de 4,5% à 5%, a été accordée pour trois ans par le gouvernement aux départements pour faire face à l’explosion des dépenses sociales qui met en péril leur viabilité financière, ainsi qu’à la CDC qui a récupéré la compétence sociale après la disparition des Conseils généraux. Elle fait réagir Me Marie-Anne Pieri qui, arguant de la difficulté des Corses à payer ces droits de mutation, demande à l’Exécutif d’y renoncer. L’opposition lui emboite aussitôt le pas dans un chœur unanime, estimant que c’est un mauvais signal lancé à la population. Seul, Pierre Ghionga explique qu’en tant que président d’un EHPAD, il a besoin de cet argent supplémentaire pour maintenir des prix bas et embaucher le personnel nécessaire. « C’est un choix politique difficile et douloureux, mais il faut financer l’augmentation des dépenses sociales, comme le font tous les départements en France. Cette taxe touche majoritairement les gens qui possèdent des résidences secondaires, pas les primo-accédants », plaide Gilles Giovannangeli, pour le moins surpris par ce feu nourri. « Les départements sont au bord de la ruine financière parce qu’il y a un effet ciseau entre les dépenses sociales qui leur sont imposées, comme à nous, et les recettes qui diminuent. Ils s’apprêtent à refuser l’augmentation du RSA au 1er avril. On n’a pas d’autre choix que d’augmenter cette recette qui a tendance à stagner », enchaine le président de l’Exécutif, Gilles Simeoni. Et d’assurer : « Si on ne vote pas cette recette supplémentaire, il faudra sortir l’argent ailleurs. Je ne peux pas le faire pour les personnes âgées, pour les gens en situation de précarité qui ont besoin de cette taxe, même si elle ne comblera pas le différentiel entre le montant des prestations sociales et le budget afférent ». L’opposition, à l’exception de Pierre Ghionga, vote contre l’évolution de la taxe.
Le budget primitif étant l’acte politique par excellence, c’est toujours, lorsqu’il est morose, du pain béni pour l’opposition. La polémique débute, de façon imprévue, sur l’augmentation de 0,5% de la fiscalité des mutations, présentée avant le budget proprement dit, et qui doit prendre effet au 1er juin prochain. Cette augmentation, qui porte le taux des droits de mutations de 4,5% à 5%, a été accordée pour trois ans par le gouvernement aux départements pour faire face à l’explosion des dépenses sociales qui met en péril leur viabilité financière, ainsi qu’à la CDC qui a récupéré la compétence sociale après la disparition des Conseils généraux. Elle fait réagir Me Marie-Anne Pieri qui, arguant de la difficulté des Corses à payer ces droits de mutation, demande à l’Exécutif d’y renoncer. L’opposition lui emboite aussitôt le pas dans un chœur unanime, estimant que c’est un mauvais signal lancé à la population. Seul, Pierre Ghionga explique qu’en tant que président d’un EHPAD, il a besoin de cet argent supplémentaire pour maintenir des prix bas et embaucher le personnel nécessaire. « C’est un choix politique difficile et douloureux, mais il faut financer l’augmentation des dépenses sociales, comme le font tous les départements en France. Cette taxe touche majoritairement les gens qui possèdent des résidences secondaires, pas les primo-accédants », plaide Gilles Giovannangeli, pour le moins surpris par ce feu nourri. « Les départements sont au bord de la ruine financière parce qu’il y a un effet ciseau entre les dépenses sociales qui leur sont imposées, comme à nous, et les recettes qui diminuent. Ils s’apprêtent à refuser l’augmentation du RSA au 1er avril. On n’a pas d’autre choix que d’augmenter cette recette qui a tendance à stagner », enchaine le président de l’Exécutif, Gilles Simeoni. Et d’assurer : « Si on ne vote pas cette recette supplémentaire, il faudra sortir l’argent ailleurs. Je ne peux pas le faire pour les personnes âgées, pour les gens en situation de précarité qui ont besoin de cette taxe, même si elle ne comblera pas le différentiel entre le montant des prestations sociales et le budget afférent ». L’opposition, à l’exception de Pierre Ghionga, vote contre l’évolution de la taxe.
Ne pas subir !
L’opposition, bien chauffée, continue sur sa lancée, et si l’heure tardive rend les critiques plus brèves, elles ne sont pas moins vives. Paul-Félix Benedetti, président du groupe Core in Fronte, reproche à l’Exécutif de subir les contraintes extérieures et de ne rien faire pour les contrecarrer. « Rien n’a changé depuis 2023. Les chiffres sont les mêmes. On a une situation comptable qui est subie. Il n’y a pas d’outils pour contrecarrer cette logique. On a logiquement les moyens de contingenter la dépense, mais il faut avoir un axe programmatique ». Pour lui, il faut faire des choix politiques : « Il faut commencer à baisser l’emprunt sinon on va dans le mur dans trois ans, à baisser nos investissements propres en arrêtant de fantasmer sur des grands projets et qu’on soit rationnel, pour avoir de l’objectivité dans la dépense. La CdC a-t-elle besoin de maintenir son taux d’investissement en maitrise d’ouvrage ? Ce qui est sûr, c’est qu’il ne faut pas toucher au bloc communal pour des raisons fonctionnelles, politiques et sociales ». Il revient sur sa marotte : la création d’une banque territoriale de développement pour faire appel à l’épargne corse. « Je pense qu’on va lever des fonds. Il y a plus de 10 milliards € d’épargne, charge à nous de trouver une garantie qui rassure tout le monde. Puisque on est obligé d’emprunter, cherchons à être nous-mêmes les opérateurs de l’emprunt, ne subissons pas, et faisons profiter les Corses des dividendes de l’emprunt. » Il fustige, par contre les priorités affichées : « Plus y a la crise, plus il faut développer la culture, le social, le sport, et malheureusement vous les baissez. C’est une logique de dérive totalitaire ! ».
L’opposition, bien chauffée, continue sur sa lancée, et si l’heure tardive rend les critiques plus brèves, elles ne sont pas moins vives. Paul-Félix Benedetti, président du groupe Core in Fronte, reproche à l’Exécutif de subir les contraintes extérieures et de ne rien faire pour les contrecarrer. « Rien n’a changé depuis 2023. Les chiffres sont les mêmes. On a une situation comptable qui est subie. Il n’y a pas d’outils pour contrecarrer cette logique. On a logiquement les moyens de contingenter la dépense, mais il faut avoir un axe programmatique ». Pour lui, il faut faire des choix politiques : « Il faut commencer à baisser l’emprunt sinon on va dans le mur dans trois ans, à baisser nos investissements propres en arrêtant de fantasmer sur des grands projets et qu’on soit rationnel, pour avoir de l’objectivité dans la dépense. La CdC a-t-elle besoin de maintenir son taux d’investissement en maitrise d’ouvrage ? Ce qui est sûr, c’est qu’il ne faut pas toucher au bloc communal pour des raisons fonctionnelles, politiques et sociales ». Il revient sur sa marotte : la création d’une banque territoriale de développement pour faire appel à l’épargne corse. « Je pense qu’on va lever des fonds. Il y a plus de 10 milliards € d’épargne, charge à nous de trouver une garantie qui rassure tout le monde. Puisque on est obligé d’emprunter, cherchons à être nous-mêmes les opérateurs de l’emprunt, ne subissons pas, et faisons profiter les Corses des dividendes de l’emprunt. » Il fustige, par contre les priorités affichées : « Plus y a la crise, plus il faut développer la culture, le social, le sport, et malheureusement vous les baissez. C’est une logique de dérive totalitaire ! ».
Du pragmatisme !
Tout l’argumentaire de la droite tend à démontrer que la CdC s’approche de la quasi-faillite financière. « Ce budget confirme une dégradation enfin assumée par la majorité », débute Georges Mela. Chiffres à l’appui, il fustige trois marqueurs : « L’investissement, il est impossible d’envisager de grands projets comme le port de la Carbonite. La dette, après 10 ans de gestion, on a triplé l’encours. Ce qui est grave, c’est que nous franchissons un seuil. Quand la CdC dépense 1 € pour investir, elle dépense 3 € pour fonctionner ». Pour lui aussi, l’heure est aux choix difficiles : « C’est un comportement plus responsable que de vouloir toucher à la fiscalité par facilité. Les choix d’opportunité sont des équilibres permanents. Qui pourrait négliger cette volonté commune, à savoir apporter un total soutien aux plus défavorisés, encore faut-il avoir les moyens de cette politique ! Cela diminue d’autant plus les moyens donnés à nos capacités productives ». Il affirme que « Continuer d’appliquer un politique sans moyens, c’est le meilleur moyen d’aller dans le mur et de creuser les déficits, c’est ce que vous faites ! Faire preuve de lucidité, de pragmatisme, adapter des dépenses aux possibilités financières de la CDC est beaucoup plus responsable, c’est ce que nous vous proposons ». L’élu portovecchiais tacle, une nouvelle fois, les dépenses de personnels. « Vous avez voulu abolir les départements, mais vous avez oublié que l’abolition du contrepouvoir, qui vous résistait, a un coût. La gestion du personnel est une clé que vous avez négligée. On constate un niveau toujours élevé du nombre d’agents malgré les 120 départs à la retraite. Il fallait en faire une priorité ».
Tout l’argumentaire de la droite tend à démontrer que la CdC s’approche de la quasi-faillite financière. « Ce budget confirme une dégradation enfin assumée par la majorité », débute Georges Mela. Chiffres à l’appui, il fustige trois marqueurs : « L’investissement, il est impossible d’envisager de grands projets comme le port de la Carbonite. La dette, après 10 ans de gestion, on a triplé l’encours. Ce qui est grave, c’est que nous franchissons un seuil. Quand la CdC dépense 1 € pour investir, elle dépense 3 € pour fonctionner ». Pour lui aussi, l’heure est aux choix difficiles : « C’est un comportement plus responsable que de vouloir toucher à la fiscalité par facilité. Les choix d’opportunité sont des équilibres permanents. Qui pourrait négliger cette volonté commune, à savoir apporter un total soutien aux plus défavorisés, encore faut-il avoir les moyens de cette politique ! Cela diminue d’autant plus les moyens donnés à nos capacités productives ». Il affirme que « Continuer d’appliquer un politique sans moyens, c’est le meilleur moyen d’aller dans le mur et de creuser les déficits, c’est ce que vous faites ! Faire preuve de lucidité, de pragmatisme, adapter des dépenses aux possibilités financières de la CDC est beaucoup plus responsable, c’est ce que nous vous proposons ». L’élu portovecchiais tacle, une nouvelle fois, les dépenses de personnels. « Vous avez voulu abolir les départements, mais vous avez oublié que l’abolition du contrepouvoir, qui vous résistait, a un coût. La gestion du personnel est une clé que vous avez négligée. On constate un niveau toujours élevé du nombre d’agents malgré les 120 départs à la retraite. Il fallait en faire une priorité ».
Une zone critique
Le spectre de la faillite est brandi également par Jean-Christophe Angelini, président d’Avanzemu. « Si vous empruntez toujours autant avec une courbe d’investissement aussi mal maitrisée, on aura dans 3 ou 4 ans, le fameux effet ciseau, et on aura la plus grande difficulté à financer les dépenses courantes. On n’a pas de ressources infinies ». Pour lui, le problème n’est pas le milliard de dette, mais « la capacité de désendettement qui se rapproche de la zone critique ». Et l’enjeu majeur, c’est « la compétitivité du territoire. Dans une ile où un foyer sur deux ne paye pas d’impôt sur le revenu, quelle trajectoire de développement dans les faits, les pratiques économiques et publiques ? Si demain l’autonomie devait arriver, tout ne serait pas réglé pour autant. Entre l’imminence de l’effet ciseau et le caractère long et complexe des négociations économiques et fiscales, il y a une réalité vécue : le taux de sinistralité et de défaillance de nos entreprises, la commande publique qui n’est pas aussi dynamique qu’elle devrait l’être, et plus généralement le contexte. Bien sûr l’Ukraine, l’inflation, surcoûts, matière, surcoûts transport, hausse du prix de l’énergie… mais y a des collectivités qui, avec les mêmes contraintes, voire supérieures, s’en sortent largement mieux que nous ». S’il reconnait que la Corse est « structurellement et historiquement dans les difficultés » et que « l’Etat porte une responsabilité écrasante », il affirme qu’il est temps de tracer une « trajectoire sérieuse pour que le budget puisse intégrer toutes les urgences, - infrastructures, équipement, investissement, social, économique - ce n’est pas le cas à ce stade. Le contexte s’est dégradé, le budget s’est dégradé avec le contexte ». Il revient sur le problème de la revalorisation de la dotation de continuité territoriale qu’il faut arracher chaque année à l’Etat. « La non reconduction de la DCT fait planer une menace d’une ampleur inédite parce que jamais nous avons été confrontés sur un temps aussi long à un tel delta entre le montant du service public et le montant garanti alloué à la CdC ».
Le spectre de la faillite est brandi également par Jean-Christophe Angelini, président d’Avanzemu. « Si vous empruntez toujours autant avec une courbe d’investissement aussi mal maitrisée, on aura dans 3 ou 4 ans, le fameux effet ciseau, et on aura la plus grande difficulté à financer les dépenses courantes. On n’a pas de ressources infinies ». Pour lui, le problème n’est pas le milliard de dette, mais « la capacité de désendettement qui se rapproche de la zone critique ». Et l’enjeu majeur, c’est « la compétitivité du territoire. Dans une ile où un foyer sur deux ne paye pas d’impôt sur le revenu, quelle trajectoire de développement dans les faits, les pratiques économiques et publiques ? Si demain l’autonomie devait arriver, tout ne serait pas réglé pour autant. Entre l’imminence de l’effet ciseau et le caractère long et complexe des négociations économiques et fiscales, il y a une réalité vécue : le taux de sinistralité et de défaillance de nos entreprises, la commande publique qui n’est pas aussi dynamique qu’elle devrait l’être, et plus généralement le contexte. Bien sûr l’Ukraine, l’inflation, surcoûts, matière, surcoûts transport, hausse du prix de l’énergie… mais y a des collectivités qui, avec les mêmes contraintes, voire supérieures, s’en sortent largement mieux que nous ». S’il reconnait que la Corse est « structurellement et historiquement dans les difficultés » et que « l’Etat porte une responsabilité écrasante », il affirme qu’il est temps de tracer une « trajectoire sérieuse pour que le budget puisse intégrer toutes les urgences, - infrastructures, équipement, investissement, social, économique - ce n’est pas le cas à ce stade. Le contexte s’est dégradé, le budget s’est dégradé avec le contexte ». Il revient sur le problème de la revalorisation de la dotation de continuité territoriale qu’il faut arracher chaque année à l’Etat. « La non reconduction de la DCT fait planer une menace d’une ampleur inédite parce que jamais nous avons été confrontés sur un temps aussi long à un tel delta entre le montant du service public et le montant garanti alloué à la CdC ».
Une santé acceptable
La majorité territoriale monte au créneau en mode offensif pour défendre le budget et « reposer les réalités ». Louis Pozzo di Borgo aligne les chiffres préoccupants des départements français « qui tirent la sonnette d’alarme et qui sont plongés dans des situations de quasi-faillite. L’Etat demande d’énormes efforts aux collectivités qui doivent s’adapter, mais sans réelles ressources. Nous avons des besoins exponentiels et nous avons des ressources décroissantes sans commune mesure avec nos besoins ». Et de certifier : « Ce n’est pas la fusion qui est responsable des difficultés d’aujourd’hui ! ». Quant à mobiliser l’épargne corse, encore faut-il donner confiance, « Ce n’est pas en brossant un tableau noir qu’on va donner confiance aux Corses ! ». Il assène : « La CdC n’est pas en situation de quasi-faillite, c’est faux ! Il n’y a pas de faillite et il n’y a pas de dérapage ! Les gens, qui disent cette petite musique, sont responsables du sentiment anxiogène des citoyens ». A sa suite, Gilles Giovannangeli dénonce un amalgame : « Il ne faut pas confondre la situation de contrainte en termes de moyens et la santé financière de la CdC qui est plus qu’acceptable. Lorsque nous allons quitter notre mandat en 2028, la situation sera saine avec de bons indicateurs. Il n’y aura pas de mauvaises surprises ». Sur l’emprunt ? « La trajectoire est baissière : nous étions à 129 millions €, nous sommes aujourd’hui à 111 millions €, nous serons à moins de 110 millions € dans les prochaines années. Une annuité d’emprunt autour de 100 millions €, c’est acceptable pour notre collectivité, c’est une trajectoire stabilisée qui va s’inverser ». Gilles Simeoni annonce que l’effort demandé par le gouvernement augmentera l’année prochaine. Pour lui, il faut changer de paramètres : « A droit constant, nous allons à l’échec. Les maires des petites communes sont dans l’impasse budgétaire. La majeure partie des 19 intercos corses n’ont pas les moyens d’assumer, ne serait-ce que la compétence déchets ». L’urgence, poursuit-il, est de dégager de nouvelles recettes, « y compris dans un statut d’autonomie » par le biais de la TVA et des transactions immobilières. « Si on prend quelques points en plus de TVA, l’essentiel de nos problèmes est réglé. Cela ne nous empêche pas d’être rigoureux, mais être rigoureux, ce n’est pas avoir un budget de rigueur ». L’opposition ayant globalement voté contre, le budget a été adopté avec les seules voix de la majorité.
N.M.
La majorité territoriale monte au créneau en mode offensif pour défendre le budget et « reposer les réalités ». Louis Pozzo di Borgo aligne les chiffres préoccupants des départements français « qui tirent la sonnette d’alarme et qui sont plongés dans des situations de quasi-faillite. L’Etat demande d’énormes efforts aux collectivités qui doivent s’adapter, mais sans réelles ressources. Nous avons des besoins exponentiels et nous avons des ressources décroissantes sans commune mesure avec nos besoins ». Et de certifier : « Ce n’est pas la fusion qui est responsable des difficultés d’aujourd’hui ! ». Quant à mobiliser l’épargne corse, encore faut-il donner confiance, « Ce n’est pas en brossant un tableau noir qu’on va donner confiance aux Corses ! ». Il assène : « La CdC n’est pas en situation de quasi-faillite, c’est faux ! Il n’y a pas de faillite et il n’y a pas de dérapage ! Les gens, qui disent cette petite musique, sont responsables du sentiment anxiogène des citoyens ». A sa suite, Gilles Giovannangeli dénonce un amalgame : « Il ne faut pas confondre la situation de contrainte en termes de moyens et la santé financière de la CdC qui est plus qu’acceptable. Lorsque nous allons quitter notre mandat en 2028, la situation sera saine avec de bons indicateurs. Il n’y aura pas de mauvaises surprises ». Sur l’emprunt ? « La trajectoire est baissière : nous étions à 129 millions €, nous sommes aujourd’hui à 111 millions €, nous serons à moins de 110 millions € dans les prochaines années. Une annuité d’emprunt autour de 100 millions €, c’est acceptable pour notre collectivité, c’est une trajectoire stabilisée qui va s’inverser ». Gilles Simeoni annonce que l’effort demandé par le gouvernement augmentera l’année prochaine. Pour lui, il faut changer de paramètres : « A droit constant, nous allons à l’échec. Les maires des petites communes sont dans l’impasse budgétaire. La majeure partie des 19 intercos corses n’ont pas les moyens d’assumer, ne serait-ce que la compétence déchets ». L’urgence, poursuit-il, est de dégager de nouvelles recettes, « y compris dans un statut d’autonomie » par le biais de la TVA et des transactions immobilières. « Si on prend quelques points en plus de TVA, l’essentiel de nos problèmes est réglé. Cela ne nous empêche pas d’être rigoureux, mais être rigoureux, ce n’est pas avoir un budget de rigueur ». L’opposition ayant globalement voté contre, le budget a été adopté avec les seules voix de la majorité.
N.M.