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Avec le réchauffement climatique, le ver de feu menace d’envahir la Méditerranée


La rédaction avec l'AFP le Vendredi 23 Août 2024 à 17:17

Ce ver marin fréquent en Méditerranée orientale gagne du terrain vers le Nord à la faveur du réchauffement climatique. Prédateur vorace, cette espèce qui dispose de poils urticants qui provoquent des brûlures, impacte de plus en plus l’activité des pêcheurs siciliens.



(Hermodice carunculata), St. Elmo Bay, Valletta, Malta
(Hermodice carunculata), St. Elmo Bay, Valletta, Malta
Il ressemble à un gros mille-pattes rouge, vert, jaune, ou blanchâtre, à ceci près qu’il vit sous la mer. L’Hermodice carunculta, dit ver de feu ou ver barbelé, gagne du terrain en Méditerranée à la faveur du réchauffement climatique, et c’est loin d’être une bonne nouvelle. Cette espèce envahissante fréquente en Méditerranée orientale dévore en effet tous les poissons prisonniers de filets ou les coraux qui ont le malheur de se trouver sur sa route. Causant ainsi d’importantes pertes aux pêcheurs. « Ils mangent la tête, tout le corps et éviscèrent les poissons », déplorait Alfonso Barone, pêcheur dans le Sud-Est de la Sicile, auprès de l’AFP fin juillet, dévoilant qu'ils mangent désormais « 70% des prises ». Ce prédateur vorace qui fait en moyenne 15 à 30 cm mais qui peut atteindre 50 cm, dispose de plus de poils blancs au venin urticant qui se détachent au moindre contact et rentrent dans la peau, provoquant des brûlures à ceux qui s’en approchent trop près. 
 
Présent dans les eaux siciliennes depuis longtemps, le ver de feu n’y était autrefois observé que durant l’été. Des spécimens de plus en plus nombreux y prospèrent désormais tout au long de l’année. « Il y en a des quantités impressionnantes dans des eaux très peu profondes », indiquait il y a quelques semaines à l’AFP le zoologue Francesco Tiralongo. « C’est une espèce opportuniste qui se comporte à la fois comme un prédateur et un charognard », ajoutait-il en faisant état d’une découverte étonnante : « On ne peut pas tuer un ver de feu en le coupant en deux, car il a d’excellentes capacités de régénération. Si vous le coupez en deux, non seulement la partie avec la tête régénère une partie arrière, mais la partie arrière parvient elle aussi à reconstituer une tête en 22 jours environ ».
 
 Ce scientifique qui dirige un projet de recherche de l’université de Catane étudiant ce phénomène, affirme en outre avoir recensé des observations de vers de feu en Calabre, laissant penser que l’espèce remonte la botte italienne et étend son aire de répartition vers le Nord. Alors qu’elle était jusqu’ici absente du bassin occidental de la Méditerranée, du fait de ses eaux trop froides pour cet organisme, sa prolifération y est en effet désormais favorisée par des eaux de plus en plus chaudes, la température de la Méditerranée ayant augmenté d’environ 1,2°C au cours des 40 dernières années. 
 
Selon le site de Données d’Observations pour la Reconnaissance et l’Identification de la faune et la flore Subaquatiques (DORIS) de la fédération française de plongée, certains témoignages récents font état de vers de feu recensés du côté de Marseille et de Mandelieu. Aucun spécimen n’a toutefois encore jamais été observé dans les eaux corses.