Le groupe Barbara Furtuna : Jean-Philippe Giussani, André Dominici, Maxime Merlandi et Jean-Pierre Marchetti.
- Que se passe-t-il le 30 avril au théâtre de Bastia ?
- Jean-Philippe Giussani : Nous présentons un concert inédit dans le cadre de la programmation du théâtre de Bastia. Ce sera une création spéciale pour cette occasion et inhabituelle par rapport à notre image. Un spectacle unique dans la mesure où il ne sera joué qu’à Bastia. Nous ne le rejouerons pas ailleurs. Du moins, ce n’est pas prévu.
- André Dominici : Ce concert est vraiment unique ! Il n’a pas vocation à être refait. Il part d’une envie liée à la scène du théâtre de Bastia. On ne pouvait pas venir sur cette scène sans créer quelque chose de particulier.
- En quoi ce concert est-il exceptionnel ?
- Jean-Philippe Giussani : L’image de Barbara Furtuna est celle d’un groupe vocal de quatre hommes. Là, nous serons neuf sur scène avec des musiciens. L’idée est de présenter des gens que nous avons rencontrés tout au long de notre parcours, lors de créations que nous avons faites ou auxquelles nous avons participé. Nous avons invité un musicien de l’Arpeggiata, deux musiciens belges avec qui nous venons de faire une création en Belgique et une tournée en décembre dernier, un musicien avec qui nous avions fait une tournée de chants de Noël dans le Sud de la France… Egalement, des musiciens corses avec lesquels nous avons travaillé, notamment Fabrice Andreani qui est devenu un collaborateur depuis le dernier album. Il a participé à la conception du nouvel album que nous sommes en train d’enregistrer.
- Présenterez-vous de nouvelles versions de vos succès ?
- Jean-Philippe Giussani : Oui ! Pour l’occasion, nous avons réarrangé certains titres de notre répertoire. Nous les magnifions par des instruments : un piano, un accordéon, un violoncelle, une contrebasse, des percussions, des guitares et une cetera. Nous garderons quelques titres en vocal, mais ce n’est pas le but de ce concert. Notre but est de peaufiner l’interprétation, aussi bien au niveau artistique qu’au niveau technique. Nous allons travailler sur le son, sur la conception lumière, sur la scénographie…
- André Dominici : C’est vraiment la première fois que nous avons l’occasion de le faire de manière aussi poussée dans le cadre d’une résidence et en revisitant notre répertoire avec des instruments.
- Ce concert clôturera, justement, quatre jours de résidence au théâtre. En quoi consiste cette résidence ?
- Jean-Philippe Giussani : La résidence fait partie intégrante de la création. L’idée consiste à travailler en amont pour mettre en place la technique, les instruments, une scénographie… Nous voulons essayer de surprendre, de faire bouger les lignes, de bousculer cette image un peu figée d’un groupe vocal de quatre hommes sur une scène.
- André Dominici : Ce travail de création est intéressant. Il nous permet de condenser l’histoire du groupe Barbara Furtuna, de ses créations, de ses diverses rencontres et collaborations, de ces scènes où nous nous sommes produits un peu partout dans le monde… pour en faire une seule histoire. Nous allons travailler autour des musiciens, des instruments, pour tenter de concentrer, en près de deux heures, sur la scène du théâtre, le temps de notre histoire et partager ces expériences avec le public. C’est toute la difficulté de ce travail.
- Cette programmation au théâtre de Bastia est-ce une première pour le groupe ?
- Jean-Philippe Giussani : Oui ! En tant que Barbara Furtuna, c’est notre première programmation. Se produire sur cette scène n’est pas anodin ! Le théâtre de Bastia nous a servi d’éveil musical, nous y avons, chacun, notre propre expérience. Nous y avons vu des artistes qui nous ont marqués : Nina Simone, Léo Ferré… Etre sur ce plateau-là a, pour nous, peut-être, plus d’importance que d’être sur n’importe quelle autre scène ailleurs, où nous n’avons pas le même historique. C’est une reconnaissance, une légitimité, qui nous sont accordées. En même temps, paradoxalement, cette scène nous impressionne ! C’est une des scènes les plus difficiles !
- André Dominici : C’est une première très importante. Le théâtre de Bastia et son histoire représentent beaucoup pour nous. Dans ces fauteuils, nous nous sommes surpris à rêver… A rêver à un autre monde, au plaisir qu’est la musique ! Et, puis un jour, on nous dit : « Viens rêver ! Tu peux, maintenant, rêver sur cette scène ! On peut te regarder rêver ! On peut même rêver avec toi ! ». Alors, rêvons ! Nous ne pouvons pas arriver sur cette scène sans cette idée d’une sublimation du groupe. Nous avons vraiment pensé et cristallisé ce concert pour le théâtre de Bastia et, au delà du théâtre, pour un public bastiais et, surtout, corse. C’est une étape nouvelle et plus compliquée.
- Pourquoi est-ce plus difficile ?
- Jean-Philippe Giussani : Parce que nous jouons à la maison, devant les nôtres ! C’est toute la différence avec les grandes salles que nous avons connues sur le continent ou à l’étranger et où nous étions des outsiders. Nous ne pouvions que surprendre puisque les gens ne nous attendaient pas forcément. Alors qu’à Bastia, nous avons le sentiment d’être un peu plus attendus ! Nous avons, en Corse, un parcours un peu particulier. Comme nous avons beaucoup travaillé sur le continent et à l’étranger, les gens nous considèrent comme des ambassadeurs du chant corse. Ils ont souvent des échos de notre travail sans avoir vraiment validé la connaissance de notre groupe, sans avoir vraiment assister à un concert ou acheter un album. Nous avons besoin d’avoir, sur l’île, une existence plus légitime. Nous avons envie d’un public corse, fidélisé qui connaît le groupe et le suit.
- André Dominici : On a toujours du mal à se livrer devant les siens, devant la famille. Il est beaucoup plus simple de chanter à New-York que dans le salon devant ses proches ! Mais, c’est une belle expérience.
- Jean-Philippe Giussani : Nous présentons un concert inédit dans le cadre de la programmation du théâtre de Bastia. Ce sera une création spéciale pour cette occasion et inhabituelle par rapport à notre image. Un spectacle unique dans la mesure où il ne sera joué qu’à Bastia. Nous ne le rejouerons pas ailleurs. Du moins, ce n’est pas prévu.
- André Dominici : Ce concert est vraiment unique ! Il n’a pas vocation à être refait. Il part d’une envie liée à la scène du théâtre de Bastia. On ne pouvait pas venir sur cette scène sans créer quelque chose de particulier.
- En quoi ce concert est-il exceptionnel ?
- Jean-Philippe Giussani : L’image de Barbara Furtuna est celle d’un groupe vocal de quatre hommes. Là, nous serons neuf sur scène avec des musiciens. L’idée est de présenter des gens que nous avons rencontrés tout au long de notre parcours, lors de créations que nous avons faites ou auxquelles nous avons participé. Nous avons invité un musicien de l’Arpeggiata, deux musiciens belges avec qui nous venons de faire une création en Belgique et une tournée en décembre dernier, un musicien avec qui nous avions fait une tournée de chants de Noël dans le Sud de la France… Egalement, des musiciens corses avec lesquels nous avons travaillé, notamment Fabrice Andreani qui est devenu un collaborateur depuis le dernier album. Il a participé à la conception du nouvel album que nous sommes en train d’enregistrer.
- Présenterez-vous de nouvelles versions de vos succès ?
- Jean-Philippe Giussani : Oui ! Pour l’occasion, nous avons réarrangé certains titres de notre répertoire. Nous les magnifions par des instruments : un piano, un accordéon, un violoncelle, une contrebasse, des percussions, des guitares et une cetera. Nous garderons quelques titres en vocal, mais ce n’est pas le but de ce concert. Notre but est de peaufiner l’interprétation, aussi bien au niveau artistique qu’au niveau technique. Nous allons travailler sur le son, sur la conception lumière, sur la scénographie…
- André Dominici : C’est vraiment la première fois que nous avons l’occasion de le faire de manière aussi poussée dans le cadre d’une résidence et en revisitant notre répertoire avec des instruments.
- Ce concert clôturera, justement, quatre jours de résidence au théâtre. En quoi consiste cette résidence ?
- Jean-Philippe Giussani : La résidence fait partie intégrante de la création. L’idée consiste à travailler en amont pour mettre en place la technique, les instruments, une scénographie… Nous voulons essayer de surprendre, de faire bouger les lignes, de bousculer cette image un peu figée d’un groupe vocal de quatre hommes sur une scène.
- André Dominici : Ce travail de création est intéressant. Il nous permet de condenser l’histoire du groupe Barbara Furtuna, de ses créations, de ses diverses rencontres et collaborations, de ces scènes où nous nous sommes produits un peu partout dans le monde… pour en faire une seule histoire. Nous allons travailler autour des musiciens, des instruments, pour tenter de concentrer, en près de deux heures, sur la scène du théâtre, le temps de notre histoire et partager ces expériences avec le public. C’est toute la difficulté de ce travail.
- Cette programmation au théâtre de Bastia est-ce une première pour le groupe ?
- Jean-Philippe Giussani : Oui ! En tant que Barbara Furtuna, c’est notre première programmation. Se produire sur cette scène n’est pas anodin ! Le théâtre de Bastia nous a servi d’éveil musical, nous y avons, chacun, notre propre expérience. Nous y avons vu des artistes qui nous ont marqués : Nina Simone, Léo Ferré… Etre sur ce plateau-là a, pour nous, peut-être, plus d’importance que d’être sur n’importe quelle autre scène ailleurs, où nous n’avons pas le même historique. C’est une reconnaissance, une légitimité, qui nous sont accordées. En même temps, paradoxalement, cette scène nous impressionne ! C’est une des scènes les plus difficiles !
- André Dominici : C’est une première très importante. Le théâtre de Bastia et son histoire représentent beaucoup pour nous. Dans ces fauteuils, nous nous sommes surpris à rêver… A rêver à un autre monde, au plaisir qu’est la musique ! Et, puis un jour, on nous dit : « Viens rêver ! Tu peux, maintenant, rêver sur cette scène ! On peut te regarder rêver ! On peut même rêver avec toi ! ». Alors, rêvons ! Nous ne pouvons pas arriver sur cette scène sans cette idée d’une sublimation du groupe. Nous avons vraiment pensé et cristallisé ce concert pour le théâtre de Bastia et, au delà du théâtre, pour un public bastiais et, surtout, corse. C’est une étape nouvelle et plus compliquée.
- Pourquoi est-ce plus difficile ?
- Jean-Philippe Giussani : Parce que nous jouons à la maison, devant les nôtres ! C’est toute la différence avec les grandes salles que nous avons connues sur le continent ou à l’étranger et où nous étions des outsiders. Nous ne pouvions que surprendre puisque les gens ne nous attendaient pas forcément. Alors qu’à Bastia, nous avons le sentiment d’être un peu plus attendus ! Nous avons, en Corse, un parcours un peu particulier. Comme nous avons beaucoup travaillé sur le continent et à l’étranger, les gens nous considèrent comme des ambassadeurs du chant corse. Ils ont souvent des échos de notre travail sans avoir vraiment validé la connaissance de notre groupe, sans avoir vraiment assister à un concert ou acheter un album. Nous avons besoin d’avoir, sur l’île, une existence plus légitime. Nous avons envie d’un public corse, fidélisé qui connaît le groupe et le suit.
- André Dominici : On a toujours du mal à se livrer devant les siens, devant la famille. Il est beaucoup plus simple de chanter à New-York que dans le salon devant ses proches ! Mais, c’est une belle expérience.
- Vous venez de signer chez Universal. Est-ce l’enregistrement avec Placido Domingo qui a permis ce grand pas en avant ?
- Jean-Philippe Giussani : Non, je ne crois pas ! La vraie cause de cette signature est l’enregistrement de notre précédent album Si vita si, qui a été un déclencheur. Nous avons, à ce moment-là, fait un pas en avant, en passant d’une formation vocale à un disque plus instrumental. Parce qu’ils la connaissent mal, les insulaires sont un peu méfiants vis-à-vis des polyphonies purement a capella. Je pense que le public insulaire a besoin de se construire dans une musique qui apporte une certaine forme de plaisir, une notion qu’il ne retrouve pas forcément dans le chant sacré qui a un rôle plus social. Ce pas, que nous avons fait, correspond à un besoin. La démarche à quatre engendre une forme de repli intime. Nous avons ressenti le besoin de nous ouvrir aux autres, d’élargir le cercle, la bulle. Cette démarche a été validée par Universal.
- Que pouvez-vous nous dire de votre prochain album ?
- Jean-Philippe Giussani : Le nouvel album, que nous sommes en train d’enregistrer, ne sera quasiment pas a capella. Il y aura, évidemment, des nouveaux titres, mais aussi quelques anciens, le tout orchestré différemment. Nous bénéficions, avec Universal, de moyens que nous n’aurions pas eu tout seuls ! La consigne reste le groupe vocal, car nous sommes tous conscients que notre passeport est dans nos voix. Mais, les voix sont sublimées par la musique qui sert d’écrin.
- Comment avez-vous vécu cette mutation du vocal à l’instrumental ?
- André Dominici : Nous avons du faire un travail en deux temps. D’abord, un travail psychologique pour arriver à chanter vraiment dans un cadre musical établi où il faut trouver un équilibre entre l’instrument et la voix. Ensuite, un travail plus mécanique lors des répétitions où il faut arriver à s’isoler soi-même pour servir le collectif. La vraie démarche a été, dans cet enregistrement, de réussir à s’isoler vraiment. Au début, nous étions un peu sceptiques. Nous ne savions pas si le résultat allait sonner ! Nous en avons beaucoup parlé entre nous. Finalement, nous avons compris que cette isolation était une très bonne solution. Les premières écoutes l’ont confirmée.
- Le résultat a-t-il été à la hauteur de vos attentes ?
- André Dominici : Oui ! Nous avons atteint et même dépassé notre objectif. Nous avons été agréablement surpris, ce qui, pour nous, est compliqué parce que nous sommes très exigeants, nous pensons toujours que nous pouvons faire mieux ! Nous avons, aussi, rencontré un bon partenaire en Christophe Voisin, le réalisateur de l’album, qui a su trouver la bonne distance entre nous. Il savait où il voulait nous emmener, et nous avons cheminé ensemble.
- Jean-Philippe Giussani : Comme tous les réalisateurs, Christophe Voisin est un homme de l’ombre qui s’est mis au service de notre musique de manière étonnante. On connaît, tous, des albums qu’il a réalisés, mais on ne connaît pas son nom !
- Avez-vous fait appel à des collaborations extérieures pour l’écriture des titres ?
- Jean-Philippe Giussani : Non ! C’est toujours Maxime et moi qui faisons la première démarche d’écriture musicale et d’écriture des textes. Un travail collectif est fait, ensuite, avec le groupe au niveau des arrangements. Au niveau vocal, chaque membre du groupe a eu plus de place que d’habitude. Auparavant, nous étions, tous, au service d’une harmonie plus qu’au service d’une voix. Aujourd’hui, le défi est : comment être soi-même tout en étant au service des autres ? Je pense que, cette fois, chacun a pu, individuellement, mieux réaliser sa propre identité tout en servant l’album, tout en trouvant sa place au sein d’un collectif.
- André Dominici : Cela dit, la notion de groupe est vraiment la clé. Chanter seul à quatre, ça ne marche pas ! Il a fallu trouver notre identité tout en servant cet objectif. Nous nous demandons toujours : est-ce que là je suis juste ? Pas dans la justesse des notes, mais dans la justesse de l’humeur ! L’équilibre est très fragile ! C’est là-dessus qu’a porté le gros des répétitions. Le plus difficile n’est pas de savoir le texte, mais de se savoir…
- N’est-ce pas une démarche presque philosophique pour des notes et du chant ?
- Jean-Philippe Giussani : Oui ! Mais, la démarche est, pour nous, avant tout philosophique. C’est une démarche individuelle qui exige une introspection assez importante. Elle a été assez déstabilisante. Au départ, nous avons eu beaucoup de doutes, mais nous avons, à l’arrivée, une bonne surprise devant le résultat. C’est un peu ce qui s’est passé pour Christophe Voisin qui a fait les arrangements, quand il nous a dit les formations qu’il allait diriger pour notre album : un orchestre de cordes, des percussions, des guitares... Il a utilisé tous les instruments que nous voulions et les a mis au service de la musique. Il nous disait : « Je ne ne veux surtout pas qu’on dise : quelle belle instrumentation autour des chants ! Je veux qu’on les oublie totalement ! Je veux qu’on oublie le travail qui a été fait ». Le travail a été, pour nous, très surprenant et, en plus, excitant.
- Qu’apporte la musique à vos voix ?
- André Dominici : La musique aide, souvent, à dire les choses avec plus de force que lorsque nous les disons à quatre, dans notre dénuement. Les mots sont sublimés par les arrangements. Avec des violons, des guitares…, une phrase prend sa juste puissance. La musique est vraiment au service de l’équilibre des mots. Quand on est à quatre a capella, on chante, parfois, plus fort pour se faire entendre. Là, en occurrence, la musique aide à dire des choses très fortes avec des mots très doux, à nous apaiser pour nous donner plus de puissance. Elle est un écho à nos paroles, les grandit et les rend, aussi, plus esthétiques.
- Jean-Philippe Giussani : Nous ne sommes pas éloignés de ce que nous savons faire. Le chant est, juste, plus rythmique. La musique est comme un résonateur. L’album est, de ce fait, beaucoup plus large que les précédents et beaucoup plus consistant.
- Pensez-vous toucher un autre public ?
- Jean-Philippe Giussani : Peut-être ! Mais, nous n’y avons pas pensé. Nous ne nous sommes pas vraiment souciés de cet aspect-là. La maison de disques, peut-être ! Elle est plus axée sur le marketing, c’est son rôle. Peut-être, cet album parlera-t-il à un plus grand nombre de gens. On verra bien !
Propos recueillis par Nicole MARI.
- Jean-Philippe Giussani : Non, je ne crois pas ! La vraie cause de cette signature est l’enregistrement de notre précédent album Si vita si, qui a été un déclencheur. Nous avons, à ce moment-là, fait un pas en avant, en passant d’une formation vocale à un disque plus instrumental. Parce qu’ils la connaissent mal, les insulaires sont un peu méfiants vis-à-vis des polyphonies purement a capella. Je pense que le public insulaire a besoin de se construire dans une musique qui apporte une certaine forme de plaisir, une notion qu’il ne retrouve pas forcément dans le chant sacré qui a un rôle plus social. Ce pas, que nous avons fait, correspond à un besoin. La démarche à quatre engendre une forme de repli intime. Nous avons ressenti le besoin de nous ouvrir aux autres, d’élargir le cercle, la bulle. Cette démarche a été validée par Universal.
- Que pouvez-vous nous dire de votre prochain album ?
- Jean-Philippe Giussani : Le nouvel album, que nous sommes en train d’enregistrer, ne sera quasiment pas a capella. Il y aura, évidemment, des nouveaux titres, mais aussi quelques anciens, le tout orchestré différemment. Nous bénéficions, avec Universal, de moyens que nous n’aurions pas eu tout seuls ! La consigne reste le groupe vocal, car nous sommes tous conscients que notre passeport est dans nos voix. Mais, les voix sont sublimées par la musique qui sert d’écrin.
- Comment avez-vous vécu cette mutation du vocal à l’instrumental ?
- André Dominici : Nous avons du faire un travail en deux temps. D’abord, un travail psychologique pour arriver à chanter vraiment dans un cadre musical établi où il faut trouver un équilibre entre l’instrument et la voix. Ensuite, un travail plus mécanique lors des répétitions où il faut arriver à s’isoler soi-même pour servir le collectif. La vraie démarche a été, dans cet enregistrement, de réussir à s’isoler vraiment. Au début, nous étions un peu sceptiques. Nous ne savions pas si le résultat allait sonner ! Nous en avons beaucoup parlé entre nous. Finalement, nous avons compris que cette isolation était une très bonne solution. Les premières écoutes l’ont confirmée.
- Le résultat a-t-il été à la hauteur de vos attentes ?
- André Dominici : Oui ! Nous avons atteint et même dépassé notre objectif. Nous avons été agréablement surpris, ce qui, pour nous, est compliqué parce que nous sommes très exigeants, nous pensons toujours que nous pouvons faire mieux ! Nous avons, aussi, rencontré un bon partenaire en Christophe Voisin, le réalisateur de l’album, qui a su trouver la bonne distance entre nous. Il savait où il voulait nous emmener, et nous avons cheminé ensemble.
- Jean-Philippe Giussani : Comme tous les réalisateurs, Christophe Voisin est un homme de l’ombre qui s’est mis au service de notre musique de manière étonnante. On connaît, tous, des albums qu’il a réalisés, mais on ne connaît pas son nom !
- Avez-vous fait appel à des collaborations extérieures pour l’écriture des titres ?
- Jean-Philippe Giussani : Non ! C’est toujours Maxime et moi qui faisons la première démarche d’écriture musicale et d’écriture des textes. Un travail collectif est fait, ensuite, avec le groupe au niveau des arrangements. Au niveau vocal, chaque membre du groupe a eu plus de place que d’habitude. Auparavant, nous étions, tous, au service d’une harmonie plus qu’au service d’une voix. Aujourd’hui, le défi est : comment être soi-même tout en étant au service des autres ? Je pense que, cette fois, chacun a pu, individuellement, mieux réaliser sa propre identité tout en servant l’album, tout en trouvant sa place au sein d’un collectif.
- André Dominici : Cela dit, la notion de groupe est vraiment la clé. Chanter seul à quatre, ça ne marche pas ! Il a fallu trouver notre identité tout en servant cet objectif. Nous nous demandons toujours : est-ce que là je suis juste ? Pas dans la justesse des notes, mais dans la justesse de l’humeur ! L’équilibre est très fragile ! C’est là-dessus qu’a porté le gros des répétitions. Le plus difficile n’est pas de savoir le texte, mais de se savoir…
- N’est-ce pas une démarche presque philosophique pour des notes et du chant ?
- Jean-Philippe Giussani : Oui ! Mais, la démarche est, pour nous, avant tout philosophique. C’est une démarche individuelle qui exige une introspection assez importante. Elle a été assez déstabilisante. Au départ, nous avons eu beaucoup de doutes, mais nous avons, à l’arrivée, une bonne surprise devant le résultat. C’est un peu ce qui s’est passé pour Christophe Voisin qui a fait les arrangements, quand il nous a dit les formations qu’il allait diriger pour notre album : un orchestre de cordes, des percussions, des guitares... Il a utilisé tous les instruments que nous voulions et les a mis au service de la musique. Il nous disait : « Je ne ne veux surtout pas qu’on dise : quelle belle instrumentation autour des chants ! Je veux qu’on les oublie totalement ! Je veux qu’on oublie le travail qui a été fait ». Le travail a été, pour nous, très surprenant et, en plus, excitant.
- Qu’apporte la musique à vos voix ?
- André Dominici : La musique aide, souvent, à dire les choses avec plus de force que lorsque nous les disons à quatre, dans notre dénuement. Les mots sont sublimés par les arrangements. Avec des violons, des guitares…, une phrase prend sa juste puissance. La musique est vraiment au service de l’équilibre des mots. Quand on est à quatre a capella, on chante, parfois, plus fort pour se faire entendre. Là, en occurrence, la musique aide à dire des choses très fortes avec des mots très doux, à nous apaiser pour nous donner plus de puissance. Elle est un écho à nos paroles, les grandit et les rend, aussi, plus esthétiques.
- Jean-Philippe Giussani : Nous ne sommes pas éloignés de ce que nous savons faire. Le chant est, juste, plus rythmique. La musique est comme un résonateur. L’album est, de ce fait, beaucoup plus large que les précédents et beaucoup plus consistant.
- Pensez-vous toucher un autre public ?
- Jean-Philippe Giussani : Peut-être ! Mais, nous n’y avons pas pensé. Nous ne nous sommes pas vraiment souciés de cet aspect-là. La maison de disques, peut-être ! Elle est plus axée sur le marketing, c’est son rôle. Peut-être, cet album parlera-t-il à un plus grand nombre de gens. On verra bien !
Propos recueillis par Nicole MARI.