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Bastia : Lisandru de Zerbi démis de ses fonctions au conseil municipal


David Ravier le Vendredi 6 Septembre 2024 à 08:05

Le militant associatif, adjoint à la mairie depuis 2020 chargé de la promotion de la langue et de la culture corse auprès de la première municipalité nationaliste de l’île, a été démis de ses fonctions lors du Conseil municipal du 5 septembre.



Lisandru de Zerbi, fraîchement démis de ses fonctions, à la sortie du conseil municipal de Bastia.
Lisandru de Zerbi, fraîchement démis de ses fonctions, à la sortie du conseil municipal de Bastia.
Quarante minutes, c’est le temps qu’il aura fallu pour balayer quatre ans d’engagement politique. Ce jeudi 5 septembre à la mairie de Bastia, toute l’assistance attendait de connaître le sort réservé à Lisandru de Zerbi, huitième adjoint au maire chargé de la promotion de la langue et la culture corse et de la jeunesse. Le militant associatif, engagé sur la liste de Pierre Savelli lors de l’élection municipale de 2020, a fait part depuis plusieurs mois des dissensions grandissantes qui existaient entre lui et le maire Pierre Savelli. Lisandru de Zerbi reproche notamment au premier édile le reniement de ses engagements pris au moment de sa prise de fonction en 2020. Après des mois de faux-semblants, l’ordre du jour du Conseil municipal devait décider si Lisandru de Zerbi devait être démis de ses fonctions et supprimer son poste d’adjoint. 


Rarement les travées du Conseil municipal ont été si fréquentées. Tous les sièges ont été pris d’assaut pour cette séance de rentrée, à tel point que nombre de spectateurs sont restés debout au fond de la salle. Juste avant le début du conseil, Lisandru de Zerbi a pris le temps de saluer toutes les personnes du public venues le soutenir dans cette épreuve. Il le sait, cette séance du Conseil municipal sera sa dernière. Déjà, depuis le 5 août dernier, la municipalité lui a retiré son pouvoir de fonction et de signature en matière de langue, culture corse et jeunesse. Son rôle n’est donc plus que figuratif, et cette séquence sert avant tout à clarifier la situation. 

« Un lynchage d’une violence inouïe »

Lisandru de Zerbi a pu compter sur le soutien des élus de l’opposition, que ce soit de la part de Jean-Martin Mondoloni ou encore de Julien Morganti qui a souligné que « sanctionner un membre de sa majorité lorsqu’il y a un désaccord politique, ça peut se comprendre, mais passer au vote pour expulser un adjoint, ce n’est pas politique, c’est un lynchage d’une violence inouïe », et qui s’est abstenu.
L’élu n’a d’ailleurs pas manqué de rappeler que c’était la deuxième fois dans l’histoire du Conseil municipal de Bastia qu’un adjoint était exclu de son poste, et qu'à deux reprises cela s'était déroulé sous la même majorité, « c’est révélateur de votre conception de la pluralité et de la diversité au sein de votre équipe », raille-t-il. À deux reprises, les fortes déclarations de soutiens critiques vis-à-vis du comportement de la majorité ont été suivies d’applaudissements nourris, aussitôt réprimés par le maire, qui n’a pas manqué de rappeler que ce genre de manifestation n’avait pas leur place lors des séances du Conseil municipal.  

Si d’autres interventions ont suivi, la plus attendue est celle du principal intéressé, qui a tenu à expliquer la genèse de son désaccord avec le maire.
« J’ai fait le choix en mars et en juin de ne pas prendre acte de la présentation du document d’orientation budgétaire, parce qu’il ne prenait pas suffisamment en compte les besoins d’une politique linguistique déterminée, sans être hors-sol ou capricieuse, mais plutôt en cohérence avec l’ambition que devrait avoir une majorité nationaliste », précise-t-il avant d’ajouter : « Si nous en sommes là, c’est parce que j’ai rendu public le fait qu’un pouvoir que je n’ai jamais formulé a malheureusement approuvé ce fameux budget ». Si cette usurpation d’identité a vite été corrigée, le mal était fait pour Lisandru de Zerbi, qui a préféré se mettre en retrait du groupe majoritaire, arguant que « sa liberté d’expression ne s’achète pas ».
Enfin, avant la mise au vote, Pierre Savelli a tenu à expliquer son choix de démettre son adjoint : « Nous sommes arrivés au bout du chemin que nous avons parcouru ensemble. Nous n’avons pas à rougir du chemin parcouru, ni sur le plan politique et militant ni sur le plan de l’action municipale en matière de langue et de culture corse ».
S’il est tout d’abord revenu sur les succès portés par la municipalité avec l’aide de Lisandru de Zerbi, le premier édile a tenu à être ferme, estimant que les propos tenus par son adjoint dans la presse à l’encontre de l’équipe municipale n’étaient pas compatibles avec sa fonction. « Faute de démission de sa part, le retrait des délégations et le non-maintien de ses fonctions d’adjoint sont la suite logique de cette prise d’acte ».


Sans surprises et malgré des votants très timides, à l’issue des délibérations, Lisandru de Zerbi a été démis de ses fonctions et son poste a été supprimé.