Au barrage de Peri, des centaines de poissons morts ont été découverts ces derniers jours. Le site, qui fournit irrigation, eau potable et hydroélectricité, fait l’objet de travaux de vidange et de confortement. Les pêcheurs, premiers à donner l'alerte, déplorent une mauvaise gestion des opérations de transfert de la faune, initialement prévues pour déplacer les poissons avant le début des travaux.
Construit en 1964 sur la rivière Grotta, le barrage de Peri retient habituellement 3 millions de m³ d'eau sur une surface de 48 hectares. Pour les travaux, des vidanges régulières sont prévues, et un arrêté préfectoral de juin 2024 précisait les étapes nécessaires. Selon la réglementation, la faune aquatique doit être récupérée par des filets adaptés pour éviter les blessures, puis transférée vers d’autres plans d’eau. La Fédération de pêche aurait ainsi soumis des devis pour cette opération, mais ceux-ci auraient été rejetés par l’organisme en charge des travaux, compromettant le transfert des poissons.
Faute de cette intervention, les eaux du barrage, classées en deuxième catégorie, sont désormais jonchées de sandres, perches, carpes et autres espèces d’eau douce mortes. D'autres poissons, regroupés dans les dernières mares d'eau, luttent pour survivre, et des ramassages sauvages de poissons ont été signalés. Des individus, utilisant des moyens souvent prohibés, se seraient rendus sur place pour récupérer les poissons, malgré l'interdiction de pêcher sur ce site. Alertés, les gendarmes ont dû intervenir pour disperser les contrevenants, mais l'absence de surveillance permanente laisse la zone vulnérable à de nouvelles incursions.
En parallèle, les pêcheurs pointent des incertitudes juridiques : le bail de pêche pour le barrage de Peri, octroyé par l’Office de l'équipement hydraulique de Corse (OEHC) à la Fédération de pêche, est arrivé à échéance sans renouvellement. Ce flou administratif contribue à une gestion fragmentée du site, laissant des questions sans réponse sur le suivi des écosystèmes aquatiques.
Face à cette situation, les pêcheurs appellent les autorités et les responsables de l’aménagement hydraulique à une réévaluation des procédures de vidange et de sauvegarde de la faune aquatique, pour éviter de nouvelles pertes environnementales.