
En décembre, Météo-France avait décrit l’évolution des températures et des précipitations attendues en métropole et en Corse au cours du siècle. Ce jeudi, l’observatoire publie la deuxième partie de ses travaux, cette fois-ci consacrée aux nouveaux records de chaleur, de pluies ou de sécheresses désormais possibles. Ces phénomènes, qui risquent de devenir plus fréquents, sont autant de catastrophes humaines, écologiques et matérielles qu’il conviendra d’anticiper.
Les travaux de Météo-France se basent sur la "Trajectoire de réchauffement de référence pour l'adaptation au changement climatique" (TRACC), un scénario qui a été retenu par le gouvernement pour orienter les politiques publiques. Selon ce scénario, toutes les stratégies doivent désormais intégrer la réalité d’un climat en réchauffement, comparé à l’époque préindustrielle. Ainsi, Météo-France prévoit une augmentation des températures de 2°C d’ici 2030 (contre environ 1,7°Cactuellement), de 2,7°C d’ici 2050, et de 4°C d’ici 2100. Cette projection à +4°C correspond à l'évolution réelle du climat en France si celui de la planète augmentait de 3°C au cours du siècle, à peu près la trajectoire actuelle.
50°C "POSSIBLE" DÈS 2050
C'est un paramètre scruté par les professionnels de santé, les travailleurs manuels, les personnes âgées: la durée et l'intensité des jours d'extrêmes chaleurs, au-dessus de 35°C. Atteindre cette marque à l'échelle nationale, cela arrivait une année sur deux à la fin du XXe siècle. En 2030, elle sera dépassée 1 à 5 jours par an, et 8 jours en 2100. Préoccupantes, car empêchant les corps de récupérer des forces pendant les canicules, les nuits chaudes (plus de 20°C) augmentent fortement: sur le littoral méditerranéen, elles représenteront jusqu'à un tiers de l'année (100 à 120 jours) en 2100. Soit plus du double de ce que vivent les Marseillais de nos jours et qui deviendrait la routine des Parisiens. Le seuil des 40°C, "extrêmement rare au XXe siècle", serait atteint tous les ans autour de 2100, tandis que des records locaux à 50°C "sont possibles dès l'horizon 2050" et "probables" en fin du siècle. Les canicules, de fin juin à fin août sous les présidences Mitterrand et Chirac, pourront survenir dès la mi-mai et jusqu'à fin septembre.
UN TIERS DE PLUIES SUPPLÉMENTAIRE EN UNE JOURNÉE
Outre les inquiétudes sur la répartition annuelle des pluies, les autorités doivent anticiper le danger d'inondations causées par de très forts cumuls sur une seule journée. Dans une France plus chaude de 4°C, les maximums annuels sur 24 heures augmentent partout, "de 15% en général et jusqu'à 30%". La moitié nord et les régions méditerranéennes sont les plus concernées.
LA SÉCHERESSE DE 2022 SERA "FRÉQUENTE EN ÉTÉ"
Même s'il tombe plus de pluies, le déséquilibre hiver/été et l'évapotranspiration accrue de la végétation sous la chaleur promettent de sévères sécheresses. Avis aux agriculteurs et aux pompiers: "le nombre de jours de sol sec augmente de 1 mois dans la moitié nord et jusqu'à 2 mois dans la moitié sud" dans une France à +4°C. "Les sécheresses deviennent fréquentes en été et en automne" et "peuvent s'étaler sur plusieurs années consécutives", comme l'expérimente déjà le Roussillon. La sécheresse exceptionnelle de 2022, où la quasi totalité des départements étaient en crise, devient un phénomène "fréquent en été".
PLUS DE RISQUE D'INCENDIE ET MOINS DE NEIGE
Le niveau "élevé" du risque d'incendies, aujourd'hui seulement déclenché dans les régions méridionales, va devenir familier à presque toutes les préfectures et casernes de pompiers. Dans une France à +4°C, le littoral méditerranéen, déjà très exposé, verra une "multiplication par 2 des jours de danger très élevé", soit localement 80 jours par an. Du côté de la neige, essentielle en montagne pour alimenter les rivières en été, l'hydroélectricité, le pastoralisme et les sports d'hiver, une double peine est attendue: moins de flocons (à moyenne altitude en hiver, partout au printemps) et une fonte plus rapide.