Aleria : C'était en Août 1975
Le 22 Aout 1975, les militants de l’Arc (Azzione pè a Rinascità di a Corsica) – une douzaine, armés de fusils de chasse- ont occupé une cave vinicole, à Aleria. L’Etat refusa tout dialogue et dépêcha une armada ; l’affrontement fut bref et sanglant : deux gendarmes tués, un militant grièvement blessé. Et de nombreux blessés. La Corse entra dès lors dans une période politique, grave, troublée, instable qui se prolonge actuellement et qui s’est soldée, après la radicalisation avec la création du FLNC en Mai 1976, par des milliers d’attentats, des dizaines de morts.
Quelle était la raison de cette action violente, de cette rébellion, assumée à visage découvert ? Simplement, l’île, après un abandon séculaire scandaleux, deux siècles de fidélité totale à la France, avec des pertes humaines majeures pendant les guerres nationales et coloniales, avait pris conscience de cet état de fait inacceptable et avait, dès le début des années 60, commencé à
protester et à s’organiser. (Lutte de l’Argentella en 1960 contre un projet d’installation nucléaire, luttes fiscales, défense du réseau ferré, luttes pour l’Université, contre le Schéma d’Aménagement, lutte contre les Boues Rouges...)
La perte de l’Algérie en 1962, avait conduit dans l’île 16.000 personnes dont la moitié d’origine corse. La mise en valeur qui avait été amorcée en 1957 a été alors détournée de son but - aider les Corses à sortir du sous-développement- pour secourir, dans l’urgence, les « Rapatriés » arrivés ici, dans leur immense majorité, dans le plus total dénuement ; ils avaient droit à la plus totale solidarité de l’Etat. Mais, le manque de bonne volonté de celui-ci, sa cécité, son absence totale d’équité, son refus de prendre en compte l’identité culturelle du peuple corse, la répression, avaient transformé la problématique identitaire en lutte de décolonisation, murant ainsi l’île dans le refus et dans la contestation croissante.
Depuis très longtemps, nous voulions inscrire ce lieu dans la mémoire de la Corse.
Sans renoncer à la lutte sur tous les terrains, nous avons laissé passer le temps pour faciliter la cicatrisation des plaies, ne pas aviver inutilement les antagonismes entre la Corse et la France, et pour permettre de trouver et de chercher des solutions transactionnelles, respectueuses des intérêts légitimes des parties.
Nous avons vivement regretté que la Cave d’Aléria qui avait été gravement endommagée, n’ait pas pu être sauvegardée mais des impératifs de sécurité ont conduit à sa démolition. Il y a quelques années, nous avons pris la décision avec quelques militants et en accord avec la municipalité d’Aléria, d’y ériger une stèle modeste. Non pas dans le but de glorifier et de commémorer la violence, de figer la situation, de constituer un brûlot de haine mais simplement de rappeler aux passants, corses et étrangers à l’île, que l’injustice génère toujours la révolte, que des hommes, jeunes, ont injustement payé de leur vie et de leur chair, ici, les errements de l’Etat . Chacun y sera invité au silence, à la réflexion pour chercher et trouver ensemble, en Corse comme ailleurs, les solutions qui privilégient la démocratie, le dialogue, les accords par rapport aux affrontements. Un peuple a le droit de vivre chez lui en paix et nul ne peut décider de son sort à sa place.
Nous avons vivement regretté que la Cave d’Aléria qui avait été gravement endommagée, n’ait pas pu être sauvegardée mais des impératifs de sécurité ont conduit à sa démolition. Il y a quelques années, nous avons pris la décision avec quelques militants et en accord avec la municipalité d’Aléria, d’y ériger une stèle modeste. Non pas dans le but de glorifier et de commémorer la violence, de figer la situation, de constituer un brûlot de haine mais simplement de rappeler aux passants, corses et étrangers à l’île, que l’injustice génère toujours la révolte, que des hommes, jeunes, ont injustement payé de leur vie et de leur chair, ici, les errements de l’Etat . Chacun y sera invité au silence, à la réflexion pour chercher et trouver ensemble, en Corse comme ailleurs, les solutions qui privilégient la démocratie, le dialogue, les accords par rapport aux affrontements. Un peuple a le droit de vivre chez lui en paix et nul ne peut décider de son sort à sa place.
Après le drame d’Aleria , immédiatement suivi par les graves évènements de Bastia, la Corse, qui n’a jamais agressé personne mais par contre a toujours subi les occupations étrangères, est entrée dans un période de turbulences qui dure depuis trente-neuf ans. Le refus total de la France – adossée à un clanisme local, archaïque- de reconnaître et de respecter notre identité collective, les pseudo-réformes sur un fond de répression sévère, de justices d’exception, de provocations – plus de soixante attentats de l’officine de polices parallèles Francia contre nos militants- ont créé une situation confuse, souvent complexe.
La Corse, dans ses forces vives, n’a pas accepté cette politique néfaste, l’a combattue sans arrêt. Le mouvement autonomiste a été en première ligne dès 1960. Certes, la lutte d’émancipation a créé de gros dommages matériels et humains. Le FLNC a consenti de lourds sacrifices –la liberté, la vie de nombreux militants- dans la perspective de l’indépendance ; il a commis des erreurs tragiques et ses deux composantes n’ont pas su éviter des affrontements fratricides qui ont généré la mort de nombreux militants. IL a interrompu définitivement toute action violente depuis le mois de Juin 2014. Une décision courageuse, responsable, porteuse d’espoir.
Aujourd’hui, rien n’est résolu mais la route de l’émancipation est désormais irrémédiablement ouverte ; le débat démocratique en Corse s’est approfondi, étoffé, élargi à toutes les couches de la société, dans l’île et dans la diaspora ; l’Assemblée de Corse qui est le lieu réel et symbolique du pouvoir de notre peuple s’est saisie des principales problématiques, élabore des solutions qui seront ultérieurement soumises au peuple, a engagé un dialogue avec l’Etat qui reste frileux, rétif, manœuvrier. La société civile doit s’impliquer désormais impérativement dans le débat.
Le mouvement nationaliste, dans sa diversité, constitue une part importante et active de la société corse et de la représentation politique insulaire ; il est soit à l’initiative des principales réformes soit il conforte toutes les autres démarches de progrès, initiés par différents acteurs de la société civile et politique.
Nous venons de créer une association « Aléria 1975 » qui organise une manifestation sur les lieux le 22 Août 2014. Une stèle sera érigée sur l’emplacement de l’ancienne Cave d’Aléria ; une manifestation associant le rappel du drame, la participation des associations et groupes culturels est en cours de préparation. Les modalités pratiques seront précisées ultérieurement.
Cette manifestation (confection de la stèle, aménagements locaux etc), va générer, en dépit du bénévolat de tous les intervenants locaux, des frais que nous avons évalués à environ 35.000 euros ; nous sommes donc contraints de faire appel à la générosité des militants, des
sympathisants et au-delà, de celles et ceux qui pensent qu’il est important de ne pas laisser sombrer dans l’oubli, la date du 22 Aout 1975. Le règlement peut être effectué par chèque bancaire à l’ordre de "Aléria 1975" et adressé à Bernard Pantalacci BP 1, 20 270 Aléria