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Lenteur de versement des aides de la PAC : les agriculteurs occupent la DTTM à Bastia


Andrea Petitjean le Lundi 23 Décembre 2024 à 11:44

À la veille du réveillon de Noël, les agriculteurs corses poussent un énième cri d'alarme. Rassemblés à la DDTM (Direction du territoire et de la mer) de Bastia ce lundi 23 décembre 2024 dès 9h30, une vingtaine d'agriculteurs se sont installés dans les locaux pour exprimer leur colère et leur détresse face au retard des aides de la PAC, mettant leurs exploitations en grande difficulté. Blocages administratifs, paiements non versés...



Joseph Colombani, président de la chambre d'agriculture de Haute-Corse et de la FDSEA 2B. Photo Corse Net Infos.
Joseph Colombani, président de la chambre d'agriculture de Haute-Corse et de la FDSEA 2B. Photo Corse Net Infos.
Ils sont une cinquantaine d'agriculteurs à se retrouver sans ressources pour les fêtes. La manifestation de colère, toujours en cours, vise à faire bouger les choses avant le 31 décembre, date après laquelle ces aides seront définitivement inaccessibles. Pour rappel, le premier palier de la PAC (Politique agricole commune) est principalement axé sur les aides directes aux agriculteurs, destinées à leur assurer un revenu minimum garanti.
Joseph Colombani, président de la chambre d'agriculture de Haute-Corse et de la FDSEA 2B, dénonce cette situation "jugée intenable", "marquée par des retards de paiements" et des complications administratives "qui ne cessent d'aggraver le quotidien des producteurs insulaires".
"C'est la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs de Haute-Corse et de Corse-du-Sud qui ont organisé cette manifestation", commence Joseph Colombani. L’objectif de cette mobilisation est clair : dénoncer le non-paiement des aides de la Politique agricole commune (PAC) à l’approche des fêtes de fin d'année. "Certains vont passer les fêtes sans leurs revenus, sans leurs aides, qui représentent entre 70 et 80 % de nos revenus, des sommes importantes et nécessaires pour la survie des exploitations. Ces aides nous servent à nourrir les bêtes, acheter du foin, en bref, faire vivre l’exploitation. C’est déjà dur avec les aides, mais alors sans...", confie-t-il.
 "Ces aides auraient dû être versées depuis quatre, cinq ans, et sont bloquées sans qu’on ne sache véritablement pourquoi, ni même qu’il y ait eu une notification de non-versement" ajoute-t-il.
Une situation qui génère une incompréhension et un sentiment d'abandon parmi les agriculteurs. Selon Joseph Colombani, lorsqu'ils sollicitent des informations, on leur répond que le dossier est "en cours." En réalité, les paiements ne viennent pas.

Le président de la chambre d'agriculture de Haute-Corse et de la FDSEA 2B alerte également sur une échéance fatidique : "Le 31 décembre, comme cela fera deux ans que les aides n’ont pas été activées, elles seront définitivement perdues pour les agriculteurs du Niolo et de la Corse. En effet, vous disposez de deux ans pour activer les aides, mais ça fait deux ans qu’elles n’ont pas été activées. Donc, passé le 31 décembre, ce sera foutu.

"C’est malhonnête et malsain"
Le problème est aggravé par l’absence de notifications officielles.
Joseph Colombani déplore : "Le problème de ne pas être notifié, c’est que vous ne pouvez pas faire de recours auprès des tribunaux administratifs. C’est malhonnête et malsain." L’absence de transparence dans le traitement des dossiers "rend l’accès à la justice administrative extrêmement difficile". Les agriculteurs se retrouvent donc dans une situation de blocage total, sans moyen de faire avancer leur dossier.

Une autre aide non versée, selon les agriculteurs, concerne celle des groupements pastoraux du Niolu qui est d'un montant moyen de 10 000 euros par an et par éleveur, et destinée principalement à financer l'achat de foin. Cette aide touche une cinquantaine d'agriculteurs, selon Joseph Colombani. "Impossible d’avoir depuis deux ans une concertation efficiente, ce qui est grave", déplore-t-il, soulignant l’incapacité des autorités à résoudre cette situation. Une situation d’autant plus "inacceptable" qu’il n’y a pas de véritable interlocuteur pour résoudre ces problèmes, selon Joseph Colombani.

"Tout le monde se plaint des difficultés administratives, mais en Corse c’est encore plus vrai"
Au cours de la matinée, Joseph Colombani et d'autres agriculteurs ont pu s'entretenir avec plusieurs responsables administratifs, notamment avec le secrétaire général de la préfecture, Arnaud Millemann et avec le DRAAF (Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt de Corse). "Tous connaissent le sujet et le déplorent", affirme Joseph Colombani. "Ils vont essayer de joindre Paris, mais c’est compliqué." Selon lui, bien que les difficultés administratives soient un problème à l’échelle nationale, la Corse semble être particulièrement mal lotie : "Tout le monde se plaint des difficultés administratives, mais en Corse c’est encore plus vrai."

Sous les bannières de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs, les agriculteurs mobilisés affirment être prêts à "passer Noël dans les locaux" de la DDTM si aucune réponse ne leur parvient de Paris. "Pour certains, cela dure depuis 4 à 5 ans, sans explication", déclare Joseph Colombani. Selon lui, parmi les 30 dossiers en suspens, 26 concernent des agriculteurs corses.
Cette situation laisse donc les agriculteurs insulaires dans une impasse, avec des aides bloquées et des démarches administratives qui se multiplient sans jamais aboutir.