Corte : Émotion et recueillement à la veillée d’hommage à Chloé

Il n’est même pas 18 heures que déjà les bancs de l’église paroissiale de l’Annonciation sont occupés par des dizaines de parents, d’amis et de fidèles venus se souvenir de Chloé à l’occasion d’une veillée de prières et d’hommages. La foule continue d’arriver et le curé demande à ce que les portes soient ouvertes pour que toutes et tous puissent participer également, depuis le parvis de l’église, à ce moment empreint d’intense émotion.
A 18h30, les premières notes de l’orgue résonnent avec O Salutaris, par l’intermédiaire de Philippe Bona, tandis que la trentaine de membres de la Cunfraterna di San Teofalu accompagne l’abbé Polge, revenu dans son ancienne paroisse, pour animer cette veillée funèbre bien particulière. Il a, en effet, baptisé Chloé il y a presque deux décennies, a assisté à sa communion et à sa confirmation, et a donc tenu à l’accompagner dans son dernier voyage.
 

Les confrères, vêtus de leur aube blanche recouverte d’une manteletta noire, s’installent dans le chœur décoré de fleurs blanches, tout comme le tabernacle. Sur l’autel, dans des chandeliers dorés brûlent des bougies tandis que les amis de Chloé sont installés aux premiers rangs de l’église, le visage grave, essuyant discrètement leurs larmes. Ils vont venir, tour à tour ou en groupe, garçons et filles, réciter des psaumes et se rappeler les bons moments passés avec la malheureuse victime à qui toutes les prières sont consacrées ce mercredi soir.


A l’occasion de cette veillée où la famille est absente, l’abbé Polge lit alors un message du curé de la paroisse, l’abbé Bocchecciampe, retenu à Paris. « Nous sommes venus demander à Dieu que notre société retrouve le véritable sens des choses à l’occasion de cette veillée (…) Aujourd’hui, c’est le temps du deuil que nous avons à respecter (…) L’église vous accueille comme ses enfants pour trouver, vous les artisans de la paix, l’Espérance ».

Témoignages poignants
Puis, les amis égrènent leurs témoignages poignants : « Tu étais la meilleure amie, la sœur, la famille ; dès que l’on s’est rencontrés, on s’est aimés rapidement et on ne s’est plus lâchés. On savait qu’à tout moment, on pouvait t’appeler, tu étais toujours là ; tu resteras pour toujours notre sœur. Tu nous as marqués pour la vie (…) A ma Chloé adorée, lumineuse, au rire contagieux, tu étais la plus belle, notre soleil, notre alliée par ton sens de l’humour pétillant, ton franc-parler, ton sens de la sincérité, ta personnalité exceptionnelle qui vivait en toi était unique et précieuse. Ton amour est ancré en nous ; tu n’es plus où tu étais, mais tu es partout où nous sommes pour toujours, notre Chloé.  Il n’y a pas de mots pour décrire la fille que tu incarnais avec cette joie de vivre qui illuminait nos jours ».
Et de poursuivre dans une intensité dramatique, qui émouvait l’assistance suspendue aux paroles déchirantes de ces jeunes filles et garçons portant le deuil, sans fard que celui des cernes qui marquaient leurs visages pâles, rappelant aux mères, aux pères présents, émus aux larmes et murés dans un silence de cathédrale, que ce bouleversant adieu eut pu s’adresser à leur progéniture : «  Le dernier adieu est le plus difficile ; il restera les souvenirs, les bons moments passés ensemble et tu seras dans nos mémoires » (…)
Enfin, dans un ultime lyrisme atteignant la voûte céleste, tous tenaient tout contre leur poitrine battante, leur cœur brisé en deux, leurs tendres messages d’adieux, figurant l’ultime étreinte : « Cette nuit, ta vie s’est envolée nous laissant dans la douleur et les pleurs… Tu t’es éteinte sans faire de bruit… »

Etreintes par le chagrin, des sanglots dans leurs voix innocentes et juvéniles, brisées par l’émotion, elles ont du mal à poursuivre. « Cet aurevoir est le dernier, gardons en nous une belle image, celle de ton visage tant aimé jusqu’à la fin de ton voyage. Que tu sois la cause de notre malheur, t’aurais peinée ».


Après un temps de silence, la chorale paroissiale entonne « Le Seigneur est ma lumière et mon salut » avant que les prières ne reprennent avec ces interrogations sur le sens de la foi après ce terrible drame : « Comment veux-tu Seigneur que nous chantions ta gloire, alors que vient d’être fauché à nos côtés le blé en herbe et que nos yeux embrouillés par les larmes te reconnaissent mal, toi qui nous as dit « je suis la voie, la vérité, la vie ? »
A l’issue d’un nouveau temps de silence, les amis s’approchent du chœur pour dire, au rythme d’une anaphore dramatique, « rien qu’un petit mot ». Un petit mot où elles demandent et implorent Chloé de les « aider à surmonter les rudes épreuves d’ici-bas. Rien qu’un petit mot pour te rappeler que l’on compte sur toi, que l’on a besoin de ta force, pour t’affirmer que l’on t’aime d’un amour si puissant que le plus grand des palais, que le plus pur des rubis n’est, en comparaison, qu’éphémère beauté… »

Les cantiques se poursuivent avec « Dieu de tendresse, Dieu de miséricorde » ainsi que le « Tantum Ergo » avant que les garçons n’implorent le Seigneur de faire d’eux un « instrument de paix », de faire « de l’obscurité la lumière » ou encore « là où est le doute, que je mette la foi ».
L’Abbé Polge invite enfin les fidèles à se retrouver demain, jeudi 20 février, à partir de 14 heures dans cette même église de l’Annonciation, pour accompagner ensemble Chloé dans son dernier voyage.


L’église se vide et les fidèles restent sur le parvis pour poursuivre leurs prières en allumant des bougies. Ils rejoignent lentement la chapelle Sainte-Croix, à quelques dizaines de mètres plus bas où repose Chloé, et ce jusqu’à la levée du corps prévue ce jeudi  à 13 h 30, entourée de ses parents, de ses grands-parents, de ses oncles, tantes et cousins. Toutes et tous vont entamer un long moment de prières pour soutenir la famille dans le malheur que la touche.
Gilda Emmanuelli et Mario Grazi