Théo Simonini (Photos Mario Grazi)
Les premiers vacanciers qu’il a côtoyés étaient des Autrichiens. Et déjà, en 1973, avec ses nouveaux amis avec qui il entretiendra une longue relation amicale, il sait que le site va connaître un essor particulier.
A l’époque il n’ouvrait que quinze jours dans l’année, « mais je savais que le site, point de départ vers les lacs du Melu et du Capitellu, devait se développer très vite et devenir un site touristique exceptionnel », raconte-t-il.
Le petit point d’accueil est, depuis, devenu un chalet de bois, au cœur des aulnes nains, ceint d’un muret avec une terrasse panoramique et sa vue imprenable sur la vallée et le Lombarducciu dominant majestueusement les Gruttelle, un exceptionnel spot pour les amateurs de rando. Un chalet où trône un poële Godin, bien réconfortant le matin tôt, au coucher du soleil et les jours de gros orages. C’est ici que les randonneurs s’arrêtent pour prendre des forces avant de grimper vers les sommets. La pause est également indispensable au retour, le temps d’une remise en forme autour d’une cuisine traditionnelle et tonique, ou de simples sucreries.
C’est lui qui est au fourneaux, assisté de son fidèle Philippe. « C’est simple, mais efficace ; de la bonne charcuterie, une petite omelette, des cannelloni au brocciu et à la menthe, du fromage de la région et bien sûr notre fameux fiadone. Ici, il n’est point besoin de proposer une cuisine lourde », dit-il dans un grand éclat de rire qui le caractérise si bien avec ce regard franc qui respire la bienveillance.
D’importants conseils
Mais Théo a aussi son rôle non négligeable à jouer auprès des randonneurs. Certes, il y a les experts, ceux qui connaissent la montagne comme leur poche et qui sont devenus des amis de l’octogénaire. Et puis il y a ceux qui pensent faire une petite sortie familiale jusqu’aux lacs. Et c’est là que Théo intervient en mettant en garde celles et ceux qui s’imaginent qu’il ne s’agit que d’une promenade de santé, comme ils ont certainement l’habitude de faire le dimanche, dans un parc proche de chez eux. « Attention, ici vous êtes en montagne. Nous sommes déjà à près de 1400 mètres d’altitude et nous atteignons vite 1700 m au Melu. Le chemin est difficile, très caillouteux et un accident est très vite arrivé. Donc prudence », dit-il avec insistance, fermeté et le regard pénétrant, un rien courroucé... Car il en a vu des énergumènes prêts à braver le sentier avec de simples tongs, ou des talons, « j’ai même vu des gens qui pensaient grimper pieds nus jusqu’au lac. Des dingues. Surtout en juillet et en août », peste-t-il, « il faut être attentif et ne pas laisser faire n’importe quoi si on veut éviter un accident. En plus de l’aspect préventif, je leur indique aussi les diverses curiosités que l’on peut découvrir dans cette vallée exceptionnelle et les guide sur les sentiers qu’il faut emprunter pour y arriver que ce soit le lac de l’Oriente, Bocca alle Porte avec une vue plongeante vers le lac de Goria ». Et c’est un peu cette mission que Théo s’est donnée un peu malgré lui depuis 50 ans : veiller à ce que les randonneurs ne prennent pas de risques inutiles à trop vouloir jouer les premiers de cordée.
Jusqu’à il y a quelques années, Théo était même équipé d’une radio en liaison directe avec les secours. Il jouait un rôle primordial pour donner l’alerte et permettre aux équipes de secouristes d’intervenir très rapidement : « aujourd’hui, nous avons la chance d’avoir un relais téléphonique, et tout le monde peut ainsi avertir les secours ».
Il milite pour un tourisme hivernal
Mais Théo Simonini pense que la vallée est sous-exploitée au niveau touristique puisque l’accès aux Gruttelle n’est possible qu’à compter du 1er avril jusqu'à la fin novembre. « C’est une hérésie. Même s’il est vrai qu’il y a deux couloirs d’avalanche non loin des Gruttelle, un tourisme hivernal pourrait tout à fait se développer ici. Les couloirs d’avalanche peuvent très bien être surveillés, comme cela se fait ailleurs sur le Continent. On peut y faire du ski de rando, de la raquette ainsi que de l’escalade sur glace. Outre les locaux, j’ai connu des centaines de Sardes venir ici, pour y découvrir en effet, les joies du ski de rando. Et ça c’était avant qu’un arrêté interdise la circulation dans la vallée à partir du camping de Tuani. On se plaint de la dévitalisation de l’intérieur, de la ville notamment, et c’est donc bien dommage, car c’est un tourisme qui pourrait profiter à Corte et l’on fait une croix dessus », regrette-t-il.
Et puis, toujours selon lui, le parking des Gruttelle « n’aurait jamais dû être fermé. Par exemple, lorsqu’il y a des orages » . «Les gens partent en courant jusqu’à trois kilomètres plus bas pour s’abriter et récupérer leurs voitures. Et ça pose, d’après moi, un grave problème de sécurité ».
Ainsi, et chaque jour, dès le 1er avril, Théo, le patriarche des amoureux des hauts sommets qu’il chouchoute, est dans son chalet à partir de 6 heures le matin : « il faut préparer les petits-déjeuners copieux, avec entre autres des œufs et du bacon, et tout mettre en place pour la journée. Je redescends ensuite en ville faire les approvisionnements alimentaires et acheter le pain, car on n’est pas livrés ici. Des habitudes qui font partie de mon quotidien et n’ont rien de routinier. Tandis que le soir, nous accueillons souvent des groupes qui s’arrêtent pour déguster une bonne soupe chaude qui a mijoté tout l’après-midi ».
Enfin Théo sera l’une des chevilles ouvrières du prochain Restonica Trail. Il préparera, avec quelques bénévoles, le ravitaillement pour près de 2 000 athlètes qui participeront à l’Ultra Trail di Corsica et au Restonica Trail puisque leurs chemins vont se croiser aux Gruttelle. « Il y aura de la charcuterie, du fromage, des gâteaux, toutes sortes de boissons chaudes ou froides et même de la soupe pour repartir vers Corte en pleine forme. Car la soupe des Gruttelle faite avec l’eau de la Restonica c’est quelque chose », s’exclame-t-il !
Qui peut en douter ?
A l’époque il n’ouvrait que quinze jours dans l’année, « mais je savais que le site, point de départ vers les lacs du Melu et du Capitellu, devait se développer très vite et devenir un site touristique exceptionnel », raconte-t-il.
Le petit point d’accueil est, depuis, devenu un chalet de bois, au cœur des aulnes nains, ceint d’un muret avec une terrasse panoramique et sa vue imprenable sur la vallée et le Lombarducciu dominant majestueusement les Gruttelle, un exceptionnel spot pour les amateurs de rando. Un chalet où trône un poële Godin, bien réconfortant le matin tôt, au coucher du soleil et les jours de gros orages. C’est ici que les randonneurs s’arrêtent pour prendre des forces avant de grimper vers les sommets. La pause est également indispensable au retour, le temps d’une remise en forme autour d’une cuisine traditionnelle et tonique, ou de simples sucreries.
C’est lui qui est au fourneaux, assisté de son fidèle Philippe. « C’est simple, mais efficace ; de la bonne charcuterie, une petite omelette, des cannelloni au brocciu et à la menthe, du fromage de la région et bien sûr notre fameux fiadone. Ici, il n’est point besoin de proposer une cuisine lourde », dit-il dans un grand éclat de rire qui le caractérise si bien avec ce regard franc qui respire la bienveillance.
D’importants conseils
Mais Théo a aussi son rôle non négligeable à jouer auprès des randonneurs. Certes, il y a les experts, ceux qui connaissent la montagne comme leur poche et qui sont devenus des amis de l’octogénaire. Et puis il y a ceux qui pensent faire une petite sortie familiale jusqu’aux lacs. Et c’est là que Théo intervient en mettant en garde celles et ceux qui s’imaginent qu’il ne s’agit que d’une promenade de santé, comme ils ont certainement l’habitude de faire le dimanche, dans un parc proche de chez eux. « Attention, ici vous êtes en montagne. Nous sommes déjà à près de 1400 mètres d’altitude et nous atteignons vite 1700 m au Melu. Le chemin est difficile, très caillouteux et un accident est très vite arrivé. Donc prudence », dit-il avec insistance, fermeté et le regard pénétrant, un rien courroucé... Car il en a vu des énergumènes prêts à braver le sentier avec de simples tongs, ou des talons, « j’ai même vu des gens qui pensaient grimper pieds nus jusqu’au lac. Des dingues. Surtout en juillet et en août », peste-t-il, « il faut être attentif et ne pas laisser faire n’importe quoi si on veut éviter un accident. En plus de l’aspect préventif, je leur indique aussi les diverses curiosités que l’on peut découvrir dans cette vallée exceptionnelle et les guide sur les sentiers qu’il faut emprunter pour y arriver que ce soit le lac de l’Oriente, Bocca alle Porte avec une vue plongeante vers le lac de Goria ». Et c’est un peu cette mission que Théo s’est donnée un peu malgré lui depuis 50 ans : veiller à ce que les randonneurs ne prennent pas de risques inutiles à trop vouloir jouer les premiers de cordée.
Jusqu’à il y a quelques années, Théo était même équipé d’une radio en liaison directe avec les secours. Il jouait un rôle primordial pour donner l’alerte et permettre aux équipes de secouristes d’intervenir très rapidement : « aujourd’hui, nous avons la chance d’avoir un relais téléphonique, et tout le monde peut ainsi avertir les secours ».
Il milite pour un tourisme hivernal
Mais Théo Simonini pense que la vallée est sous-exploitée au niveau touristique puisque l’accès aux Gruttelle n’est possible qu’à compter du 1er avril jusqu'à la fin novembre. « C’est une hérésie. Même s’il est vrai qu’il y a deux couloirs d’avalanche non loin des Gruttelle, un tourisme hivernal pourrait tout à fait se développer ici. Les couloirs d’avalanche peuvent très bien être surveillés, comme cela se fait ailleurs sur le Continent. On peut y faire du ski de rando, de la raquette ainsi que de l’escalade sur glace. Outre les locaux, j’ai connu des centaines de Sardes venir ici, pour y découvrir en effet, les joies du ski de rando. Et ça c’était avant qu’un arrêté interdise la circulation dans la vallée à partir du camping de Tuani. On se plaint de la dévitalisation de l’intérieur, de la ville notamment, et c’est donc bien dommage, car c’est un tourisme qui pourrait profiter à Corte et l’on fait une croix dessus », regrette-t-il.
Et puis, toujours selon lui, le parking des Gruttelle « n’aurait jamais dû être fermé. Par exemple, lorsqu’il y a des orages » . «Les gens partent en courant jusqu’à trois kilomètres plus bas pour s’abriter et récupérer leurs voitures. Et ça pose, d’après moi, un grave problème de sécurité ».
Ainsi, et chaque jour, dès le 1er avril, Théo, le patriarche des amoureux des hauts sommets qu’il chouchoute, est dans son chalet à partir de 6 heures le matin : « il faut préparer les petits-déjeuners copieux, avec entre autres des œufs et du bacon, et tout mettre en place pour la journée. Je redescends ensuite en ville faire les approvisionnements alimentaires et acheter le pain, car on n’est pas livrés ici. Des habitudes qui font partie de mon quotidien et n’ont rien de routinier. Tandis que le soir, nous accueillons souvent des groupes qui s’arrêtent pour déguster une bonne soupe chaude qui a mijoté tout l’après-midi ».
Enfin Théo sera l’une des chevilles ouvrières du prochain Restonica Trail. Il préparera, avec quelques bénévoles, le ravitaillement pour près de 2 000 athlètes qui participeront à l’Ultra Trail di Corsica et au Restonica Trail puisque leurs chemins vont se croiser aux Gruttelle. « Il y aura de la charcuterie, du fromage, des gâteaux, toutes sortes de boissons chaudes ou froides et même de la soupe pour repartir vers Corte en pleine forme. Car la soupe des Gruttelle faite avec l’eau de la Restonica c’est quelque chose », s’exclame-t-il !
Qui peut en douter ?