Depuis près de 50 ans, Doc(k)s occupe une place singulière dans le paysage de la poésie contemporaine. Fondée à Marseille en 1976 par le poète Julien Blaine, cette revue pionnière s’est installée en Corse depuis plus de 30 ans, d’abord à Ajaccio avec le groupe Akenaton, puis à Bastia depuis 2022 sous la direction des éditions Eoliennes, en collaboration avec le collectif Poésie is not dead (Paris).
À mi-chemin entre expérimentation et avant-garde, Doc(k)s explore depuis ses débuts les formes les plus innovantes de la poésie : concrète, visuelle, sonore, performative et numérique. Futurisme, Dadaïsme, Surréalisme, Situationnisme, Lettrisme, Fluxus… La revue puise son inspiration dans les grands mouvements du XXᵉ siècle pour mieux repousser les frontières du langage et de l’image.
Une exposition comme un voyage dans l’histoire de la poésie expérimentale
À la bibliothèque universitaire, l’exposition s’organise autour de plusieurs espaces, retraçant l’évolution de la revue et l’ampleur de son corpus. Avec plus de 140 numéros et 25 000 pages publiées depuis 1976, Doc(k)s se dévoile ici à travers une rétrospective foisonnante, enrichie par des compléments numériques apparus dès 1996.
Un espace est consacré à l’œuvre du collectif Akenaton, fondé par Jean Torregrosa et Philippe Castellin, qui a dirigé et édité Doc(k)s à Ajaccio entre 1991 et 2021. Un autre met en lumière le tome "Corsica", un projet confié en 1979 à Philippe Castellin par Julien Blaine, avec pour ambition de documenter "le nouveau dire des peuples interdits". Un ouvrage où se croisent création et politique, mêlant les signatures d’artistes du Riacquistu et de figures issues des courants underground.
Des œuvres d’artistes insulaires et une scénographie immersive
L’exposition met aussi en avant dix artistes régulièrement contributeurs de la revue et liés à la Corse, parmi lesquels Jean-Joseph Albertini, Agnès Accorsi, Laetitia Carlotti, Xavier Dandoy de Casabianca, Laure Limongi et Vannina Maestri.
Conçue comme un espace de découverte et d’expérimentation, cette rétrospective invite à explorer le dialogue entre texte et image, entre écrit et performance, entre mémoire et création contemporaine.