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Crash de la Caravelle Ajaccio-Nice : 56 ans après, les familles réclament toujours la vérité


Andrea Petitjean le Mercredi 11 Septembre 2024 à 07:30

Le 11 septembre 1968, une Caravelle d’Air France reliant Ajaccio à Nice s’écrase en mer au large du Cap d’Antibes, emportant avec elle 95 vies, dont celles de 13 enfants. Plus d'un demi-siècle plus tard, le mystère qui entoure ce drame reste entier, et les familles des victimes n'ont pas renoncé à leur quête de vérité. Leurs espoirs, ravivés en 2019 par la demande d'Emmanuel Macron de lever le secret-défense sur les documents relatifs à l'accident, se heurtent encore aujourd'hui à une absence de réponses.



Photo archives
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C’est l’un des accidents les plus énigmatiques de l’histoire de l’aviation française. Si l’enquête officielle a conclu à un incendie déclenché par un chauffe-eau à bord, une autre hypothèse est apparue : celle d’une collision avec un missile tiré lors d’un exercice militaire de l’armée française au large des côtes.
Cette piste, bien que rejetée par les autorités, est soutenue par les familles des victimes, notamment Mathieu Paoli, président de l’association des familles des victimes, qui a lui-même perdu ses parents dans la tragédie. Les familles des victimes n’ont jamais cessé de réclamer des éclaircissements.

En 2019, l’annonce du président Macron sur la levée du secret-défense a suscité un nouvel espoir, mais les zones d’ombre restent nombreuses. « La juge d’instruction a contacté des témoins, fouillé les archives, mais tout a disparu. Le secret-défense est toujours en vigueur. La situation n’évolue pas », déplore Mathieu Paoli.

Un combat politique qui s’enlise
Au-delà de la vérité judiciaire, les familles réclament désormais une reconnaissance politique. Mathieu Paoli insiste : « La juge a reconnu qu'un missile avait abattu l’avion. Ce que nous demandons aujourd’hui, c’est que l’État reconnaisse enfin sa responsabilité. » En avril 2018, une nouvelle impulsion avait été donnée par le juge Alain Chemama, qui avait officiellement demandé la levée du secret-défense. Un an plus tard, Emmanuel Macron relançait cette démarche. Pourtant, plus de quatre ans après, les familles attendent toujours. Mathieu Paoli exprime sa frustration face à l’inaction des autorités : « Le 18 janvier 2024, j’ai reçu une lettre du directeur de cabinet de Macron, Patrick Strzoda, m’annonçant que j’allais être reçu pour parler de l’avancée du dossier. Depuis, aucune nouvelle. J’ai envoyé plusieurs courriers, mais je n’ai jamais eu de réponse. » 

Un combat de plus de cinquante ans
À 80 ans, Mathieu Paoli incarne la détermination inébranlable des familles dans leur quête de justice. « Nous nous battons depuis 56 ans. Les familles s’éteignent, et je vieillis. Nous voulons que la vérité soit reconnue avant qu’il ne soit trop tard », confie-t-il, épuisé par ce combat interminable. Ce marathon pour la vérité résonne comme un appel désespéré. « Il y a une lâcheté politique qui existera toujours. Nous avons perdu 95 personnes ce jour-là, dont 13 enfants. Nous voulons simplement que leur mémoire soit honorée et que la vérité soit révélée », martèle-t-il.
Ce 11 septembre, lors de la cérémonie commémorative au cimetière des Sanguinaires à Ajaccio, où reposent 15 victimes du crash, Mathieu Paoli prendra une nouvelle fois la parole. Pour les familles, chaque année qui passe est une attente insoutenable.