Charlotte Breton et Michel Giraschi ont fait un premier bilan de la stratégie de logements "Accasà si !", qui prévoit de construire 1000 logements principaux à Porto-Vecchio.
« Nous avons fait du logement un axe vital et je le dis en ayant conscience du poids des mots », a déclaré Jean-Christophe Angelini dans son discours d’introduction du séminaire. A Porto-Vecchio, la construction effrénée de résidences secondaires (qui a concentré 80 % de l’activité du BTP entre 2013 et 2018) n’a jamais autant pesé sur le marché de l’immobilier où le prix médian au mètre carré dépasse aujourd’hui les 6 000 euros. En tant que 1er adjoint en charge du logement, Michel Giraschi dit croiser de plus en plus de gens à Porto-Vecchio « avec des revenus corrects, mais qui ne parviennent pas à se loger dans un T3 loué 1 300 euros par mois... ». Face à une situation devenue intenable, les remèdes sont à l’oeuvre depuis plusieurs mois : instauration d’une surtaxe d’habitation des résidences secondaires, élaboration d’un plan local d’urbanisme restreignant la création d’espaces constructibles à 90 hectares, ouverture d’une procédure d’enregistrement obligatoire pour les meublés de tourisme, et prochainement mise en place d’un schéma de cohérence territoriale (SCOT) à l’échelle intercommunale. « On fait feu de tout bois pour utiliser tous les moyens offerts par le législateur », insiste Jean-Christophe Angelini.
Seulement 13 % de logements sociaux à Porto-Vecchio
En premier lieu, ça passe par la stratégie municipale « Accasà si ! » qui prévoit de construire 1 000 nouvelles résidences principales à Porto-Vecchio à l’horizon 2033. Le programme se décompose comme suit : 200 logements en accession libre, 165 en accession maîtrisée (avec prêt à taux zéro), 92 en accession sociale à la propriété (avec plafonds de prix ou de loyer selon les conditions de ressources), 193 logements locatifs intermédiaires (aux loyers plafonnés eux aussi) et 350 logements sociaux. Le programme a déjà bien avancé puisqu’au 31 août, 597 logements étaient en cours de construction, soit plus de la moitié (et prévus à la livraison entre 2026 et 2028).
La loi SRU oblige les communes à disposer d’un parc de 20 % de logements sociaux, or « il n’y en a que 13 % à Porto-Vecchio (soit 657 logements sociaux) », admet le maire. Le programme « Accasà si ! » doit donc permettre de se mettre en conformité avec la loi, tout en étoffant l’éventail des possibilités d’accession à la propriété ou de location. Car à ce jour, le taux de rotation des logements sociaux se révèle famélique à Porto-Vecchio : « On en a eu seize qui se sont libérés l’an dernier, et encore c’était une bonne année... », soupire Charlotte Breton, responsable de la cellule habitat et logement en mairie. Or, le nombre de personnes sur liste d’attente avoisine les 650, ce qui signifie qu’il faudrait deux fois plus de logements sociaux qu’actuellement pour pouvoir satisfaire toute la demande porto-vecchiaise. La ville pourra bientôt compter sur l’appui de l’agence immobilière sociale de Corse-du-Sud, dont la mission consiste à capter des logements sociaux dans des parcs privés. Luce Leca s’y emploie déjà du côté d’Ajaccio et elle tentera d’en faire de même à Porto-Vecchio dans les mois à venir : « Il y a une connotation très péjorative de la part de propriétaires, a constaté la référente du dispositif. On a des remarques du style : "vous allez proposer nos logements à des cassos (sic)..." Il faut changer cette image. Un accident de la vie, ça arrive à tout le monde... » A ceux qui rechigneraient à louer leur appartement à des personnes en CDD, l’agence immobilière sociale propose en contrepartie une garantie des impayés sur 36 mois et la remise en état du logement si détériorations. De plus, les frais d’agence seront gratuits.
Seulement 13 % de logements sociaux à Porto-Vecchio
En premier lieu, ça passe par la stratégie municipale « Accasà si ! » qui prévoit de construire 1 000 nouvelles résidences principales à Porto-Vecchio à l’horizon 2033. Le programme se décompose comme suit : 200 logements en accession libre, 165 en accession maîtrisée (avec prêt à taux zéro), 92 en accession sociale à la propriété (avec plafonds de prix ou de loyer selon les conditions de ressources), 193 logements locatifs intermédiaires (aux loyers plafonnés eux aussi) et 350 logements sociaux. Le programme a déjà bien avancé puisqu’au 31 août, 597 logements étaient en cours de construction, soit plus de la moitié (et prévus à la livraison entre 2026 et 2028).
La loi SRU oblige les communes à disposer d’un parc de 20 % de logements sociaux, or « il n’y en a que 13 % à Porto-Vecchio (soit 657 logements sociaux) », admet le maire. Le programme « Accasà si ! » doit donc permettre de se mettre en conformité avec la loi, tout en étoffant l’éventail des possibilités d’accession à la propriété ou de location. Car à ce jour, le taux de rotation des logements sociaux se révèle famélique à Porto-Vecchio : « On en a eu seize qui se sont libérés l’an dernier, et encore c’était une bonne année... », soupire Charlotte Breton, responsable de la cellule habitat et logement en mairie. Or, le nombre de personnes sur liste d’attente avoisine les 650, ce qui signifie qu’il faudrait deux fois plus de logements sociaux qu’actuellement pour pouvoir satisfaire toute la demande porto-vecchiaise. La ville pourra bientôt compter sur l’appui de l’agence immobilière sociale de Corse-du-Sud, dont la mission consiste à capter des logements sociaux dans des parcs privés. Luce Leca s’y emploie déjà du côté d’Ajaccio et elle tentera d’en faire de même à Porto-Vecchio dans les mois à venir : « Il y a une connotation très péjorative de la part de propriétaires, a constaté la référente du dispositif. On a des remarques du style : "vous allez proposer nos logements à des cassos (sic)..." Il faut changer cette image. Un accident de la vie, ça arrive à tout le monde... » A ceux qui rechigneraient à louer leur appartement à des personnes en CDD, l’agence immobilière sociale propose en contrepartie une garantie des impayés sur 36 mois et la remise en état du logement si détériorations. De plus, les frais d’agence seront gratuits.
En parallèle, la municipalité va signer une convention de partenariat avec Action Logement , qui recherche les mêmes effets que l’agence immobilière solidaire, mais en vue de faciliter l’accès au logement pour in fine favoriser l’emploi. Ce groupe dispose de solides réseaux au travers de l’économie insulaire qu’il compte activer, tout en proposant aux salariés en recherche de logement de se faire connaître sur sa plate-forme de logement temporaire : « On n’a que 28 dossiers sur Porto-Vecchio, c’est le néant, se désole Christine Este, qui travaille chez Action Logement. Alors qu’on a comptabilisé 7 600 salariés sur la communauté de communes. » De son côté, le bailleur Erilia s’est engagé à proposer le bail réel solidaire (BRS), ce nouveau dispositif d’accession à la propriété qui permet à des ménages modestes de se porter acquéreurs d’un logement neuf en zone tendue, et ce à un prix abordable (car seul le bâti pourra être acheté et non le foncier).
Quand "l'eldorado" vire au cauchemar
A Porto-Vecchio, la forte saisonnalité de l’emploi peut avoir des conséquences fâcheuses sur le logement des travailleurs saisonniers, comme l’a constaté Thierry Mila, le président de la fédération des acteurs de la solidarité (FAS) PACA-Corse : « Aujourd’hui, la plupart des retours d’expérience que nous avons en Corse, ce sont des travailleurs saisonniers qui viennent ici pour l’eldorado. Ils prennent un travail et puis ils se disent qu’ils trouveront bien un endroit où dormir, et qu’au pire, ils iront dormir sur la plage ! Mais au final, ils finissent par appeler le 115, qui les récupèrent... » Dans cette recherche continuelle de la meilleure solution entre hébergement (temporaire) et logement (pérenne), la FAS soutient le dispositif de l’État « Logement d’abord », dont le premier plan quinquennal 2018-2022 a permis, en France, à 440 000 personnes sans domicile d’accéder à un logement. Porto-Vecchio s’est engagée en 2021 dans ce dispositif « Logement d’abord », dont le travail consiste à former les acteurs de terrain et à mutualiser les moyens. La municipalité porte un projet de résidence hôtelière à vocation sociale, qui pourra héberger une quarantaine de saisonniers durant l’été. De plus, un programme locatif intermédiaire sera réservé pour la colocation des travailleurs saisonniers. Charlotte Breton y voit une première étape : « On est conscients que ça ne suffira pas, alors on a ouvert un groupe de travail spécifique sur cette question-là. »
Quand "l'eldorado" vire au cauchemar
A Porto-Vecchio, la forte saisonnalité de l’emploi peut avoir des conséquences fâcheuses sur le logement des travailleurs saisonniers, comme l’a constaté Thierry Mila, le président de la fédération des acteurs de la solidarité (FAS) PACA-Corse : « Aujourd’hui, la plupart des retours d’expérience que nous avons en Corse, ce sont des travailleurs saisonniers qui viennent ici pour l’eldorado. Ils prennent un travail et puis ils se disent qu’ils trouveront bien un endroit où dormir, et qu’au pire, ils iront dormir sur la plage ! Mais au final, ils finissent par appeler le 115, qui les récupèrent... » Dans cette recherche continuelle de la meilleure solution entre hébergement (temporaire) et logement (pérenne), la FAS soutient le dispositif de l’État « Logement d’abord », dont le premier plan quinquennal 2018-2022 a permis, en France, à 440 000 personnes sans domicile d’accéder à un logement. Porto-Vecchio s’est engagée en 2021 dans ce dispositif « Logement d’abord », dont le travail consiste à former les acteurs de terrain et à mutualiser les moyens. La municipalité porte un projet de résidence hôtelière à vocation sociale, qui pourra héberger une quarantaine de saisonniers durant l’été. De plus, un programme locatif intermédiaire sera réservé pour la colocation des travailleurs saisonniers. Charlotte Breton y voit une première étape : « On est conscients que ça ne suffira pas, alors on a ouvert un groupe de travail spécifique sur cette question-là. »