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DOSSIER. L’aéroport d’Ajaccio veut "être dans la locomotive du développement durable"


le Dimanche 15 Janvier 2023 à 19:08

Passage à l’éclairage LED, travaux de « déstratification », ou encore transformation de ses aviramps thermiques en dispositifs solaires, l’aéroport Napoléon Bonaparte a engagé de nombreuses actions afin de réduire son impact environnemental.



Photo Michel Luccioni
Photo Michel Luccioni
Depuis déjà plusieurs années, l’aéroport d’Ajaccio s’astreint à diminuer son impact environnemental. « Nous avons comparé l’année 2021 avec les années 2018-2019 et nous avons pu prouver que nous avons réduit notre impact carbone de quelques tonnes de CO2 », se réjouit Alexia Teisseire, responsable qualité, sécurité et environnement de la plateforme. Pour amener à cette réduction, elle indique que de petites actions ont été menées sur différents plans, à commencer par une attention particulière portée sur l’éclairage, le chauffage et la climatisation. 
 
Dans ce droit fil, l’aéroport prévoit prochainement la réfection de son éclairage pour passer aux LED sur l’ensemble de l’aérogare, mais aussi sur le parking avion, très gourmand en énergie. « Ce parking doit être allumé pour des raisons de sécurité et de sûreté. Mais en passant à l’éclairage LED, nous réduirons nos consommations pour cette partie de 86%, ce qui est assez conséquent », note Alexia Teisseire, « Nous prévoyons aussi de faire la même chose pour le parking véhicules, où nous avons également le projet d’installer des ombrières de panneaux photovoltaïques. Cela ne suffira pas pour répondre à 100% aux consommations de l’aéroport, mais cela déchargera un peu la centrale du Vazzio ».
 
D’autre part, l’aéroport Napoléon Bonaparte va également engager des travaux dits de « déstratification ». « Jusqu’à aujourd’hui nous faisons pas mal de petites actions d’amélioration au niveau du confort climatique, comme le paramétrage en fonction de la température extérieure qui nous a permis de faire baisser notre consommation au niveau du chauffage et de la climatisation. Mais ces déstratificateurs, qui sont comme de gros ventilateurs, permettront de faire redescendre la chaleur au niveau des passagers et ainsi de réduire la consommation de notre chaufferie, puisque nous aurons moins de perte de chaleur », expose la responsable qualité, sécurité et environnement.

Une opération unique au monde

Au-delà, la plateforme prévoit de se passer progressivement de véhicules thermiques pour passer aux hybrides ou électriques et mène aussi depuis cet été une opération inédite autour des rampes d’accès aux avions. « Nous n’avions jusqu’à aujourd’hui que des aviramps avec une motorisation thermique. Au lieu de s’en débarrasser et d’en racheter des solaires, nous avons décidé de les transformer en aviramps solaires. Nous sommes les premiers au monde à avoir fait ce rétrofit », révèle Alexia Teisseire. Testée dans un premier temps sur un seul dispositif, l’opération s’est avérée concluante au point que l’aéroport aspire à la généraliser sur l’ensemble de ses aviramps dans les prochains mois. « Nous voulons vraiment aller au bout de la démarche en recyclant tout ce que l’on a déjà plutôt que de racheter du nouveau matériel », souligne-t-elle. 
 
« Le fournisseur de ces échelles en plan incliné n’avait pour le moment pas fait cette opération ailleurs, donc nous sommes assez fiers de pouvoir l’afficher en termes de précurseurs », appuie pour sa part Laurent Poggi, le directeur de l’exploitation de l’aéroport d’Ajaccio en dévoilant encore : « Nous avons également d’autres projets plus techniques et structurels comme par exemple l’alimentation des aéronefs en 400Hz ». Et d’expliquer dans le détail :« Quand on prend l’avion on peut voir une petite machine qui lui est reliée au sol qui fait un bruit assourdissant et dégage de la fumée. C’est ce qu’on appelle un GPU, c’est un groupe électrogène mobile qui sert à maintenir de la tension dans l’aéronef quand celui-ci ne vole pas. Nous ne voulons plus de ces équipements qui, de toute façon, ne seront plus autorisés dans un horizon assez proche, et nous avons fait le choix d’alimenter nos aéronefs à partir de grosses prises électriques qui seront directement branchées au cockpit de l’avion. Ce seront comme des rallonges lovées au niveau du parking avion sous-sol. Et pour aller au bout de la logique, l’idée est de pouvoir coupler cela pour tout ou partie avec l’hydrogène qui est également un projet que nous souhaitons développer sur l’aéroport d’Ajaccio ».

Un partenariat à venir avec les Restos du cœur pour éviter le gaspillage

Constatant que chaque année de nombreuses denrées alimentaires doivent être jetées lors des opérations de contrôle des passagers, car elles dépassent 100ml et ne sont donc pas autorisées dans les cabines des avions, l’aéroport d’Ajaccio souhaite enfin agir sur ce plan afin d’éviter ce gaspillage inutile. « Nous trouvons assez honteux et dommage de jeter des denrées alimentaires ou liquides qui n’ont jamais servies », pose ainsi Laurent Poggi. « Bien sûr ce qui est laissé par les passagers ne nous appartient pas, mais j’ai constaté que l’aéroport de Nice a réussi à mettre en place cette démarche. Il suffira de faire signer des papiers aux passagers qui sont dans l’obligation de laisser leurs pots de confiture, leur pâté ou autre. Ils pourront alors faire le choix de donner ces denrées aux Restos du Cœur ou de les jeter. Comme cela nous réduirons fortement nos déchets et nous ferons une bonne action pour les personnes dans le besoin », développe pour sa part Alexia Teisseire en reprenant : « Ce sont de petites actions mais qui peuvent avoir un certain impact sur la durée ». 

Être dans la locomotive du développement durable

Grâce à l’ensemble de ces actions mises bout à bout, l’aéroport d’Ajaccio aspire à prouver que le secteur aérien tant décrié à l’heure du réchauffement climatique peut lui aussi s’engager dans une démarche de développement durable. « Cela peut paraitre paradoxal pour la population, mais nous pouvons faire nous aussi certains efforts pour réduire notre impact sur la planète de façon globale », instille la responsable qualité, sécurité et environnement. 
 
« Nous n’allons pas laisser passer le train et nous serons dans la locomotive du développement durable et de la préservation de l’environnement surtout sur notre île où l’environnement fait partie des principaux attraits en termes de flux touristique et d’économie touristique », lance encore Laurent Poggi en concluant : « Certains aéroports sont plus en avance que d’autres dans ce mouvement pour le développement durable comme Nice, Paris ou Lyon. Ces grandes plateformes continentales ont déjà franchi pas mal d’étapes, mais nous sommes dans le peloton, on suit la course et nous ne sommes pas distancés, bien au contraire ».


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