Photo d'illustration
De mercredi (15 h) jusqu’à jeudi (4 h du matin), les sapeurs-pompiers de Porto-Vecchio sont intervenus à neuf reprises pour des départs de feu dans l’Extrême-Sud, alors que les rafales de vent dépassaient les 100 km/h. Ces neuf interventions ont dû être assurées dans un laps de temps de 13 heures, liste le commandant Michaël Catoire. Le chef de centre de la caserne porto-vecchiaise précise même que pour cinq de ces feux, « tout s’est déclenché en une heure et demie à peine ». Une quasi-simultanéité dans les départs de feux qui aurait pu mettre à mal les capacités de la caserne à faire face. Il n’en a rien été : « On a quand même pu les éteindre rapidement, mais il n’aurait pas fallu qu’on en ait plus... », souffle le commandant. Et le lendemain, ce sont trois interventions supplémentaires que ses hommes ont eu à effectuer pour des départs de feux : après quelques heures d’accalmie en journée, les rafales avaient en effet repris de plus belle à la tombée de la nuit.
Qu'est-ce que l'écobuage ?
Ces feux ne laissent guère de place au doute quant à leur cause. Selon les constatations réalisés sur place par les sapeurs-pompiers, ils résultent d’écobuage pour la plupart d’entre eux. "Quand on est arrivé sur les lieux, on a trouvé presque à chaque fois des tas de rémanents qui étaient allumés", rapporte le commandant Catoire. L’écobuage, c’est la pratique - répandue en Corse - qui consiste à brûler des déchets verts. Or, la loi est formelle : il est interdit de se débarrasser de ses déchets verts en les brûlant. Mais comme il existe des obligations légales de débroussaillement pour faire diminuer les risques incendie, l’écobuage est une pratique qui demeure autorisée dans ce cadre-là uniquement, et dans des conditions très réglementées. Jamais l’été déjà. Ainsi tous les ans, les préfectures de Corse-du-Sud et de Haute-Corse prennent un arrêté pour interdire du 15 juin au 30 septembre l’incinération des déchets verts issus des obligations légales de débroussaillement (dans un périmètre de 50 mètres autour de son habitation). Et le restant de l’année, les arrêtés préfectoraux fixent des dispositions particulières, qui peuvent varier d’un département à l’autre (par exemple une vitesse de vent maximale de 20 km/h en Corse-du-Sud et de 30 km/h en Haute-Corse).
En prévision de la tempête de la semaine dernière, la préfecture de Haute-Corse avait choisi de rester dans le cadre fixé par son arrêté préfectoral. Pas la préfecture de Corse-du-Sud, qui a pris la précision de renforcer le sien : « Cet épisode de vents violents induit un risque élevé d’incendie. Dans ce contexte, l’emploi du feu est interdit, par arrêté préfectoral, du mardi 19 novembre au vendredi 22 novembre 2024 inclus », a communiqué la préfecture. Autrement dit : l’interdiction d’écobuage est totale, comme en été.
Des questions en suspens
Cela n’a donc pas empêché les sapeurs-pompiers porto-vecchiais d’intervenir plus d’une dizaine de fois durant les deux jours de la tempête pour des feux à forte présomption d’écobuage. Soit bien plus que dans le reste du département, l’Extrême-Sud de la Corse ayant été particulièrement ciblée par les rafales de vent lors de cette tempête.
« Sur place, on a rencontré des propriétaires qui ne comprenaient pas et qui nous disaient : "le tas, je l’ai brûlé il y a quinze jours" », rapporte le commandant Catoire. « Ces feux, nous ne savons pas s’ils ont été brûlés le jour-même de l’arrêté ou bien en amont », déclare le colonel Olivier Javelle. Il incombera aux enquêtes menées par les services de gendarmerie de le déterminer. De plus, le communiqué de la préfecture est paru le mardi 19 novembre, soit la veille du placement de la Corse en vigilance orange. Pourquoi la décision d’interdiction n’a-t-elle pas été prise plus tôt ? Sollicitée ce vendredi par Corse Net Infos, la préfecture de Corse-du-Sud n’a pas répondu, à l’heure où nous écrivons ces lignes.
"Les feux d'écobuage peuvent se raviver", préviennent les pompiers
Mais pour le message de prévention que l’état-major des pompiers de Corse-du-Sud souhaite diffuser, ces interrogations ne changent rien : « D’abord, avant tout allumage, il est important de s’assurer si on est en période d’autorisation d’emploi du feu, pose le colonel Javelle. Ensuite, il faut savoir que des feux d’écobuage peuvent se raviver même quatre à cinq jours après, et alors qu’ils sont considérés comme éteints. » « En-dessous des tas, complète le commandant Catoire, il peut toujours y avoir des braises qui ne fument pas, qu’on ne voie pas, ou qui sont absorbées par des couches de terre. » Il convient donc de rester vigilant, sensibilisent les pompiers, en ne brûlant qu’à proximité d’une réserve d’eau qui pourra être utilisée si besoin pour maîtriser le brûlage. Enfin, il est recommandé de prioriser lors de l’incinération des petits tas de déchets verts, espacés les uns des autres, plutôt que des gros tas. Car à la sortie, quand les sapeurs-pompiers sont obligés d’intervenir sur ce type de feu, s’assurer de leur extinction peut se révéler très long : « Dans la nuit de mercredi à jeudi, confirme le colonel Javelle, nous avons eu un cas particulier qui a nécessité la tenue d’un dispositif toute la nuit pour les éteindre. »
Qu'est-ce que l'écobuage ?
Ces feux ne laissent guère de place au doute quant à leur cause. Selon les constatations réalisés sur place par les sapeurs-pompiers, ils résultent d’écobuage pour la plupart d’entre eux. "Quand on est arrivé sur les lieux, on a trouvé presque à chaque fois des tas de rémanents qui étaient allumés", rapporte le commandant Catoire. L’écobuage, c’est la pratique - répandue en Corse - qui consiste à brûler des déchets verts. Or, la loi est formelle : il est interdit de se débarrasser de ses déchets verts en les brûlant. Mais comme il existe des obligations légales de débroussaillement pour faire diminuer les risques incendie, l’écobuage est une pratique qui demeure autorisée dans ce cadre-là uniquement, et dans des conditions très réglementées. Jamais l’été déjà. Ainsi tous les ans, les préfectures de Corse-du-Sud et de Haute-Corse prennent un arrêté pour interdire du 15 juin au 30 septembre l’incinération des déchets verts issus des obligations légales de débroussaillement (dans un périmètre de 50 mètres autour de son habitation). Et le restant de l’année, les arrêtés préfectoraux fixent des dispositions particulières, qui peuvent varier d’un département à l’autre (par exemple une vitesse de vent maximale de 20 km/h en Corse-du-Sud et de 30 km/h en Haute-Corse).
En prévision de la tempête de la semaine dernière, la préfecture de Haute-Corse avait choisi de rester dans le cadre fixé par son arrêté préfectoral. Pas la préfecture de Corse-du-Sud, qui a pris la précision de renforcer le sien : « Cet épisode de vents violents induit un risque élevé d’incendie. Dans ce contexte, l’emploi du feu est interdit, par arrêté préfectoral, du mardi 19 novembre au vendredi 22 novembre 2024 inclus », a communiqué la préfecture. Autrement dit : l’interdiction d’écobuage est totale, comme en été.
Des questions en suspens
Cela n’a donc pas empêché les sapeurs-pompiers porto-vecchiais d’intervenir plus d’une dizaine de fois durant les deux jours de la tempête pour des feux à forte présomption d’écobuage. Soit bien plus que dans le reste du département, l’Extrême-Sud de la Corse ayant été particulièrement ciblée par les rafales de vent lors de cette tempête.
« Sur place, on a rencontré des propriétaires qui ne comprenaient pas et qui nous disaient : "le tas, je l’ai brûlé il y a quinze jours" », rapporte le commandant Catoire. « Ces feux, nous ne savons pas s’ils ont été brûlés le jour-même de l’arrêté ou bien en amont », déclare le colonel Olivier Javelle. Il incombera aux enquêtes menées par les services de gendarmerie de le déterminer. De plus, le communiqué de la préfecture est paru le mardi 19 novembre, soit la veille du placement de la Corse en vigilance orange. Pourquoi la décision d’interdiction n’a-t-elle pas été prise plus tôt ? Sollicitée ce vendredi par Corse Net Infos, la préfecture de Corse-du-Sud n’a pas répondu, à l’heure où nous écrivons ces lignes.
"Les feux d'écobuage peuvent se raviver", préviennent les pompiers
Mais pour le message de prévention que l’état-major des pompiers de Corse-du-Sud souhaite diffuser, ces interrogations ne changent rien : « D’abord, avant tout allumage, il est important de s’assurer si on est en période d’autorisation d’emploi du feu, pose le colonel Javelle. Ensuite, il faut savoir que des feux d’écobuage peuvent se raviver même quatre à cinq jours après, et alors qu’ils sont considérés comme éteints. » « En-dessous des tas, complète le commandant Catoire, il peut toujours y avoir des braises qui ne fument pas, qu’on ne voie pas, ou qui sont absorbées par des couches de terre. » Il convient donc de rester vigilant, sensibilisent les pompiers, en ne brûlant qu’à proximité d’une réserve d’eau qui pourra être utilisée si besoin pour maîtriser le brûlage. Enfin, il est recommandé de prioriser lors de l’incinération des petits tas de déchets verts, espacés les uns des autres, plutôt que des gros tas. Car à la sortie, quand les sapeurs-pompiers sont obligés d’intervenir sur ce type de feu, s’assurer de leur extinction peut se révéler très long : « Dans la nuit de mercredi à jeudi, confirme le colonel Javelle, nous avons eu un cas particulier qui a nécessité la tenue d’un dispositif toute la nuit pour les éteindre. »