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Dian’Arte Museum de la Marana, royaume des muses


Jade Mourard le Samedi 13 Juillet 2024 à 19:20

Sur le bord de la Grande bleue, entre les pins centenaires du Lido de la Marana, un lopin de terre abrite le Dian’Arte Museum. Ce lieu culturel est le plus vaste musée d’art contemporain de l’île. Il a été voulu par un artiste corse, sculpteur italo-français au brillant parcours et internationalement reconnu. Adapté aux porteurs d’handicaps, cet espace offre un grand confort de visite avec un vaste parking qui donne accès à une vaste salle d’exposition qui verse à son tour sur un parc édénique.



Fondé par un artiste sculpteur insulaire, ouvert au public en 2009 et fréquenté par de nombreux visiteurs et collectionneurs, ce surprenant lieu culturel plébiscité sur les réseaux sociaux est une image valorisante pour la Corse. (Photos Jade Mourard)
Fondé par un artiste sculpteur insulaire, ouvert au public en 2009 et fréquenté par de nombreux visiteurs et collectionneurs, ce surprenant lieu culturel plébiscité sur les réseaux sociaux est une image valorisante pour la Corse. (Photos Jade Mourard)
Loin de survenir comme un lieu de relégation, ce musée se révèle être un royaume des muses. Au Dian’Arte Museum, il est permis de se promener entre les nombreuses sculptures, mais aussi de les toucher, de les caresser devenant ainsi le véritable acteur de la sa propre visite. Adoptant la maïeutique de Socrate, ce parcours permet de découvrir, d’observer, mais aussi de comprendre et de s’approprier toutes les composantes d’une visite hors du commun.  
Franchi le mur d’enceinte, l’espace muséal se caractérise par un grand parking bordé de sculptures monumentales chargées de veiller sur le lieu. Elles s’érigent comme autant de guerriers d’airain montés sur leur socle d’acier Corten. Un fronton supporté par deux colonnes sert de perchoir à trois colombes également de bronze dont l’une d’entre elles tient dans son bec un rameau d’olivier. Ce symbole de paix et de bon augure est confirmé à peine franchie la porte d’entrée. La surprise est de taille. Inéluctablement l’airain s’affiche comme l’oxygène de ce sculpteur et une forte énergie se dégage de ses bronzes longilignes. Ces innombrables ombres filiformes rappellent en un premier temps les sculptures de Giacometti, à la différence qu’elles ne sont pas statiques, mais habitées comme par magie par le mouvement et par le geste.

Tout autour de la grande salle, les murs sont habillés de cimaises qui exposent une grande quantité d’innovants tableaux sculptés. Par-ci par-là, suspendus à leur filin et comblant les espaces vides, de tout petits personnages tentent une escalade. Quelques statues de marbre de Carrare immaculé accompagnent une foison de bronze de toutes dimensions. Les amples baies vitrées qui ouvrent sur un grand patio donnent accès à un vaste parc édénique. C’est dans cette nature luxuriante qu’habitent des bronzes monumentaux. Dans un bassin bien dessiné, des carpes koïs flânent nonchalamment entre les longues pattes de trois échassiers apparemment  indifférents à leur présence. Une famille d’hippocampes habite aussi le miroir d’eau. Dans le vert d’un gazon bien entretenu se dessine un parcours artistique qui emmène le visiteur dans l’émerveillement. Toutes les œuvres d’art de cet artiste ont un sens, un contenu. Certaines sont identitaires, d’autres philosophiques. Quelques-unes encore ont un contenu seulement lisible par qui sait lire entre les lignes… Face à ce ravissement immanquablement vient à l’esprit une interrogation: “Qui est le démiurge ingénieur de ce lieu surprenant, qui signe ses œuvres d’art Gabriel Diana ?“

Gabriel Diana, artiste dans l'âme depuis toujours

Gabriel Diana pat Gabriel Diana
Gabriel Diana pat Gabriel Diana
De mère corse et de père italien, ingénieur de formation dans une première vie, mais depuis toujours artiste dans l'âme, cet atypique manager milanais s’est converti à l'art suite au décès accidentel de leur fils unique. Fuyant la douleur, le couple s'est réfugié dans son nid, en Haute-Corse . Fort d'une formation et d'une activité frénétique vécue au sein de l'industrie lombarde, le néohomme de l'art ne pouvait se résigner à vivre paisiblement une vie tranquille dépourvue d'action. Confirmant l'adage que de grandes douleurs naissent de grandes choses, bien que contrarié par les difficultés inhérentes à l'insularité, le peintre de la première heure, après quelques brillants coups de pinceau s'est rapidement reconverti au tridimensionnel. Doté d'une fertile créativité émotionnelle, épaulé par une formation technique sans faille et boosté par une bonne maîtrise de la gestion, l’artiste a rapidement grandi. Le rapport sensuel avec la matière se révèle indispensable et le créateur innovant fait migrer sur ses toiles ses leptosomes personnages d'airain. Son parcours expressif a vu fusionner la peinture et la sculpture dans un nouveau langage hybride. Métempsycose exercée à travers des bronzes proches des sculptures votives étrusques dans lesquelles le "Sublime" écho de l'âme émerge pour désigner à travers le mouvement et le geste l'émotion et la surprise.  
Démiurge, Diana forge des sculptures de bronze minimalistes réduites à l'essentiel auxquelles, pour donner de la matière au regard, il leur attribue des fins d’expressivité. Possédé par la technique, l'ingénieur entretemps devenu bronzier, avec maîtrise fait croître ses miniatures jusqu'à devenir monumentales. Les sculptures du maître habitent désormais de nombreux lieux publics en Corse, en France métropolitaine, en Italie et jusqu'en Russie baltique. Homme libre et solitaire qui, contre vents et marées a toujours réfuté toute adhésion à un quelconque système, par son engagement et sa persévérance a réussi à bouleverser les idées reçues dans l'épineux domaine artistique insulaire. Le regard plongé dans l’horizon, solidement ancré sur son rocher, il aime à dire que "En Corse, tous les chemins mènent à la mer “.
Reconnu internationalement, élevé au grade de "Cavaliere della Republica Italiana“ “Chevalier des Arts & des Lettres" et tout dernièrement honoré de la “Médaille d’or de la Renaissance Française“, le sculpteur corse a réussi à outrepasser les limites de son île de beauté pour laisser, de son passage sur terre, une profonde trace d'immortalité gravée dans l’airain.