Dr Eric Simoni, tête de liste d’Un’alba nova per Bastia, candidat de Corsica Libera à l’élection municipale de mars 2014 à Bastia.
- Quelle place donnez-vous à l’emploi dans votre programme municipal ?
- Pour nous, l’emploi fait partie de l’urgence sociale en Corse. La réussite économique et la réussite sociale sont corrélées. Bien entendu, personne n’a de baguette magique pour résoudre cette problématique, mais il est urgent de prendre rapidement des orientations cohérentes, sinon on court à la catastrophe sociale.
- Quelle analyse faites-vous de la situation de l’emploi à Bastia ?
- Au niveau démographique, la CAB compte 60000 habitants dont 44000 à Bastia. La population de la CAB devrait être celle de Bastia ! La municipalité sortante fait des exercices d’autosatisfaction à longueur de communiqués. Elle se vante d’une très bonne gestion de la ville, mais la gestion n’est pas seulement un exercice comptable. Gérer, c’est aussi donner des orientations à la politique de la ville et voir les résultats. Contrairement à tout ce que l’équipe Zuccarelli dit, le résultat de sa gestion est que Bastia, aujourd’hui, est une ville pauvre qui se vide petit à petit de ses actifs. C’est intolérable ! Il faut impérativement redresser la barre.
- Comment intervenir localement sur ce problème qui dépasse le simple cadre de la politique municipale ?
- Nous avons un projet, mais le sort de Bastia n’est pas déconnecté du sort de la Corse. C’est pour cela que nous relayons les débats portés par l’Assemblée de Corse (CTC) et les propositions concrètes faites par Corsica Libera autour du statut de résident pour la corsisation des emplois. Votez « Un’alba nova », c’est renforcer cette option. Avoir, dans une équipe municipale, des élus qui défendent cette option est important pour l’avenir de l’emploi en Corse. Ceci dit, nous proposons, également, des pistes, des orientations, notamment en termes de corsisation des emplois, qui sont applicables dans le cadre d’une politique municipale.
- Qu’entendez-vous exactement par corsisation des emplois ?
- Privilégier les résidents corses et favoriser, comme le prévoient certains textes administratifs français, l’emploi local. Nous ne comprenons pas pourquoi on décorsise systématiquement les emplois, ceux à responsabilité et même, de plus en plus, ceux qui ne sont pas corrélés à des diplômes. Pourquoi fait-on appel à des recrutements extérieurs alors que des diplômés de l’université de Corse ne trouvent pas d’emploi ? Quelque chose ne va pas ! Cette politique est en inadéquation avec les besoins urgents qui se posent à la société corse. Nous voulons répondre à ces besoins. Nous pensons qu’une municipalité peut agir en ce sens, y compris dans le cadre actuel, en attendant les réformes que nous appelons de nos vœux.
- Quelles pistes proposez-vous ?
- Nous pensons que les liens de proximité, que l’on nous reproche souvent à coup de rapports administratifs, sont une chance. Le recrutement du personnel, ayant une connaissance du terrain, doit devenir la règle. Nous pensons, aussi, qu’une convention de partenariat avec l’Université de Corse est indispensable. Elle serait bénéfique aussi bien pour la Mairie que pour l’université.
- En quoi consisterait cette convention ?
- Une convention avec l’université et avec des centres de formation permettra de privilégier l’emploi local et de puiser, dans un vivier en perpétuel renouvellement, des gens qui vivent en Corse et qui ont le droit de travailler chez eux. Aujourd’hui, posons-nous la question : combien de postes à responsabilité sont-ils occupés par des Corses à la Mairie de Bastia ? Il faut une volonté politique qui, aujourd’hui, n’existe pas !
- Justement, combien de Corses occupent des postes à responsabilité à la Mairie de Bastia ?
- Il y a des Corses, mais il y a surtout beaucoup de non-Corses, des gens que l’on fait venir de l’extérieur alors qu’on pourrait employer des Corses ! Nous contestons cette orientation. Pourquoi ne pourrait-on pas espérer voir nos enfants intégrer et diriger des administrations locales après avoir suivi une formation diplômante, notamment au sein de l’université de Corse !
- Vous parlez de réévaluer le statut social des employés. De quelle manière ?
- C’est notre second axe de propositions. La réévaluation du statut social des employés impose de s’orienter vers le développement de l’offre de formation tout au long de la vie professionnelle. Il faut, donc, privilégier la promotion interne afin de libérer des postes qui pourront, ainsi, être occupés par des résidents corses. En même temps, la formation permet une promotion sociale qui n’a jamais vraiment été réalisée par une municipalité qui se dit de gauche, mais pour laquelle, il faut bien le constater, l’ascenseur social est en panne !
- Pourquoi souhaitez-vous renforcer la publicité des offres d’emplois ? Manque-t-elle de visibilité ?
- Oui. Il faut renforcer la publicité des offres d’emplois sur des supports à destination des Corses. Aujourd’hui, la règle est de mettre cette publicité sur des sites et des revues qui concernent l’ensemble de la fonction territoriale française. Si nous avons un partenariat avec l’université et les centres locaux de formation, il faut, dès qu’il y a une offre d’emploi, que l’information circule dans ces structures et dans les médias corses de façon à privilégier le recrutement local sur l’extérieur.
- Pensez-vous que les Corses ne sont pas assez informés ?
- C’est, en tout cas, ce que, souvent, ils nous disent ! C’est, aussi, ce qu’il ressort de l’enquête de terrain que nous avons menée pour déterminer les besoins. Souvent, les offres d’emplois ne sont pas connues. Comme il n’y a pas de réel partenariat avec l’université et les centres locaux de formation, on ne puise pas dans le vivier local. C’est pourquoi nous faisons cette proposition concrète et facilement applicable. Nous ne parlons là que d’emplois publics et municipaux. Il faut, aussi, agir sur l’emploi privé et sur le développement des entreprises.
- Comment ?
- L’incitation à la création d’emplois innovants reste, pour nous, une priorité. Si une ville ne peut contraindre les acteurs privés par un dirigisme qui serait excessif et contreproductif, elle a, néanmoins, le devoir de mener une politique incitative au développement de l’activité économique. Son rôle n’est pas de devenir le 1er employeur de la région et, surtout pas, de tenir électoralement des familles par l’emploi d’un de leurs membres. Son rôle est de créer des zones d’activités économiques, de développer des moyens pour que les entreprises s’y installent et que les gens vivent de leur travail. C’est d’ailleurs, une compétence de la CAB (Communauté d’agglomération de Bastia). Cette politique rend les gens libres et nous avons besoin de gens libres pour construire notre pays.
- Corréler un emploi à des votes est un reproche récurrent dans nombre de municipalités…
- Justement ! Au niveau d’Un alba nova per Bastia, nous voulons porter non seulement une garantie d’alternance, mais une garantie d’alternative au sein de l’alternance. Nous allons peser de tout notre poids pour que, demain, on échappe à certaines règles de clientélisme, que ce soit dans l’attribution des logements sociaux ou dans l’attribution d’aides aux entreprises. Nous faisons une proposition concrète. L’attribution d’aides aux entreprises devra être corrélée à l’emploi local. L’attribution des marchés publics devra se faire dans la plus grande transparence et sous le contrôle de tous les groupes politiques représentés au sein du Conseil municipal, y compris les groupes d’opposition. Nous voulons imposer des critères objectifs, opposables à toute prise de décision et sortir, ainsi, du clientélisme qui gangrène toute activité économique et toute possibilité de réussite sociale en Corse.
- Quel est le but de l’organisme intercommunal de microcrédit que vous voulez mettre en place ?
- Le but est d’aider les petites entreprises qui sont en difficulté. Ce mode de financement a l’avantage d’être considéré, par les économistes, comme non toxique. Il permet d’éviter de nombreuses cessations d’activités par un apport rapide de petits capitaux. Ce dispositif s’inscrit dans un impératif de valorisation du petit commerce et rejoint d’autres propositions en ce sens, notamment celles contre l’extension ou l’implantation de grandes surfaces. Corsica Libera demande que celles-ci soient décidées au niveau de la CTC et ne passent plus par les commissions actuelles dont certains membres, sont, à la fois, juges et parties.
- Pourquoi dites-vous que le patrimoine immobilier de Bastia est classé « Secret défense » par l’équipe Zuccarelli ?
- Tous les conseillers municipaux d’opposition affirment que, chaque fois qu’ils ont voulu connaître ce patrimoine, ils n’ont jamais eu accès à la totalité des données. Nous demandons à être éclairés parce que nous proposons de valoriser ce patrimoine pour favoriser la création d’activités. Par exemple, nous voulons inciter, par l’octroi de loyers modérés, l’installation de petites activités artisanales, entrepreneuriales et autres, y compris dans des quartiers à revaloriser, dans le cadre d’un rééquilibrage urbain. Nous proposons, aussi, de créer un Office municipal du logement pour permettre à des gens ayant des revenus moyens d’accéder plus facilement à la propriété à partir du patrimoine immobilier que la Mairie peut préempter et mettre à la disposition du public. Aujourd’hui, c’est infaisable parce qu’on ne connaît pas du tout la composition de ce patrimoine !
Propos recueillis par Nicole MARI
- Pour nous, l’emploi fait partie de l’urgence sociale en Corse. La réussite économique et la réussite sociale sont corrélées. Bien entendu, personne n’a de baguette magique pour résoudre cette problématique, mais il est urgent de prendre rapidement des orientations cohérentes, sinon on court à la catastrophe sociale.
- Quelle analyse faites-vous de la situation de l’emploi à Bastia ?
- Au niveau démographique, la CAB compte 60000 habitants dont 44000 à Bastia. La population de la CAB devrait être celle de Bastia ! La municipalité sortante fait des exercices d’autosatisfaction à longueur de communiqués. Elle se vante d’une très bonne gestion de la ville, mais la gestion n’est pas seulement un exercice comptable. Gérer, c’est aussi donner des orientations à la politique de la ville et voir les résultats. Contrairement à tout ce que l’équipe Zuccarelli dit, le résultat de sa gestion est que Bastia, aujourd’hui, est une ville pauvre qui se vide petit à petit de ses actifs. C’est intolérable ! Il faut impérativement redresser la barre.
- Comment intervenir localement sur ce problème qui dépasse le simple cadre de la politique municipale ?
- Nous avons un projet, mais le sort de Bastia n’est pas déconnecté du sort de la Corse. C’est pour cela que nous relayons les débats portés par l’Assemblée de Corse (CTC) et les propositions concrètes faites par Corsica Libera autour du statut de résident pour la corsisation des emplois. Votez « Un’alba nova », c’est renforcer cette option. Avoir, dans une équipe municipale, des élus qui défendent cette option est important pour l’avenir de l’emploi en Corse. Ceci dit, nous proposons, également, des pistes, des orientations, notamment en termes de corsisation des emplois, qui sont applicables dans le cadre d’une politique municipale.
- Qu’entendez-vous exactement par corsisation des emplois ?
- Privilégier les résidents corses et favoriser, comme le prévoient certains textes administratifs français, l’emploi local. Nous ne comprenons pas pourquoi on décorsise systématiquement les emplois, ceux à responsabilité et même, de plus en plus, ceux qui ne sont pas corrélés à des diplômes. Pourquoi fait-on appel à des recrutements extérieurs alors que des diplômés de l’université de Corse ne trouvent pas d’emploi ? Quelque chose ne va pas ! Cette politique est en inadéquation avec les besoins urgents qui se posent à la société corse. Nous voulons répondre à ces besoins. Nous pensons qu’une municipalité peut agir en ce sens, y compris dans le cadre actuel, en attendant les réformes que nous appelons de nos vœux.
- Quelles pistes proposez-vous ?
- Nous pensons que les liens de proximité, que l’on nous reproche souvent à coup de rapports administratifs, sont une chance. Le recrutement du personnel, ayant une connaissance du terrain, doit devenir la règle. Nous pensons, aussi, qu’une convention de partenariat avec l’Université de Corse est indispensable. Elle serait bénéfique aussi bien pour la Mairie que pour l’université.
- En quoi consisterait cette convention ?
- Une convention avec l’université et avec des centres de formation permettra de privilégier l’emploi local et de puiser, dans un vivier en perpétuel renouvellement, des gens qui vivent en Corse et qui ont le droit de travailler chez eux. Aujourd’hui, posons-nous la question : combien de postes à responsabilité sont-ils occupés par des Corses à la Mairie de Bastia ? Il faut une volonté politique qui, aujourd’hui, n’existe pas !
- Justement, combien de Corses occupent des postes à responsabilité à la Mairie de Bastia ?
- Il y a des Corses, mais il y a surtout beaucoup de non-Corses, des gens que l’on fait venir de l’extérieur alors qu’on pourrait employer des Corses ! Nous contestons cette orientation. Pourquoi ne pourrait-on pas espérer voir nos enfants intégrer et diriger des administrations locales après avoir suivi une formation diplômante, notamment au sein de l’université de Corse !
- Vous parlez de réévaluer le statut social des employés. De quelle manière ?
- C’est notre second axe de propositions. La réévaluation du statut social des employés impose de s’orienter vers le développement de l’offre de formation tout au long de la vie professionnelle. Il faut, donc, privilégier la promotion interne afin de libérer des postes qui pourront, ainsi, être occupés par des résidents corses. En même temps, la formation permet une promotion sociale qui n’a jamais vraiment été réalisée par une municipalité qui se dit de gauche, mais pour laquelle, il faut bien le constater, l’ascenseur social est en panne !
- Pourquoi souhaitez-vous renforcer la publicité des offres d’emplois ? Manque-t-elle de visibilité ?
- Oui. Il faut renforcer la publicité des offres d’emplois sur des supports à destination des Corses. Aujourd’hui, la règle est de mettre cette publicité sur des sites et des revues qui concernent l’ensemble de la fonction territoriale française. Si nous avons un partenariat avec l’université et les centres locaux de formation, il faut, dès qu’il y a une offre d’emploi, que l’information circule dans ces structures et dans les médias corses de façon à privilégier le recrutement local sur l’extérieur.
- Pensez-vous que les Corses ne sont pas assez informés ?
- C’est, en tout cas, ce que, souvent, ils nous disent ! C’est, aussi, ce qu’il ressort de l’enquête de terrain que nous avons menée pour déterminer les besoins. Souvent, les offres d’emplois ne sont pas connues. Comme il n’y a pas de réel partenariat avec l’université et les centres locaux de formation, on ne puise pas dans le vivier local. C’est pourquoi nous faisons cette proposition concrète et facilement applicable. Nous ne parlons là que d’emplois publics et municipaux. Il faut, aussi, agir sur l’emploi privé et sur le développement des entreprises.
- Comment ?
- L’incitation à la création d’emplois innovants reste, pour nous, une priorité. Si une ville ne peut contraindre les acteurs privés par un dirigisme qui serait excessif et contreproductif, elle a, néanmoins, le devoir de mener une politique incitative au développement de l’activité économique. Son rôle n’est pas de devenir le 1er employeur de la région et, surtout pas, de tenir électoralement des familles par l’emploi d’un de leurs membres. Son rôle est de créer des zones d’activités économiques, de développer des moyens pour que les entreprises s’y installent et que les gens vivent de leur travail. C’est d’ailleurs, une compétence de la CAB (Communauté d’agglomération de Bastia). Cette politique rend les gens libres et nous avons besoin de gens libres pour construire notre pays.
- Corréler un emploi à des votes est un reproche récurrent dans nombre de municipalités…
- Justement ! Au niveau d’Un alba nova per Bastia, nous voulons porter non seulement une garantie d’alternance, mais une garantie d’alternative au sein de l’alternance. Nous allons peser de tout notre poids pour que, demain, on échappe à certaines règles de clientélisme, que ce soit dans l’attribution des logements sociaux ou dans l’attribution d’aides aux entreprises. Nous faisons une proposition concrète. L’attribution d’aides aux entreprises devra être corrélée à l’emploi local. L’attribution des marchés publics devra se faire dans la plus grande transparence et sous le contrôle de tous les groupes politiques représentés au sein du Conseil municipal, y compris les groupes d’opposition. Nous voulons imposer des critères objectifs, opposables à toute prise de décision et sortir, ainsi, du clientélisme qui gangrène toute activité économique et toute possibilité de réussite sociale en Corse.
- Quel est le but de l’organisme intercommunal de microcrédit que vous voulez mettre en place ?
- Le but est d’aider les petites entreprises qui sont en difficulté. Ce mode de financement a l’avantage d’être considéré, par les économistes, comme non toxique. Il permet d’éviter de nombreuses cessations d’activités par un apport rapide de petits capitaux. Ce dispositif s’inscrit dans un impératif de valorisation du petit commerce et rejoint d’autres propositions en ce sens, notamment celles contre l’extension ou l’implantation de grandes surfaces. Corsica Libera demande que celles-ci soient décidées au niveau de la CTC et ne passent plus par les commissions actuelles dont certains membres, sont, à la fois, juges et parties.
- Pourquoi dites-vous que le patrimoine immobilier de Bastia est classé « Secret défense » par l’équipe Zuccarelli ?
- Tous les conseillers municipaux d’opposition affirment que, chaque fois qu’ils ont voulu connaître ce patrimoine, ils n’ont jamais eu accès à la totalité des données. Nous demandons à être éclairés parce que nous proposons de valoriser ce patrimoine pour favoriser la création d’activités. Par exemple, nous voulons inciter, par l’octroi de loyers modérés, l’installation de petites activités artisanales, entrepreneuriales et autres, y compris dans des quartiers à revaloriser, dans le cadre d’un rééquilibrage urbain. Nous proposons, aussi, de créer un Office municipal du logement pour permettre à des gens ayant des revenus moyens d’accéder plus facilement à la propriété à partir du patrimoine immobilier que la Mairie peut préempter et mettre à la disposition du public. Aujourd’hui, c’est infaisable parce qu’on ne connaît pas du tout la composition de ce patrimoine !
Propos recueillis par Nicole MARI
Dr Eric Simoni entouré des militants de Corsica Libera.