" On croyait révolu le temps des colonies où des excellences passaient leurs vacances en Corse, débitaient quelques banalités, appréciaient la charcuterie locale, les bons vins, la langouste ; ils repartaient, hâlés, avec une provision factice « d’amis corses » et des certitudes fumeuses d’être devenus des experts de l’île. Non. La comédie perdure.
Monsieur Bartolone, quatrième personnage de l’Etat que nous n’avons jamais vu s’intéresser à l’île depuis quarante ans, a, publiquement, et à quatre reprises, martelé que la Corse n’avait pas besoin d’un nouveau Statut et qu’elle devait s’inscrire dans la prochaine phase de la décentralisation hexagonale ; il affirme le contraire de ce que pense et dit la société corse, dans son immense majorité, notamment à travers ses élus et ses forces vives I
La récidive du Président de l’Assemblé Nationale, sans doute encouragée par la passivité locale, exclut l’erreur. Le peuple corse lutte pour sa survie, sa terre, sa culture, sa démographie, son patrimoine bâti, la démocratie ; il veut un nouveau Statut qui le reconnaisse ainsi que ses droit imprescriptibles dans son Pays ; chacun sait qu’il est impossible de le sauver sans une réforme de la Constitution française.
Monsieur Bartolone mesure t-il le caractère provocateur de ses déclarations ? Agit-il seul, comme un colonialiste inamendable ou comme un homme superficiel et imprudent ? Fait-il office de « ballon-sonde » pour le Président de la République ? Pour éviter les confusions, Il est préférable de lui enlever toute illusion. Si l’Etat devait suivre la voie du refus, le chemin de la dénégation historique qui condamne le peuple corse à mort, il peut être certain de trouver face à lui, contre lui, l’immense cohorte déterminée, intransigeante, de celles et ceux qui aspirent à la liberté, au développement partagé, à la justice et à la dignité, à la démocratie. Cette exigence légitime repose sur le Droit et sur l’Histoire. A chacun de prendre ses responsabilités."