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Élevage : la France s'apprête à affronter un nouveau type de fièvre catarrhale ovine


CNI avec AFP le Mercredi 31 Juillet 2024 à 21:15

Alors que de nombreux cas de fièvre catarrhale ovine sont recensés depuis plusieurs semaines sur l'île, le ministère de l'Agriculture a annoncé ce mercredi envisager de déployer des vaccins pour limiter les conséquences pour l'économie de l'élevage.



Photo d'illustration
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Après la détection d'un foyer belge proche de la frontière avec la France, le ministère de l'Agriculture a annoncé dans un communiqué la création d'une zone "régulée", du Pas-de-Calais à la Moselle, où les déplacements de bovins, chèvres et moutons sont soumis à des restrictions. Les animaux de la zone concernée "doivent avoir fait l'objet d'un traitement de désinsectisation dans les deux semaines précédant leur départ et avoir obtenu un test de dépistage négatif". Cela représente plus de 5.300 communes.
Il s'agit "de freiner la progression" du sérotype 3 "de cette maladie virale transmise par des insectes piqueurs", explique le ministère.

Le sérotype 3 de la FCO a fait irruption en Europe fin 2023 aux Pays-Bas, avant de s'étendre en Allemagne, en Belgique et de traverser la Manche jusqu'en Grande-Bretagne. La FCO, qui n'est pas transmissible aux humains, est déjà présente en France, avec les sérotypes 4 (en Corse) et 8 (en France continentale). Les groupements de défense sanitaire (GDS), des associations d'éleveurs, ont rapporté des cas récents de FCO dans les Pyrénées-Orientales, l'Aude et l'Ariège. Ils mentionnent des "cas cliniques graves et une mortalité élevée".
"Le sérotype 8 est en train de faire des ravages parmi les troupeaux dans les Pyrénées", y compris ceux établis dans les pâturages d'altitude pour l'été, alerte mercredi la Confédération paysanne dans un communiqué. Le syndicat reproche au ministre démissionnaire Marc Fesneau de "reste[r] coi" sur le sujet alors que la FCO fait perdre de l'argent aux éleveurs (frais de vétérinaire, perte de la valeur de l'animal et de production laitière...).

"Menace" 
 
La FCO se manifeste par de la fièvre, des troubles respiratoires, une langue pendante ou encore la perte des petits en gestation.
"Le sérotype 3 est une menace pour le cheptel ovin français puisque c'est un virus qui induit des manifestations cliniques qui peuvent être assez conséquentes. (...) Très clairement, il y a des ovins qui meurent" dans des proportions variables d'un élevage à l'autre, observe auprès de l'AFP le directeur du laboratoire de santé animale de l'agence sanitaire Anses, Stéphan Zientara. La mortalité est en revanche "très faible" chez les bovins, indique-t-il.

Le ministère de l'Agriculture souligne qu'il avait, "par anticipation (...) commandé des stocks de vaccins" contre le sérotype 3. "Les modalités de distribution, de prescription et d'administration de ces vaccins feront l'objet de précisions à court terme", assure-t-il.
Certains pays, comme l'Espagne, n'acceptent sur leur sol "que des animaux vaccinés", rappelle le ministère.
Selon la Fédération nationale ovine (FNO), section spécialisée du syndicat majoritaire FNSEA, 600.000 doses de vaccin ont été "réservées pour la filière ovine". "Si on peut donner un conseil aux éleveurs, c'est de protéger les animaux" avec le vaccin, a déclaré à l'AFP sa présidente Michèle Boudoin.

Un vaccin contre le sérotype 8 est déjà disponible, mais il est à la charge des éleveurs, ce qui empêche certains d'y recourir, regrette-t-elle, alors que la profession compte parmi les plus faibles revenus agricoles.
 
Des moucherons indifférents aux frontières 
 
La FCO, aussi connue comme "maladie de la langue bleue", passe d'un ruminant infecté à un animal indemne par l'intermédiaire d'insectes piqueurs, des moucherons culicoïdes. Ces moucherons sont aussi impliqués dans la transmission de la maladie hémorragique épizootique (MHE), apparue pour la première fois en France en septembre 2023.
Ces deux maladies affaiblissent les animaux, provoquent des pertes économiques et perturbent les échanges internationaux. Leur détection n'entraîne pas l'euthanasie des animaux, à l'inverse de la grippe aviaire.
Le rôle des moucherons vecteurs rend la maladie "plus difficile à gérer" car ils "peuvent traverser les frontières emportés par le vent", remarque le spécialiste de l'Anses.
Initialement maladies des pays chauds, la FCO et la MHE ont avancé vers le nord du fait des échanges commerciaux internationaux et du réchauffement climatique qui permet à ces populations de moucherons de prospérer.