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En 2025 à Porto-Vecchio, écloront de nouvelles formations et une aide gratuite à la création d’entreprise


le Dimanche 22 Décembre 2024 à 18:34

C’est un fait : l’Extrême-Sud de la Corse souffre d’un manque de formations ayant pu freiner des velléités professionnelles. La Chambre de commerce et des métiers (CCI) de Corse veut y remédier, en ouvrant dès janvier à Porto-Vecchio un dispositif de pré-accompagnement à la création d’entreprise, qui se prolongera en septembre par l’incubation proprement dite. En parallèle à cette initiative portée conjointement avec la communauté de communes du Sud-Corse (CCSC), plusieurs nouvelles formations verront le jour à Porto-Vecchio.



Jeudi matin, les élus et représentants de la CCI et de la chambre des métiers ont présenté le futur plan d'actions formation pour la micro-région.
Jeudi matin, les élus et représentants de la CCI et de la chambre des métiers ont présenté le futur plan d'actions formation pour la micro-région.
« L’Extrême-Sud a parfois l’impression d’être un peu délaissée, que ce soit en terme de financements publics, d’accompagnements et d’ingénierie. » S’il assure que ce n’est pas la CCI qui est visé dans son propos, le maire de Porto-Vecchio et président de la CCSC Jean-Christophe Angelini a tenu à exprimer ce ressenti, jeudi matin, durant la conférence de presse de présentation du plan d’actions pour la formation, que la CCI déploiera en 2025 dans l’Extrême-Sud. « Notre micro-économie est peu défendue », l’appuie son vice-président et maire de Sotta, Jean-Marc Serra. Philippe Albertini, le directeur général de la CCI, pense avoir bien compris le message : « Le sud n’est pas en demande de solidarité, il n’a pas besoin de nous pour ça. Il s’est construit une dynamique qui ne demande qu’à être accélérée. Et la CCI est là pour l’accompagner. » 

"Notre économie repose sur la prise de risque"

Jean-Christophe Angelini approuve : « Je suis heureux que ce plan d’actions ait été conçu, simplement parce qu’il s’adresse à un territoire en plein essor. » En effet, par rapport au reste de l’île, la micro-région souffre moins du recul du secteur du BTP, a souligné le président de la CCSC, qui rappelle qu’à l’horizon 2027, un nouveau port de plaisance doit voir le jour à Porto-Vecchio, avec ce que cela induira de retombées économiques et de créations d’emplois. « Nous ici, on n’a pas de rectorat, pas d’ONF, pas de sous-préfecture… On est dans un économie qui repose en quasi-totalité sur la prise de risque et sur l’investissement individuel et collectif du monde entrepreneurial. Alors, si on ne peut pas monter en compétence, on est perdus. » Et l’élu porto-vecchiais de lister les domaines d’activité qu’il juge les plus porteurs pour son territoire, certains se trouvant directement dans le sillage du projet d’extension du port : « Economie bleue, tourisme durable, métiers du BTP, agriculture, entreprenariat culturel.. »

Mais le préalable à toute spécialisation, c’est le projet de création d’entreprise. L’école de commerce Kedge, qui possède un campus à Bastia, a lancé un incubateur, qui va pouvoir bénéficier aux habitants de l’Extrême-Sud désireux de concrétiser leurs projets. Il s’agit même d’un pré-incubateur, le premier du genre à être lancé en Corse. Ca consiste en un parcours d’accompagnement d’une durée de cinq mois, qui aidera notamment les porteurs de projets à maîtriser les bases (comptabilité, outils juridiques, connaissances en fiscalité…). « Ca s’adresse à ceux qui ont une idée d’entreprendre, sans forcément de projet concret », explique Jean-Thomas Vallesi, responsable des programmes Kedge Corsica, rattaché à la CCI. L’idée est de faire travailler chaque groupe collectivement, quels que soient les projets « pour sortir du sentiment d’isolement ». 

Après la pré-incubation... l'incubation

En parallèle, le programme prévoit un coaching individuel « basé sur des méthodes innovantes comme l’intelligence collective, la créativité et les ressources numériques », mentionne le communiqué de presse. Les participants auront aussi accès à un réseau professionnel national. Ce programme est gratuit et ouvert à tous. Il s’adresse aux porteurs de projets qui résident dans l’une des sept communes de la CCSC, ou bien qui envisagent de s’y implanter. La date limite de candidature (à envoyer à la CCSC ou à la CCI) est fixée au 29 janvier. Le programme de pré-incubation débutera dans la foulée, le 3 février. Et il sera suivi, dès septembre, par le programme d’incubation, soit un accompagnement de six mois qui sera consacré à la structuration du projet.

Quatre nouvelles formations

Selon Pascal Agostini, le directeur du pôle enseignement et formation à la CCI, « l’objectif est de répondre à la problématique post-bac. On constate qu’à Porto-Vecchio, beaucoup de jeunes s’arrêtent au bac par manque de cursus de proximité. » Jean-Christophe Angelini met aussi en exergue « la fragilité de l’emploi » dans sa ville « liée à la saisonnalité », lui qui ambitionne d’annualiser l’activité touristique de la station balnéaire. Kedge étant une école de commerce, les quatre nouvelles formations qui seront dispensées à Porto-Vecchio à partir du mois de septembre formeront des commerciaux en apprentissage. Il y a aura une formation Vendeur conseil omnicanal (niveau bac), qui formera aux compétences essentielles de la relation client multicanale. La formation Attaché commercial (bac +2) s’engage à former en un an des commerciaux opérationnels. Le BTS Gestion de la PME (bac +2) permettra aux participants de développer une polyvalence en gestion administrative, commerciale et comptable. Et la formation Gestionnaire d’unité commerciale (bac +2) visera à former aux savoir-faire nécessaires pour évoluer dans les métiers du commerce et de la distribution. Des formations susceptibles d’offrir des débouchés multiples, dans divers domaines d’activité, ce dont se réjouit Jean-Christophe Angelini : « On est dans cette montée en compétence que nous réclamons de nos vœux sur le territoire. » 

Au-delà de ces programmes d’incubation et de formations (qui auront tous lieu dans les locaux de Sud Corse Cowork à Porto-Vecchio), la CCI veut également organiser dans l’Extrême-Sud un cycle de conférences réunissant des chefs d’entreprise du territoire pour partager leurs expériences et des perspectives. A ce propos, Philippe Albertini a fait remarquer que des chefs d’entreprise extérieurs à la Corse fréquentent occasionnellement la micro-région : « Ce serait l’occasion d’établir une connexion avec eux, dans une perspective de partenariat et d’ouverture vers l’international. »