Corse Net Infos - Pure player corse

En Corse, l’apport migratoire seul moteur de la croissance démographique


MV le Jeudi 19 Décembre 2024 à 15:42

Avec une hausse de 1 % par an entre 2016 et 2022, la Corse connaît la plus forte croissance démographique en France métropolitaine. Une évolution portée exclusivement par les nouveaux arrivants, selon une étude de l’Insee Corse publiée ce jeudi 19 décembre.



Photo d'illustration
Photo d'illustration

La Corse continue de séduire. Avec une progression annuelle de 1 % entre 2016 et 2022, l’île se place en tête des régions métropolitaines pour la croissance démographique, révèle l’étude de l’Insee Corse « La population progresse en Corse grâce au solde migratoire ». Ce phénomène repose entièrement sur les arrivées sur l’île, qui surpassent largement les départs, compensant un solde naturel négatif depuis une décennie.

Une île prisée malgré le déficit naturel
En six ans, la population insulaire a gagné 20 821 habitants pour atteindre 351 276 au 1er janvier 2022. Mais cette hausse n’a rien de spontané. « La dynamique démographique repose exclusivement sur un solde migratoire positif, avec 3 900 nouveaux résidents chaque année en moyenne », souligne le rapport.

Cette attractivité place la Corse devant l’Occitanie (+0,8 %) et la Bretagne (+0,7 %) en termes de contribution migratoire. Les arrivées sont particulièrement marquées en Corse-du-Sud, où la population croît de 1,2 % par an, contre 0,8 % en Haute-Corse. Une performance qui positionne ce territoire parmi les départements les plus dynamiques de France.

En parallèle, le solde naturel joue un rôle négatif. Avec un vieillissement accéléré et un taux de fécondité de seulement 1,28 enfant par femme, la Corse connaît plus de décès que de naissances depuis 2013.


L’essor des périphéries
L’étude met également en lumière un phénomène de périurbanisation autour des principaux pôles.Alors que les centres d’Ajaccio et de Bastia restent des pôles majeurs, c’est désormais en périphérie que la croissance est la plus marquée. La communauté d’agglomération du Pays Ajaccien (Capa) enregistre une hausse de 1,4 % par an entre 2016 et 2022, portée par des communes comme Sarrola-Carcopino, dont la population bondit de 2,2 % par an.

Autour de Bastia, le phénomène est similaire. La communauté d’agglomération bastiaise (Cab) progresse de 1 %, tandis que des territoires voisins comme Marana-Golo (+1,2 %) et Nebbiu Conca d’Oru (+1,3 %) connaissent des dynamiques comparables. Ces zones attirent de nouveaux arrivants séduits par des logements plus spacieux, un cadre de vie plus calme et la proximité avec les bassins d’emploi.

Cette périurbanisation redessine l’aménagement du territoire, mais elle pose des défis. Le développement rapide de ces périphéries nécessite de renforcer les infrastructures, notamment les réseaux de transport, les écoles et les services de santé, pour soutenir cette croissance soutenue.

Ruralité en recul
En revanche, les territoires ruraux plus isolés peinent à suivre cette dynamique. Certaines zones comme le Cap Corse (-0,5 % par an) ou la communauté de communes Pasquale Paoli (-0,3 %) continuent de perdre des habitants. Le manque d’infrastructures et l’éloignement des bassins d’emploi rendent ces zones moins attractives, creusant davantage le fossé entre régions rurales et urbaines.


Un modèle à consolider
Si la Corse affiche une attractivité indéniable, sa croissance repose sur une base fragile. « La vitalité démographique de l’île reflète un attrait migratoire fort, mais elle est confrontée au défi d’un vieillissement marqué et d’un faible renouvellement naturel », avertissent Hajar Taraza et Arnaud Huyssen, auteurs de l’étude.

Pour pérenniser ce modèle, il faudra répondre aux attentes des nouveaux arrivants tout en développant des infrastructures adaptées et en valorisant les territoires en perte de vitesse. La Corse doit se réinventer, mais la trajectoire reste à définir.