C’est un moment qui devient chaque année un peu plus angoissant pour les professionnels de l’hôtellerie-restauration. Alors que la préparation de la saison bat son plein, en Corse beaucoup s’affairent encore à constituer leurs équipes. Avec plus ou moins de succès. « Les choses vont de plus en plus mal et je ne pense pas qu’elles vont aller en s’arrangeant. On est mi-mars, on ouvre tous dans le courant du mois d’avril et personne n’est parvenu à terminer son recrutement pour le moment », déplore Karina Goffi, la présidente de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (UMIH) de Corse.
Si par le passé de fidèles saisonniers revenaient d’une année sur l’autre dans les établissements, depuis quelques années le secteur de l’hôtellerie restauration fait en effet face à une pénurie de main d’œuvre. « Nous avons seulement un tout petit vivier de vrais saisonniers sur qui nous pouvons compter. Cela devient compliqué. Et nos confrères sur le continent ont la même problématique que nous », constate Karine Goffi. « Je pense que le système français fait que les gens n’ont pas envie d’aller travailler. Aujourd’hui quand on travaille six mois, on peut ensuite s’inscrire à France Travail et arriver à avoir une allocation de retour à l’emploi qui couvre déjà une belle partie de son ancien salaire, que certains complètent en faisant un peu de black. Au lieu de former des gens et de les mettre au travail, on les conforte dans une situation de chômage où on les paye à ne rien faire », estime-t-elle en déroulant : « Il y a moments de la vie où on ne peut pas faire autrement qu’être au chômage, cela notre profession l’entend, par contre ce que nous ne pouvons pas accepter c’est qu’il y ait des demandeurs d’emploi qui combleraient largement nos offres qu’on n’oblige pas à aller travailler ».
En parallèle, la présidente de l’UMIH de Corse assure que les professionnels de l’hôtellerie-restauration sont prêts à prendre du temps pour former des gens dans certains métiers directement dans leurs entreprises. Et souhaite casser une image erronée de la filière. « On nous caractérise souvent comme des professions où on paye mal alors que ce n’est pas vrai. Nous avons des grilles de salaires largement au-dessus d’autres métiers. La grille de salaire la plus basse est à 1800 euros net. De leur côté, les chefs de cuisine, pizzaioli, et barmaids ont par exemple de gros salaires. Puis il faut aussi rajouter les pourboires », souligne-t-elle en concédant : « Par contre, c’est vrai qu’on travaille quand les autres sont en vacances, les week-end et jours fériés. Dans la restauration, aussi bien au service qu’en cuisine, c’est aussi vrai que les saisonniers ont des moments où les amplitudes horaires sont importantes. On n’arrive aussi pas tout le temps à donner deux jours de congés par semaine, mais on les rattrape, on paye des heures supplémentaires ». Elle assure en outre que dans les métiers de l’hôtellerie restauration, « on peut évoluer rapidement et avoir de très beaux postes ». « Et puis je ne connais pas beaucoup de profession où on loge, nourrit et blanchit le personnel. On paye même les billets d’avion ou de bateau pour faire venir du personnel », appuie-t-elle encore en regrettant : « C’est très souvent les postes qui sont le plus montrés du doigt qui font le plus d’effort ».
Afin de combler le déficit de candidats locaux ou venus du continent, pour que leurs entreprises continuent à fonctionner les professionnels insulaires font désormais de plus en plus appel à de la main d’œuvre étrangère qui arrive de pays de plus en plus lointains. « Avant on faisait appel à des Italiens, des Portugais, des Slovaques ou des Polonais. Désormais, on touche l’Ile Maurice, Cuba, ou de plus en plus de pays d’Amérique Latine comme l’Argentine », confie Karina Goffi.
Dans ce droit fil, fin février, le gouvernement a annoncé la publication de la nouvelle « liste des métiers et zones géographiques caractérisées par des difficultés de recrutement », une base de référence qui permet d’accorder des titres de séjour aux travailleurs immigrés sans papiers. Si la précédente liste des métiers en tension ne répertoriait pas les métiers de la restauration à l’exception des maitres d’hôtels, cette nouvelle mouture a pris en compte les demandes répétées de la filière et constitue de facto « une avancée majeure » pour l’UMIH . « Cette reconnaissance est indispensable pour simplifier les démarches administratives et garantir une politique de recrutement et de formation plus cohérente et efficace dans notre secteur », expliquait alors Thierry Marx, président confédéral de l’UMIH qui appelait toutefois à certains points « d’ajustement indispensables ». Cette liste initiale affichait en effet une disparité entre les régions, et les serveurs et chefs cuisiniers n’y figuraient par exemple pas pour la Corse. « À l’instar du secteur agricole, l’UMIH demande un arrêté ministériel spécifique pour les HCR pour que tous les métiers essentiels de l’hôtellerie et de la restauration soient systématiquement reconnus partout en France métropolitaine », avait alors affirmé l’UMIH. Si les choses semblent désormais en passe d’être réglées et que les nouvelles dispositions devraient faciliter les démarches des chefs d'entreprise pour recruter de la main d’œuvre étrangère afin de combler les manques, cette perspective ne réjouit pas pour autant le secteur qui préférerait pouvoir encore recruter localement.
« Il a un virage à prendre très vite et tous ensemble », martèle ainsi Karina Goffi avant de conclure : « Je pense qu’il faut une réforme rapide, intelligente afin qu’on ne se retrouve pas avec plus du tout de main d’œuvre dans les prochaines années. Plus que nos seuls métiers, aujourd’hui ce sont tous les secteurs qui ont du mal à recruter ».
Si par le passé de fidèles saisonniers revenaient d’une année sur l’autre dans les établissements, depuis quelques années le secteur de l’hôtellerie restauration fait en effet face à une pénurie de main d’œuvre. « Nous avons seulement un tout petit vivier de vrais saisonniers sur qui nous pouvons compter. Cela devient compliqué. Et nos confrères sur le continent ont la même problématique que nous », constate Karine Goffi. « Je pense que le système français fait que les gens n’ont pas envie d’aller travailler. Aujourd’hui quand on travaille six mois, on peut ensuite s’inscrire à France Travail et arriver à avoir une allocation de retour à l’emploi qui couvre déjà une belle partie de son ancien salaire, que certains complètent en faisant un peu de black. Au lieu de former des gens et de les mettre au travail, on les conforte dans une situation de chômage où on les paye à ne rien faire », estime-t-elle en déroulant : « Il y a moments de la vie où on ne peut pas faire autrement qu’être au chômage, cela notre profession l’entend, par contre ce que nous ne pouvons pas accepter c’est qu’il y ait des demandeurs d’emploi qui combleraient largement nos offres qu’on n’oblige pas à aller travailler ».
En parallèle, la présidente de l’UMIH de Corse assure que les professionnels de l’hôtellerie-restauration sont prêts à prendre du temps pour former des gens dans certains métiers directement dans leurs entreprises. Et souhaite casser une image erronée de la filière. « On nous caractérise souvent comme des professions où on paye mal alors que ce n’est pas vrai. Nous avons des grilles de salaires largement au-dessus d’autres métiers. La grille de salaire la plus basse est à 1800 euros net. De leur côté, les chefs de cuisine, pizzaioli, et barmaids ont par exemple de gros salaires. Puis il faut aussi rajouter les pourboires », souligne-t-elle en concédant : « Par contre, c’est vrai qu’on travaille quand les autres sont en vacances, les week-end et jours fériés. Dans la restauration, aussi bien au service qu’en cuisine, c’est aussi vrai que les saisonniers ont des moments où les amplitudes horaires sont importantes. On n’arrive aussi pas tout le temps à donner deux jours de congés par semaine, mais on les rattrape, on paye des heures supplémentaires ». Elle assure en outre que dans les métiers de l’hôtellerie restauration, « on peut évoluer rapidement et avoir de très beaux postes ». « Et puis je ne connais pas beaucoup de profession où on loge, nourrit et blanchit le personnel. On paye même les billets d’avion ou de bateau pour faire venir du personnel », appuie-t-elle encore en regrettant : « C’est très souvent les postes qui sont le plus montrés du doigt qui font le plus d’effort ».
Afin de combler le déficit de candidats locaux ou venus du continent, pour que leurs entreprises continuent à fonctionner les professionnels insulaires font désormais de plus en plus appel à de la main d’œuvre étrangère qui arrive de pays de plus en plus lointains. « Avant on faisait appel à des Italiens, des Portugais, des Slovaques ou des Polonais. Désormais, on touche l’Ile Maurice, Cuba, ou de plus en plus de pays d’Amérique Latine comme l’Argentine », confie Karina Goffi.
Dans ce droit fil, fin février, le gouvernement a annoncé la publication de la nouvelle « liste des métiers et zones géographiques caractérisées par des difficultés de recrutement », une base de référence qui permet d’accorder des titres de séjour aux travailleurs immigrés sans papiers. Si la précédente liste des métiers en tension ne répertoriait pas les métiers de la restauration à l’exception des maitres d’hôtels, cette nouvelle mouture a pris en compte les demandes répétées de la filière et constitue de facto « une avancée majeure » pour l’UMIH . « Cette reconnaissance est indispensable pour simplifier les démarches administratives et garantir une politique de recrutement et de formation plus cohérente et efficace dans notre secteur », expliquait alors Thierry Marx, président confédéral de l’UMIH qui appelait toutefois à certains points « d’ajustement indispensables ». Cette liste initiale affichait en effet une disparité entre les régions, et les serveurs et chefs cuisiniers n’y figuraient par exemple pas pour la Corse. « À l’instar du secteur agricole, l’UMIH demande un arrêté ministériel spécifique pour les HCR pour que tous les métiers essentiels de l’hôtellerie et de la restauration soient systématiquement reconnus partout en France métropolitaine », avait alors affirmé l’UMIH. Si les choses semblent désormais en passe d’être réglées et que les nouvelles dispositions devraient faciliter les démarches des chefs d'entreprise pour recruter de la main d’œuvre étrangère afin de combler les manques, cette perspective ne réjouit pas pour autant le secteur qui préférerait pouvoir encore recruter localement.
« Il a un virage à prendre très vite et tous ensemble », martèle ainsi Karina Goffi avant de conclure : « Je pense qu’il faut une réforme rapide, intelligente afin qu’on ne se retrouve pas avec plus du tout de main d’œuvre dans les prochaines années. Plus que nos seuls métiers, aujourd’hui ce sont tous les secteurs qui ont du mal à recruter ».