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En Corse, les syndicats fustigent le débat relancé par Macron sur la durée des vacances d’été


MP le Mardi 4 Février 2025 à 09:36

Ce dimanche, en marge d'un déplacement à Colmar, le Président de la République a reposé la question du temps scolaire, évoquant la possibilité de réduire les vacances. Loin d'être une nouveauté, ce débat relancé par le Chef de l'État a suscité la colère des syndicats qui l'accusent de masquer les vraies urgences auxquelles doit faire face l'Éducation nationale.



En Corse, les syndicats fustigent le débat relancé par Macron sur la durée des vacances d’été
C’est un débat qui a déjà été ouvert à de multiples reprises et qui a à chaque fois suscité une réaction épidermique du corps enseignant. Ce dimanche, en marge d’un déplacement à Colmar, Emmanuel Macron a à nouveau évoqué la possibilité de revoir le temps scolaire en affirmant : « La France a des vacances plus longues que dans beaucoup de pays. La question que l’on peut se poser pour nos enfants est : est-ce qu’il : ne faut pas un peu revoir les vacances pour pouvoir décontraindre les semaines pour mieux apprendre ? ». Une interrogation du Président de la République qui a immédiatement provoqué la crispation des syndicats qui déplorent qu’une nouvelle fois le curseur ne soit pas mis au niveau des véritables urgences pour l’école. 
 
« Cette idée de raccourcir la pause estivale n’a rien de nouveau. Le ministre Pap Ndiaye l’avait notamment mis sur la table en 2022, et à l’époque il y avait eu un rapport dans lequel le Conseil Supérieur de l’Éducation disait qu’il ne fallait pas raccourcir les vacances d’été, mais plutôt mieux répartir les vacances sur l’année », rappelle Santa Piselli, professeur des écoles et représentante de la FSU-SNUIPP 2B, en notant qu’Élisabeth Borne, la ministre de l’Éducation nationale a elle aussi prévenu que les vacances d’été pourraient se voir raccourcies, lors d’un entretien accordé au journal Le Parisien il y a quelques jours. « À aucun moment elle ne nous dit pourquoi ce serait mieux pour l’enfant. Pour notre part, nous sommes dans une région où il fait relativement chaud et arriver à travailler dans des classes sans climatisation en juin et en septembre est déjà très difficile. Si les vacances devaient être réduites qu’est-ce que cela serait en plein été ?  Ce n’est pas les meilleures conditions pour que les enfants puissent apprendre ! », déplore-t-elle.
 
Charles Casabianca, enseignant dans le secondaire et secrétaire général de la CGT Éducation de Haute-Corse, enfonce le clou.  « Il y a des pédopsychiatres qui ont mis sur la table le rythme scolaire et ils se sont aperçus que 7 semaines de cours suivies de 2 semaines de vacances était un très bon rythme », glisse-t-il avant de fustiger : « Pour nous, ce débat est un micro-détail dans le problème de l’Éducation nationale. On jette cela en pâture aux syndicats et à la presse, et pendant que l’on parle des vacances, on oublie par exemple que derrière il n’y a que 10% des établissements scolaires de France dans le 2nd degré qui ont l’ensemble de leur personnel, on fait oublier le manque de moyens donnés à l’Éducation Nationale, la crise du recrutement… Aujourd’hui l’urgence serait plutôt de discuter des conditions d’accueil des élèves, de donner à tous la possibilité d’accéder à des études supérieures, d’arrêter d’avoir des effectifs chargés pour ne permettre qu’à quelques-uns de réussir ».
 
De plus, alors que le modèle allemand, où les élèves n’ont que 6 semaines de congés annuels, est souvent citer en exemple, les deux enseignants rappellent qu’il convient de tout comparer. « Ce que l’on oublie de dire c’est que l’après-midi ils ont des activités sportives, ce qui n’est pas du tout le cas chez nous. On avait déjà essayé avec la semaine des 4 jours et demi, où l’après-midi il y avait effectivement des activités périscolaires mises en place, mais on a vu que la plupart des communes ont demandé des dérogations pour revenir à l’ancien système », pose ainsi la représentante de la FSU-SNUIPP 2B. « En Allemagne, on débute une carrière dans le 2nd degré à 45 000 euros par an, alors qu’en France on est à 28 000 euros bruts par an. Et en Allemagne on finit à 95 000 euros bruts par an, quand en France on finit à 55 000 euros. Ça c’est une réalité. Si on veut comparer, il faut tout comparer », instille de son côté le secrétaire général de la CGT de Haute-Corse avant de conclure : « Aujourd’hui, ce qu’il faudrait avant tout c’est inciter les jeunes à intégrer l’Éducation nationale avec de l’attractivité, en augmentant les salaires. Actuellement on leur demande un niveau ingénieur, alors qu’à l’heure on n’est pas mieux payé qu’une femme de ménage ».