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En Corse, rentrer à l'université coûte près de 3 000€ à un étudiant non-boursier


le Dimanche 8 Septembre 2024 à 11:25

Pour la première fois en Corse, une étude sur le coût de la rentrée universitaire a été réalisée, sur la base des indicateurs collectés par la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE). Ces indicateurs ont été adaptés aux spécificités de la Corse et il en ressort qu’un étudiant cortenais, non boursier, doit débourser près de 3 000 € lors de son entrée à l’université.



Photo d'illustration
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Le 4 septembre, la FAGE a mis à jour son baromètre annuel du coût de la rentrée universitaire : en moyenne en France, un étudiant français non boursier doit débourser 3 157,01€ lors de son entrée à l’université. Cela représente une hausse de 85,69 € (+3,79%) par rapport à l’an dernier. En Corse, la FAGE n’est pas représentée, il n’y avait donc pas eu d’étude ciblée sur la rentrée universitaire cortenaise, mais les cris d’alarme réguliers lancés par l’association Aiutu Studientinu, font état, d’année en année, d’une précarisation grandissante à l’université Pasquale Paoli, du fait de l’inflation et de la flambée des loyers. 

Une jeune bastiaise, Marion Da Ros Poli, a voulu en avoir le coeur net. Après le bac, elle a passé sa première année de médecine à Corte. Elle poursuit aujourd’hui ses étude sur le Continent, car seule la première année de médecine est enseignée en Corse : « C’est en arrivant sur le Continent que j’ai pris connaissance de l’existence de la FAGE. En France, tous les étudiants sont relativement précaires, mais en Corse, c’est davantage le cas, assure-t-elle. De par notre insularité, nous sommes habitués à payer nos biens et services à un prix supérieur. Or, la classe moyenne des étudiants n’a droit à pas grand-chose. Je parle de la zone grise des étudiants : ceux dont les parents gagnent un peu trop selon les barèmes pour leur permettre d’être boursiers. »

La méthodologie utilisée

Marion Da Ros Poli décide de reprendre la méthodologie de la FAGE, au nom du tutorat Asclépios, l’associu di i studienti in salute qu’elle a présidé jusqu’à cette année. L’indicateur dresse le coût moyen de la rentrée pour « un étudiant de 20 ans en licence à l’université, sans double inscription, non boursier et n’habitant plus au domicile familial », consigne l’étude, qui souligne : « Il s’agit d’un indicateur sans privation, avec une alimentation saine, équilibrée, et des postes de dépenses au plus près de la vie d’un étudiant ». 

Les dépenses se divisent en deux catégories : les frais spécifiques à la rentrée universitaire (frais d’inscription, contribution à la vie étudiante et de campus, complémentaire santé, assurance logement, matériel pédagogique…) et les frais de la vie courante (loyer, alimentation, loisirs, transports…). Toutes ces dépenses listées par la FAGE ont été recalculées suivant les spécificités corses qui se répercutent sur la vie étudiante insulaire : prédominance de la voiture comme moyen de transport, carburant plus cher que sur le Continent. S’appuyant sur les chiffres de l’Agence de développement économique de la Corse (ADEC), l’étude évoque une dépense moyenne mensuelle de 143,74 € pour le SP 95 et 133,10€ pour le gazole, supérieure à la moyenne nationale. Et concernant l’alimentation, « les tarifs sont 7 % plus élevés que sur le Continent, plaçant le panier moyen mensuel d’un étudiant corse à 212€, contre 198,11€ à l’échelle nationale », poursuit l’étude, en se référant cette fois à l’enquête de comparaison spatiale des prix publiée par l’Insee en juillet 2023. Sur les loyers, l’étude relève « une hausse exponentielle de presque 18 % cette année ».


Au total, l’entrée à l’université en Corse se monte à 2975,70€, conclut ce premier indicateur du coût de la rentrée universitaire réalisé sur l’île. Il est donc moins élevé que la moyenne nationale, selon l’étude réalisée par la FAGE. Pas vraiment, éclaire Marion Da Ros Poli : « L’étude de la FAGE répertorie toutes les filières, comme les kinés ou les dentistes. Ce sont des filières qui nécessitent de coûteuses dépenses d’équipement, or ces filières ne sont pas enseignées sur Corte. » Au contraire, en Corse, les dépenses augmentent de « 7,45 % par rapport à la rentrée universitaire 2023-2024 », a calculé a posteriori Marion Da Ros Poli.

Des mesures pour endiguer la précarité étudiante

Les résultats de cette étude font écho au combat mené par Jean-Laurent Antonetti, le vice-président des étudiants à l’université Pasquale-Paoli : « On se bat tous les jours pour faire baisser les droits d’inscription. On a obtenu l’augmentation du montant de la bourse et on est en train de proposer l’instauration d’un chèque essence pour les étudiants qui viennent en voiture. Une demande a été faite en ce sens à la Collectivité de Corse. » De son côté, le directeur du CROUS de Corse, Marc-Paul Luciani, ne peut que constater les dégâts causés par l’inflation : « Il y a très peu de concurrence sur l’île, tout le monde en pâtit et a fortiori les étudiants. » Interviewé par Corse Net Infos le 5 septembre, il listait les différentes mesures mises en place par les instances universitaires pour endiguer la précarité étudiante : « Nous avons alloué 700 000€ d’aides financières cette année. Pour lutter contre la précarité alimentaire, nous proposons des repas gratuits toute l’année dans les restaurants universitaires, ainsi que des tickets alimentaires d’une valeur de 80€. En partenariat avec l’Université de Corse, nous soutenons également  l’association Aiutu Studentinu en fournissant des denrées alimentaires et des infrastructures logistiques. » Le CROUS de Corse offre également la possibilité de loger temporairement des étudiants en situation de précarité. Pour faire face au manque de logements étudiants, il a initié la construction de 100 studios sur le campus Mariani, dont la livraison est prévue dans 18 mois. Est également prévue la rénovation de 800 chambres de la résidence universitaire Pascal-Paoli 2.