D'autant qu'il y a une dizaine de jours, encore, la gendarmerie de Montesoro était mitraillées une fois de plus, que des gens sont en garde à vue depuis mercredi matin dans cette même affaire et que, pas plus tard que mardi après-midi, plusieurs kilos d'explosifs étaient découverts dans une villa en construction de Cargèse.
Mais non.
Même si le terrain est toujours miné le FLNC, lui, dépose les armes.
Il développe dans sa communication que l'on peut lire par ailleurs comment son analyse de la situation, " fruit d'un long débat en interne l'a conduit à prendre cette décision.
Mais s'il dépose les armes, le mouvement clandestin qui précise que dès la parution de son communiqué il récuse "par avance toute paternité d'actions militaires sur le territoire corse" reste néanmoins sur ses gardes.
Pour lui la sécurité de ses militants reste "une préoccupation". Et prévient : "certains réseaux mafieux peuvent être facilement instrumentalisés dans une logique d'affrontement et porter atteinte à l'intégrité physique de nos militants".
"Nous connaissons tous les acteurs et protagonistes de toutes les compromissions et connivences, passées et actuelles, avec l'Etat policier français manipulateur."
Pour autant le processus initié, "marque une nouvelle étape dans la lutte historique du peuple pour sa liberté", écrit le FLNC." Il ne s'agit pas de la fin de l'histoire. Au contraire. Par ce geste d'aujourd'hui nous voulons offrir des perspectives nouvelles à notre marche vers la souveraineté ».
"Désormais alors que l'idée d''émancipation est largement partagée par les Corses, il est temps de passer à une phase nouvelle : celle de la construction d'une force politique pour gouverner la Corse et la conduire à l'indépendance."
Le coût humain de ces longues années d'engagement au sein de la lutte de libération nationale a été, c'est une triste réalité, "exorbitant ". Des centaines d'années de prison "cumulées", "le sacrifice de la vie pour tous nos combattants qui sont tombés", "la douleur des familles" ont sillonné le parcours combattant du FLNC.
Aujourd'hui, à l'heure où au niveau de l'assemblée de Corse on entend comme on ne l'avait jamais fait auparavant le message porté par les nationalistes, on veut passer à autre chose.
A une phase plus politique d'autant que "le cynisme de la condamnation de la lutte armée comme sésame et préalable à l'accès aux portes du dialogue ou de la négociation, a vécu"
Mais à l'orée de cette nouvelle ère l'organisation clandestine ne demande pas moins aux élus de l'île, "d'entreprendre en toute logique, dans le cadre de l'évolution de nos institutions et l'instauration d'un nouveau statut négocié avec l'Etat français, le règlement de la question des prisonniers et recherchés politiques."
La paix et l'apaisement passeront peut-être par là même si la "nouvelle donne politique offerte" l'est "sans préalable, ni équivoque" par le FLNC.
Dès lors le 25 Juin 2014 entrera t-il dans l'Histoire de la Corse comme le 5 Mai 1976?
L'avenir nous le dira…
Mais force est de constater que démarche aussi forte que celle de ce mercredi, n'avait jamais été effectuée par le passé par le mouvement clandestin.
La Ghjuventù Independentista "salue la décision"
La Ghjuventù Independentista prend acte de la décision, et plus que ça, la salue et salue surtout les sacrifices faits durant les 38 années de lutte, que ce soit le sang versé ou les peines de prisons purgées.
Nous pensons que la balle est dans le camp de l’Etat désormais, puisqu’il a là l’occasion de saisir une chance historique pour régler la question Corse.
Le peuple corse doit aujourd’hui montrer sa détermination pour aller vers plus d’avancées.
A la vue de cette communication, nous demandons la libération des prisonniers politiques et l’arrêt de toutes poursuites concernant les personnes encore recherchées.
En ce qui concerne la G.I., notre discours reste le même. Le FLNC dépose les armes mais existe toujours, et nous continuons à nous situer dans la Lutte de Libération Nationale.
Il est un peu trop tôt pour dire si la L.L.N va changer de stratégie, mais de notre côté, nous continuerons à porter les mêmes discours et les mêmes idées. Nous allons organiser des réunions en internes pour analyser la situation.
Jean Zuccarelli : "Un aveu d'échec"
Plus que jamais seul s'impose le débat démocratique pour construire un modèle de développement durable et apaisé pour la Corse.
Il nous faut cependant rester vigilants pour s'assurer qu'au-delà des effets d'annonce des actes concrets suivront".