Les conseillers territoriaux de Femu a Corsica : Nadine Nivaggioni, Agnès Simonpietri, Saveriu Luciani, Jean-Christophe Angelini et Hyacinthe Vanni, remettent en main propre leurs réserves à l’un des neuf commissaires enquêteurs.
Le geste est symbolique et le lieu tout autant. Les conseillers territoriaux de Femu a Corsica ont tenu à remettre en main propre, physiquement et publiquement, aux commissaires enquêteurs, une lettre contenant leurs réserves sur la deuxième mouture du PADDUC, adoptée à la CTC, le 9 avril dernier. Autant, les Nationalistes unis avaient voté d’un seul bloc, en octobre, un document auquel ils avaient largement contribué et qu’ils avaient rendu conforme à leur vision de la Corse et à ses trois piliers fondamentaux : la reconnaissance du peuple corse, l’inscription de la coofficialité de la langue et la préservation de la terre. « Le PADDUC est le dossier emblématique, majeur de la mandature. Notre groupe a fait en sorte qu’il soit à la hauteur de l’enjeu. L’enjeu, c’est d’abord de répondre à l’attente des Corses. C’est, ensuite, de proposer un document pour les 20 ou 30 ans à-venir, qui nous engage réellement dans la durée », explique Jean-Christophe Angelini, président du groupe à la CTC. Autant, la deuxième mouture d’avril, qui détricote ces acquis, a fait naître doutes, craintes et de nombreux points majeurs de désaccords.
Des acquis abandonnés
L’élu nationaliste rappelle que, lors du débat sur la deuxième mouture, « Nous avons marqué un certain nombre de réserves fortes. Nous avons, néanmoins, voté le document pour prolonger le dynamisme et l’espoir, mais sans rien renier de nos fondamentaux. Aujourd’hui, nous craignons de voir ses acquis remis en cause ou abandonnés ». Ces réserves sont charpentées en cinq points : la caractérisation des Espaces stratégiques agricoles (ESA), l’imprécision de la cartographie, l’encadrement des Secteurs à enjeux régionaux (SER), la protection des espaces remarquables et la sécurisation juridique pour les maires. « Nous n’admettrons aucun recul ! Nous sommes convaincus que le modèle de société et la portée juridique du document, tel que nous les voulons, sont un bouclier de protection pour les maires contre ceux qui veulent utiliser la moindre faille pour s’engouffrer dans la spéculation foncière ».
Des contradictions
Les terres agricoles sont, pour les Modérés, un enjeu fondamental, impensable à sacrifier. « Le PADDUC devait changer le modèle d’urbanisme développé jusqu’ici avec, pour nouvelle orientation fondamentale, de préserver les espaces stratégiques agricoles. Il est contradictoire de vouloir l’autonomie alimentaire et de sacrifier les ESA à forte potentialité. On ne peut pas dire que l’on a acté la totalité des ESA à forte potentialité, mais que ces ESA, sous prétexte d’un projet d’urbanisation ou d’équipement, seront compensées par d’autres ESA de même potentialité, puisqu’ayant tout acté, il n’y a plus de réserve ! Le principe de compensation n’existe pas sans réserve !, dénonce la conseillère territoriale, Nadine Nivaggioni. « Nous ne sacrifierons pas les terres agricoles ! Nous n’en avons pas de trop pour nourrir notre population ! Les terres, aujourd’hui urbanisables, peuvent permettre de doubler la population de la Corse. Pourquoi dénaturer les terres agricoles dont nous avons besoin ? », s’interroge-t-elle (cf vidéo).
Une pression urbaine
A sa suite, la conseillère territoriale Agnès Simonpietri, fustige les Secteurs à enjeux régionaux : « Les Espaces mutables étaient bien encadrés. Seul un projet d’intérêt collectif pouvait permettre de déclasser des terres. Ces espaces ont été remplacés par des Secteurs à enjeux régionaux beaucoup plus importants en volume et sans encadrement. Nous comprenons que certaines zones aient besoin de respiration pour réaliser des projets collectifs, mais pas n’importe comment ! Sur des zones où il y a une pression urbaine importante, le PADDUC recommande simplement de mettre en place un comité de pilotage au bon vouloir des aménageurs. Urbaniser en linéaire de Bastia à Casamozza est exactement le contraire de la philosophie initiale du PADDUC ! C’est un recul fondamental ! Nous ne pouvons pas être d’accord ! ».
Un document politique
Pour le conseiller territorial, Saveriu Luciani, le PADDUC est, d’abord, un acte politique majeur : « Le PADDUC n’est pas un document d’urbanisme, il a valeur de société ! Il est fait pour le peuple corse. La crise des déchets nous a montré la valeur de la terre, de l’espace et l’enjeu de ce document. Il est important de réaffirmer que, pour nous, c’est un document éminemment politique de construction de la nation. Il est important de le dire, ici, à Folelli, qui est un endroit symbolique. Ce PADDUC est aussi un message adressé à l’Etat pour lui dire que nous serons attentifs à tout ce qui concerne la terre, la langue et le peuple corses. ».
Revoir la copie !
Hyacinthe Vanni enfonce le clou et pose très clairement l’enjeu du dépôt médiatisé de réserves : « La terre, le peuple et la langue sont nos fondamentaux. Pour nous, les terres agricoles et les espaces stratégiques agricoles à forte potentialité ne sont pas négociables ! Nous avons envoyé le message à Maria Guidicelli de revoir sa copie. Nous l’avertissons que nous ne voterons pas le PADDUC en l’état ! ». Pour le conseiller territorial, il est « hors de question de voter ce document ! On ne peut pas transiger sur les espaces stratégiques agricoles ! L’Exécutif, en particulier Maria Guidicelli, doit nous entendre et faire en sorte que ce document redevienne acceptable. Aujourd’hui, il ne l’est pas ! Il serait dommage que nous n’arrivions pas à valider ce PADDUC que tout le monde attend ».
L’enquête publique, qui se clôt le 3 juillet, ne fait pas franchement recette, tant le document proposé est inabordable pour le profane ! Dix jours après, les neuf commissaires enquêteurs remettront un avis de synthèse et, deux mois plus tard, leur rapport définitif à la CTC qui décidera, ou non, d’en tenir compte. Le débat devrait se tenir fin septembre ou début octobre, à environ deux mois des élections territoriales.
N.M.
Des acquis abandonnés
L’élu nationaliste rappelle que, lors du débat sur la deuxième mouture, « Nous avons marqué un certain nombre de réserves fortes. Nous avons, néanmoins, voté le document pour prolonger le dynamisme et l’espoir, mais sans rien renier de nos fondamentaux. Aujourd’hui, nous craignons de voir ses acquis remis en cause ou abandonnés ». Ces réserves sont charpentées en cinq points : la caractérisation des Espaces stratégiques agricoles (ESA), l’imprécision de la cartographie, l’encadrement des Secteurs à enjeux régionaux (SER), la protection des espaces remarquables et la sécurisation juridique pour les maires. « Nous n’admettrons aucun recul ! Nous sommes convaincus que le modèle de société et la portée juridique du document, tel que nous les voulons, sont un bouclier de protection pour les maires contre ceux qui veulent utiliser la moindre faille pour s’engouffrer dans la spéculation foncière ».
Des contradictions
Les terres agricoles sont, pour les Modérés, un enjeu fondamental, impensable à sacrifier. « Le PADDUC devait changer le modèle d’urbanisme développé jusqu’ici avec, pour nouvelle orientation fondamentale, de préserver les espaces stratégiques agricoles. Il est contradictoire de vouloir l’autonomie alimentaire et de sacrifier les ESA à forte potentialité. On ne peut pas dire que l’on a acté la totalité des ESA à forte potentialité, mais que ces ESA, sous prétexte d’un projet d’urbanisation ou d’équipement, seront compensées par d’autres ESA de même potentialité, puisqu’ayant tout acté, il n’y a plus de réserve ! Le principe de compensation n’existe pas sans réserve !, dénonce la conseillère territoriale, Nadine Nivaggioni. « Nous ne sacrifierons pas les terres agricoles ! Nous n’en avons pas de trop pour nourrir notre population ! Les terres, aujourd’hui urbanisables, peuvent permettre de doubler la population de la Corse. Pourquoi dénaturer les terres agricoles dont nous avons besoin ? », s’interroge-t-elle (cf vidéo).
Une pression urbaine
A sa suite, la conseillère territoriale Agnès Simonpietri, fustige les Secteurs à enjeux régionaux : « Les Espaces mutables étaient bien encadrés. Seul un projet d’intérêt collectif pouvait permettre de déclasser des terres. Ces espaces ont été remplacés par des Secteurs à enjeux régionaux beaucoup plus importants en volume et sans encadrement. Nous comprenons que certaines zones aient besoin de respiration pour réaliser des projets collectifs, mais pas n’importe comment ! Sur des zones où il y a une pression urbaine importante, le PADDUC recommande simplement de mettre en place un comité de pilotage au bon vouloir des aménageurs. Urbaniser en linéaire de Bastia à Casamozza est exactement le contraire de la philosophie initiale du PADDUC ! C’est un recul fondamental ! Nous ne pouvons pas être d’accord ! ».
Un document politique
Pour le conseiller territorial, Saveriu Luciani, le PADDUC est, d’abord, un acte politique majeur : « Le PADDUC n’est pas un document d’urbanisme, il a valeur de société ! Il est fait pour le peuple corse. La crise des déchets nous a montré la valeur de la terre, de l’espace et l’enjeu de ce document. Il est important de réaffirmer que, pour nous, c’est un document éminemment politique de construction de la nation. Il est important de le dire, ici, à Folelli, qui est un endroit symbolique. Ce PADDUC est aussi un message adressé à l’Etat pour lui dire que nous serons attentifs à tout ce qui concerne la terre, la langue et le peuple corses. ».
Revoir la copie !
Hyacinthe Vanni enfonce le clou et pose très clairement l’enjeu du dépôt médiatisé de réserves : « La terre, le peuple et la langue sont nos fondamentaux. Pour nous, les terres agricoles et les espaces stratégiques agricoles à forte potentialité ne sont pas négociables ! Nous avons envoyé le message à Maria Guidicelli de revoir sa copie. Nous l’avertissons que nous ne voterons pas le PADDUC en l’état ! ». Pour le conseiller territorial, il est « hors de question de voter ce document ! On ne peut pas transiger sur les espaces stratégiques agricoles ! L’Exécutif, en particulier Maria Guidicelli, doit nous entendre et faire en sorte que ce document redevienne acceptable. Aujourd’hui, il ne l’est pas ! Il serait dommage que nous n’arrivions pas à valider ce PADDUC que tout le monde attend ».
L’enquête publique, qui se clôt le 3 juillet, ne fait pas franchement recette, tant le document proposé est inabordable pour le profane ! Dix jours après, les neuf commissaires enquêteurs remettront un avis de synthèse et, deux mois plus tard, leur rapport définitif à la CTC qui décidera, ou non, d’en tenir compte. Le débat devrait se tenir fin septembre ou début octobre, à environ deux mois des élections territoriales.
N.M.