« On a un état des lieux qui est très clair : nos ressources halieutiques diminuent d’année en année », pose Madeleine Cancemi, la directrice délégué du Parc naturel marin, dont l’aire enserre le Cap Corse, de Bastia à Belgodère, sur 6 830 km², ce qui en fait la plus vaste de France métropolitaine. Créée en 2019, la commission halieutique du Parc a servi de lieu d’échanges entre les scientifiques, services de l’État, pêcheurs professionnels ou de loisir. Tous s’accordent à dire, sur la foi d’études scientifiques ou au travers de leurs propres constatations, que les stocks de poissons diminuent. « Est-ce lié à la pêche ? Ou au changement climatique ? On n’a pas toutes les données pour déterminer les causes, mais on sait que ça diminue », résume Madeleine Cancemi. « On n’est pas dans une raréfaction de nouvelles espèces, relativise Jean-Laurent Massey, en charge du suivi des écosystèmes marins au Parc. Mais il y a certaines espèces que l’on observe un peu moins aujourd’hui, comme la girelle commune. Et c’est lié à un ensemble de paramètres. »
« C’était open bar... »
Suite à cette phase de concertation, le Parc a manifesté auprès des services de l’État sa volonté de durcir la réglementation de la pêche de loisir dans son aire de répartition. « Jusqu’à maintenant, c’était open bar... », reconnaît Jean-François De Marco, porte-parole du collectif de pêcheurs récréatifs corses, Pesca Passione. Autrement dit, les prises n’étaient pas limitées en quantité, sauf bien sûr pour les espèces faisant l’objet d’un moratoire (corb, mérou et denti). Ce n’est désormais plus le cas puisque l’arrêté inter-préfectoral du 10 décembre limite à 5 kg la quantité de poisson pêché (par pêcheur et par jour). Dans le cas d’une première prise dont le poids excéderait les 5 kg, le pêcheur pourra conserver sa prise, mais il ne sera pas autorisé à effectuer d’autres prélèvements ce même jour.
Actuellement, « le poids moyen pêché est de 2 kg par pêcheur et par jour », précise la directrice du Parc. « 95 % des pêcheurs de loisirs que vous croisez ne vont jamais prendre plus de 5 kg", poursuit Jean-Laurent Massey. Cet arrêté, « il est surtout là pour enrayer les abus » et vise la minorité « qui se fait passer pour des pêcheurs récréatifs, alors que ce qu’ils recherchent en pêchant de grandes quantités de poissons, c’est le profit ». Ce que confirme Jean-François De Marco : « Les pêcheurs habitués à leurs coins à poissons n’ont aucun intérêt à les vider, sinon ils n’ont plus d’endroits où pêcher... Gérer la ressource, c’est ce qu’on fait depuis toujours, et c’est dans l’intérêt de notre passion. Limiter à 5 kg, c'est bien pour éviter des tirer des revenus de la pêche. » Si, finalement, le choix s'est porté sur 5 kg, c’est parce que cette même limite s’applique déjà dans la réserve des Bouches de Bonifacio ou en Italie. En France, en l’absence d’une réglementation unique relative à la pêche de loisir, ce sont les aires marines qui sont compétentes dans cette prise d’initiative.
Une autorisation de pêche à renouveler chaque année
La deuxième mesure qui entrera en vigueur, c’est l’autorisation de pêche. Chaque pêcheur de loisir, âgé de 16 ans et plus, devra demander une autorisation qui sera valable un an. La demande peut se faire en remplissant un formulaire dans les locaux du Parc, ou par le biais de l’application smartphone CatchMachine. « Ca nous permettra de connaître le nombre de pêcheurs potentiels sur notre territoire, s’en explique Madeleine Cancemi. On pourra aussi étudier le poids moyen des captures sur une année et mener des actions de sensibilisation. » Une autorisation de pêche, Jean-François De Marco y est également favorable, pour pouvoir disposer de données qui lui permettront, espère-t-il, « pouvoir mieux peser demain dans les discussions sur les moratoires » auxquels en l’état actuel de la ressource, il s’oppose.
Le Parc alerte aussi sur un certain nombre de pêches qui ont pu viser, souvent par méconnaissance de la législation, des populations de poissons juvéniles. Or, il y a une taille minimale à respecter, pour laisser le temps aux poissons de grandir et de se reproduire. Si ce constat ne s’est pas traduit par une prise de décision immédiate, Jean-Laurent Massey précise que « des discussions sont en cours » en vue d’étoffer à l’avenir le cadre réglementaire. Dans l’immédiat, le parc se donne deux mois pour sensibiliser les pêcheurs récréatifs, avant d’intensifier les contrôles en mer : « Dès le printemps, prévient Madeleine Cancemi, on mettra des procès-verbaux aux personnes qui ne seront pas en règle. »
« C’était open bar... »
Suite à cette phase de concertation, le Parc a manifesté auprès des services de l’État sa volonté de durcir la réglementation de la pêche de loisir dans son aire de répartition. « Jusqu’à maintenant, c’était open bar... », reconnaît Jean-François De Marco, porte-parole du collectif de pêcheurs récréatifs corses, Pesca Passione. Autrement dit, les prises n’étaient pas limitées en quantité, sauf bien sûr pour les espèces faisant l’objet d’un moratoire (corb, mérou et denti). Ce n’est désormais plus le cas puisque l’arrêté inter-préfectoral du 10 décembre limite à 5 kg la quantité de poisson pêché (par pêcheur et par jour). Dans le cas d’une première prise dont le poids excéderait les 5 kg, le pêcheur pourra conserver sa prise, mais il ne sera pas autorisé à effectuer d’autres prélèvements ce même jour.
Actuellement, « le poids moyen pêché est de 2 kg par pêcheur et par jour », précise la directrice du Parc. « 95 % des pêcheurs de loisirs que vous croisez ne vont jamais prendre plus de 5 kg", poursuit Jean-Laurent Massey. Cet arrêté, « il est surtout là pour enrayer les abus » et vise la minorité « qui se fait passer pour des pêcheurs récréatifs, alors que ce qu’ils recherchent en pêchant de grandes quantités de poissons, c’est le profit ». Ce que confirme Jean-François De Marco : « Les pêcheurs habitués à leurs coins à poissons n’ont aucun intérêt à les vider, sinon ils n’ont plus d’endroits où pêcher... Gérer la ressource, c’est ce qu’on fait depuis toujours, et c’est dans l’intérêt de notre passion. Limiter à 5 kg, c'est bien pour éviter des tirer des revenus de la pêche. » Si, finalement, le choix s'est porté sur 5 kg, c’est parce que cette même limite s’applique déjà dans la réserve des Bouches de Bonifacio ou en Italie. En France, en l’absence d’une réglementation unique relative à la pêche de loisir, ce sont les aires marines qui sont compétentes dans cette prise d’initiative.
Une autorisation de pêche à renouveler chaque année
La deuxième mesure qui entrera en vigueur, c’est l’autorisation de pêche. Chaque pêcheur de loisir, âgé de 16 ans et plus, devra demander une autorisation qui sera valable un an. La demande peut se faire en remplissant un formulaire dans les locaux du Parc, ou par le biais de l’application smartphone CatchMachine. « Ca nous permettra de connaître le nombre de pêcheurs potentiels sur notre territoire, s’en explique Madeleine Cancemi. On pourra aussi étudier le poids moyen des captures sur une année et mener des actions de sensibilisation. » Une autorisation de pêche, Jean-François De Marco y est également favorable, pour pouvoir disposer de données qui lui permettront, espère-t-il, « pouvoir mieux peser demain dans les discussions sur les moratoires » auxquels en l’état actuel de la ressource, il s’oppose.
Le Parc alerte aussi sur un certain nombre de pêches qui ont pu viser, souvent par méconnaissance de la législation, des populations de poissons juvéniles. Or, il y a une taille minimale à respecter, pour laisser le temps aux poissons de grandir et de se reproduire. Si ce constat ne s’est pas traduit par une prise de décision immédiate, Jean-Laurent Massey précise que « des discussions sont en cours » en vue d’étoffer à l’avenir le cadre réglementaire. Dans l’immédiat, le parc se donne deux mois pour sensibiliser les pêcheurs récréatifs, avant d’intensifier les contrôles en mer : « Dès le printemps, prévient Madeleine Cancemi, on mettra des procès-verbaux aux personnes qui ne seront pas en règle. »