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Canari : Les travaux de mise en sécurité de la mine d’amiante et de démolition de l’usine débuteront début 2025


Nicole Mari le Vendredi 27 Décembre 2024 à 11:30

Les travaux de mise en sécurité de la carrière et de l’usine d’amiante à Canari débuteront début 2025. Les travaux de démolition des bâtiments commenceront en octobre 2025 pour s’achever en mai 2026. L’Etat a déjà engagé près de 25 millions d’euros sur l’ensemble des opérations. Des réunions d’explications auprès de la population se tiendront pendant le 1er trimestre 2025. L’ADEME assure qu’elle a pris toutes les mesures nécessaires liées à l’émission de particules et à l’empoussièrement des zones habitées proches du site.



Le site de la mine et de l'ancienne usine d'amiante situé au-dessus de la RD 80 sur la commune de Canari dans le Cap Corse.
Le site de la mine et de l'ancienne usine d'amiante situé au-dessus de la RD 80 sur la commune de Canari dans le Cap Corse.
Site emblématique de l’amiante, les anciennes carrière et usine de Canari devraient être entièrement mises en sécurité avant la fin du premier semestre 2026. Près de 60 ans après la fermeture du site, les trois bâtiments industriels, qui abritaient l’usine de la SMA (Société minière de l’amiante) entre 1926 et 1965 et classés depuis comme friches industrielles, vont être démolis. L’annonce avait été faite en début d’année, mais l’opération s’avère complexe à mettre en œuvre, en raison notamment de la présence d’amiante. Le 17 décembre, la Préfecture de Haute-Corse informe de l’avancée de la conduite des travaux de mise en sécurité du site qui a été confiée à l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). « Depuis la fin des années 1990, à la demande de l’État, l’ADEME assure la mise en sécurité du site de la SMA en conduisant des études et différents travaux de sécurisation portant essentiellement sur la prévention des mouvements de terrain et du glissement des verses sur la RT 80 ».
 
Une usine à démolir
Canari avec son site et ses sols pollués est considéré comme un des sites carastéristiques « à responsables défaillants » de l’action de l’ADEME. Près de 25 millions d’euros ont déjà été engagés pour l’ensemble des opérations. Cela a, dans un premier temps, consisté à contenir les mouvements des versants pour éviter que les rebuts de fabrication ne continuent à ruisseler sur la RD 80. Il est vite apparu que l’état de détérioration avancé des bâtiments ne permettant pas leur consolidation, il était nécessaire de procéder à leur démolition pour éviter tout risque d’éboulement. Si la priorité concerne l’imposant bâtiment usine qui est en bordure immédiate de la route, les deux autres structures, qui sont perchées à plus de 150 mètres d’altitude par rapport à la route, ne peuvent pas être sauvegardées. Le 8 septembre 2022, le préfet de Haute-Corse confie les travaux de démolition à l’ADEME.
 
Une opération complexe
Un tel chantier dans l’amiante est une première en Europe. Au regard de la complexité des opérations liée, à la fois, à la topographie du site et à la présence de l’amiante, l’ADEME décide de lancer une consultation pour trouver une entreprise capable de réaliser ce type de travaux. Cette procédure de conception-réalisation débute en juin 2023. « Le 12 décembre 2024, la commission des achats de l’ADEME a retenu l’offre présentée par le groupement piloté par CARDEM pour un montant de 6,9 millions d’euros. 15 % des prestations du marché seront confiées à des entreprises corses », annonce le communiqué préfectoral. Dès le début de l’année 2025, le groupement retenu conduira les dernières études de calage du projet afin de mettre en œuvre les travaux de démolition qui se dérouleront d’octobre 2025 à mai 2026. « Les modalités techniques envisagées par le groupement retenu devraient permettre d’éviter, à l’exception de quelques nuits, la fermeture complète de la RT 80. Les procédés de réalisation de cette opération feront l’objet d’un encadrement strict afin d’assurer le respect des obligations réglementaires relatives au travail, à la santé publique et à la préservation de l’environnement », assure la Préfecture.
 
Le risque sanitaire
A la complexité technique de la démolition, se rajoute, en effet, le risque d’empoussièrement des riverains, lié au foudroyage du bâtiment.« Un des objectifs principaux fixés au groupement retenu est qu’en configuration finale, le site ne soit pas plus émissif au regard de l’amiante qu’actuellement », explique la Préfecture. Et de préciser : « Pour s’en assurer, l’ADEME a mandaté un laboratoire spécialisé afin de réaliser un état initial de l’empoussièrement dans les zones habitées les plus proches et sur la RT 80, à proximité du site ». Les mesures se feront « sur 1 an avant les travaux, durant les opérations de démolition et, de manière à établir, un point de comparaison, durant 1 an à l’issue des travaux ». Compte tenu des craintes exprimées par la population, la Préfecture promet que les résultats de ces mesures seront régulièrement communiqués au travers des lettres d’information. « À cet égard, à fin novembre 2024, après 10 semaines de suivi, soit 90 prélèvements, seules 2 valeurs non nulles, respectivement 0,5 et 1 fibre/litre d’air ont été relevées, valeurs qui restent très largement inférieures au seuil de 5 fibres/litre d’air prévu par le Code de la santé publique ». Une première séquence d’explications et de communication a déjà été faite au travers d’une lettre d’information. Ce processus d’information sera complété au cours du premier trimestre 2025 par l’organisation de réunions de présentation du projet auprès des habitants, des élus et des acteurs socio-économiques du territoire. Le calendrier de ces réunions devrait être communiqué prochainement.