Photo d'illustration
Combien d’animaux morts en Corse ?
Selon le dernier recensement réalisé par l’ODARC (l’Office du développement agricole et rural de la Corse), 74 élevages bovins se sont déclarés touchés par la fièvre catarrhale ovine (FCO) depuis le début de la deuxième épizootie, débutés au printemps. Cela représente un total de 324 animaux morts. « Mais ce chiffre ne reflète pas la réalité du terrain, nuance Dominique Livrelli, le président de l’ODARC. Si on examine les chiffres de l’équarrissage, qui est un bon indicateur pour mesurer l’impact de la FCO pour les troupeaux, ce sont plus de 2 500 ovins qui sont morts depuis mai, contre 1 500 sur la même période en 2023. » Un différentiel d’environ 1 000 bêtes qui pourrait donc être attribué à la fièvre catarrhale ovine.
A-t-on atteint le pic de l’épidémie ?
Au coeur de l’été, Fabien Lindori, élu au sein du bureau de la chambre d'agriculture de Haute-Corse, redoutait que le pic de l’épidémie soit atteint « à partir des premières pluies d’automne », soit maintenant. Dominique Livrelli se veut plus optimiste : « La tendance semble être à la baisse avec un nombre d’animaux partis à l’équarrissage qui diminue depuis plusieurs semaines, laissant présager que le pic de l’épidémie serait derrière nous. » Mais prévient-il, « la vigilance doit toutefois rester de mise, notamment en cas de températures plus clémentes. »
Où en est-on de la vaccination ?
Un vaccin monodose coûte entre 2 et 3 euros, un coût que l’ODARC a décidé de prendre en charge à 100 %, réservant une enveloppe de 150 000 euros. Et à ce jour, indique Dominique Livrelli, « 39 000 animaux ont été vaccinés et 18 000 sont toujours sous couverture vaccinale de l’année dernière (suite à la première épizootie corse de fièvre catarrhale ovine, NDLR), ce qui représente 60 à 65 % du cheptel. » Le président de l’ODARC martèle le seul message qui vaille, selon lui, pour combattre l’épizootie : « La vaccination annuelle du troupeau. »
Y aura-t-il une indemnisation ?
Lors d’une réunion tenue en présence de représentants de l’État, la semaine dernière, les professionnels de la filière en Corse ont réitéré leurs demandes d’indemnisation pour les pertes subies. Mais sans obtenir de garanties. Alors, « devant l’incertitude de cette prise en charge par l’État, l’ODARC a décidé de soutenir l’élevage de plus de 1 000 agnelles supplémentaires par la coopérative Corsia », a annoncé Dominique Livrelli. Ces agnelles, issues du schéma de sélection de la brebis corse, pourront ainsi être redistribuées aux éleveurs, selon des modalités qui restent à définir. « Toutefois, l’ODARC financera 150 euros par agnelle à la Corsia de façon à limiter au maximum le prix de vente de ces animaux auprès des éleveurs touchés par la FCO, et à condition qu’ils aient vacciné leur troupeau, précise Dominique Livrelli. Cette introduction d’agnelles à forte valeur génétique dans les troupeaux devrait permettre une reconstitution quantitative mais également qualitative des cheptels corses. »
Faut-il craindre une arrivée du sérotype 3 ?
En Corse, ce sont les sérotypes 4 et 8 qui ont sévi. Mais un autre sérotype, le 3, est apparu cet été dans le Nord de France, se propageant dans la France continentale. Et il a été détecté également en Sardaigne. « Il est à 157 kilomètres des portes de la Corse, s’alarme Dominique Livrelli, mais ce n’est pas assez près, semble-t-il selon l’État, pour placer la Corse en zone vaccinale et ainsi garantir un accès gratuit au vaccin en cas de découverte de ce sérotype sur notre territoire... C’est pourtant une nécessité absolue de se préparer à son arrivée. Car nous sommes certains qu’il arrivera, comme les autres sérotypes avant lui. Nous devons donc pouvoir stocker des doses de sérum. L’ODARC réitère donc sa demande auprès de l’État pour que la Corse soit placée en zone vaccinale. »
Quelles mesures complémentaires ?
Endiguer l’épizootie passera en premier lieu par des mesures de prévention, a développé le président de l’ODARC. Son office a écrit aux différentes compagnies maritimes qui desservent la Corse « afin qu’elles fassent preuve d’une vigilance extrême en ce qui concerne l’introduction d’animaux vivants sur leurs bateaux, et les déclarent systématiquement auprès des services vétérinaires ». Dominique Livrelli en appelle également « à la responsabilité de tous les éleveurs qui font entrer des animaux vivants. Ils doivent se rapprocher des services de l’État afin de s’assurer que les animaux introduits ne proviennent pas de zones contaminées. »
Et ensuite ?
Quand bien même la Corse viendrait à bout de cette deuxième épizootie en deux ans de fièvre catarrhale ovine, d’autres dangers menacent l’agriculture insulaire. « C’est avec beaucoup d’inquiétude que j’aborde la situation sanitaire de notre agriculture car le changement climatique, la multiplication des échanges, la faiblesse des contrôles dans les ports, voire un certain laxisme dans l’introduction des animaux ou des végétaux, augure de nouvelles crises », prédit Dominique Livrelli. Selon lui, l’État doit prendre la mesure de ces dangers : « La maladie hémorragique épizootique qui touche actuellement les bovins du Continent, représente un risque majeur pour nos éleveurs. La tuberculose bovine se multiplie sur notre territoire et se propage à des filières jusqu’alors indemnes. Sans parler de la peste porcine africaine, qui serait dévastatrice pour notre élevage extensif. Les filières végétales sont également sous la menace de nouvelles maladies, comme par exemple celle du dragon jaune pour les agrumes. La question sanitaire en Corse devient un enjeu crucial, auquel l’État, dont c’est la prérogative, ne répond pas de manière satisfaisante. La Corse doit être considérée comme un territoire sentinelle, pour guetter l’arrivée éventuelle d’une maladie et nous protéger, compte tenu de notre insularité. »
Selon le dernier recensement réalisé par l’ODARC (l’Office du développement agricole et rural de la Corse), 74 élevages bovins se sont déclarés touchés par la fièvre catarrhale ovine (FCO) depuis le début de la deuxième épizootie, débutés au printemps. Cela représente un total de 324 animaux morts. « Mais ce chiffre ne reflète pas la réalité du terrain, nuance Dominique Livrelli, le président de l’ODARC. Si on examine les chiffres de l’équarrissage, qui est un bon indicateur pour mesurer l’impact de la FCO pour les troupeaux, ce sont plus de 2 500 ovins qui sont morts depuis mai, contre 1 500 sur la même période en 2023. » Un différentiel d’environ 1 000 bêtes qui pourrait donc être attribué à la fièvre catarrhale ovine.
A-t-on atteint le pic de l’épidémie ?
Au coeur de l’été, Fabien Lindori, élu au sein du bureau de la chambre d'agriculture de Haute-Corse, redoutait que le pic de l’épidémie soit atteint « à partir des premières pluies d’automne », soit maintenant. Dominique Livrelli se veut plus optimiste : « La tendance semble être à la baisse avec un nombre d’animaux partis à l’équarrissage qui diminue depuis plusieurs semaines, laissant présager que le pic de l’épidémie serait derrière nous. » Mais prévient-il, « la vigilance doit toutefois rester de mise, notamment en cas de températures plus clémentes. »
Où en est-on de la vaccination ?
Un vaccin monodose coûte entre 2 et 3 euros, un coût que l’ODARC a décidé de prendre en charge à 100 %, réservant une enveloppe de 150 000 euros. Et à ce jour, indique Dominique Livrelli, « 39 000 animaux ont été vaccinés et 18 000 sont toujours sous couverture vaccinale de l’année dernière (suite à la première épizootie corse de fièvre catarrhale ovine, NDLR), ce qui représente 60 à 65 % du cheptel. » Le président de l’ODARC martèle le seul message qui vaille, selon lui, pour combattre l’épizootie : « La vaccination annuelle du troupeau. »
Y aura-t-il une indemnisation ?
Lors d’une réunion tenue en présence de représentants de l’État, la semaine dernière, les professionnels de la filière en Corse ont réitéré leurs demandes d’indemnisation pour les pertes subies. Mais sans obtenir de garanties. Alors, « devant l’incertitude de cette prise en charge par l’État, l’ODARC a décidé de soutenir l’élevage de plus de 1 000 agnelles supplémentaires par la coopérative Corsia », a annoncé Dominique Livrelli. Ces agnelles, issues du schéma de sélection de la brebis corse, pourront ainsi être redistribuées aux éleveurs, selon des modalités qui restent à définir. « Toutefois, l’ODARC financera 150 euros par agnelle à la Corsia de façon à limiter au maximum le prix de vente de ces animaux auprès des éleveurs touchés par la FCO, et à condition qu’ils aient vacciné leur troupeau, précise Dominique Livrelli. Cette introduction d’agnelles à forte valeur génétique dans les troupeaux devrait permettre une reconstitution quantitative mais également qualitative des cheptels corses. »
Faut-il craindre une arrivée du sérotype 3 ?
En Corse, ce sont les sérotypes 4 et 8 qui ont sévi. Mais un autre sérotype, le 3, est apparu cet été dans le Nord de France, se propageant dans la France continentale. Et il a été détecté également en Sardaigne. « Il est à 157 kilomètres des portes de la Corse, s’alarme Dominique Livrelli, mais ce n’est pas assez près, semble-t-il selon l’État, pour placer la Corse en zone vaccinale et ainsi garantir un accès gratuit au vaccin en cas de découverte de ce sérotype sur notre territoire... C’est pourtant une nécessité absolue de se préparer à son arrivée. Car nous sommes certains qu’il arrivera, comme les autres sérotypes avant lui. Nous devons donc pouvoir stocker des doses de sérum. L’ODARC réitère donc sa demande auprès de l’État pour que la Corse soit placée en zone vaccinale. »
Quelles mesures complémentaires ?
Endiguer l’épizootie passera en premier lieu par des mesures de prévention, a développé le président de l’ODARC. Son office a écrit aux différentes compagnies maritimes qui desservent la Corse « afin qu’elles fassent preuve d’une vigilance extrême en ce qui concerne l’introduction d’animaux vivants sur leurs bateaux, et les déclarent systématiquement auprès des services vétérinaires ». Dominique Livrelli en appelle également « à la responsabilité de tous les éleveurs qui font entrer des animaux vivants. Ils doivent se rapprocher des services de l’État afin de s’assurer que les animaux introduits ne proviennent pas de zones contaminées. »
Et ensuite ?
Quand bien même la Corse viendrait à bout de cette deuxième épizootie en deux ans de fièvre catarrhale ovine, d’autres dangers menacent l’agriculture insulaire. « C’est avec beaucoup d’inquiétude que j’aborde la situation sanitaire de notre agriculture car le changement climatique, la multiplication des échanges, la faiblesse des contrôles dans les ports, voire un certain laxisme dans l’introduction des animaux ou des végétaux, augure de nouvelles crises », prédit Dominique Livrelli. Selon lui, l’État doit prendre la mesure de ces dangers : « La maladie hémorragique épizootique qui touche actuellement les bovins du Continent, représente un risque majeur pour nos éleveurs. La tuberculose bovine se multiplie sur notre territoire et se propage à des filières jusqu’alors indemnes. Sans parler de la peste porcine africaine, qui serait dévastatrice pour notre élevage extensif. Les filières végétales sont également sous la menace de nouvelles maladies, comme par exemple celle du dragon jaune pour les agrumes. La question sanitaire en Corse devient un enjeu crucial, auquel l’État, dont c’est la prérogative, ne répond pas de manière satisfaisante. La Corse doit être considérée comme un territoire sentinelle, pour guetter l’arrivée éventuelle d’une maladie et nous protéger, compte tenu de notre insularité. »