« Ceux, qui me connaissent, savent que je réalise ici une sorte de pèlerinage affectif ». C’est en ces termes que Joseph Castelli, président du Conseil général de Haute-Corse, et ancien maire de Penta-di-Casinca a exprimé son émotion et celle de la majorité de l’assistance devant un projet qui lui tient à cœur. « Les raisons de mon attachement viscéral à cette usine : elle est un pan de mon histoire personnelle et familiale ». C’est pour travailler dans l’usine de tanin que sa famille, comme beaucoup d’autres, s’est installée à Folelli et y a pris racine. « L’usine de tanin, c’est l’âme de Folelli, son point de départ », ajoute son fils Yannick, le maire actuel devant les anciens de l’usine, assis, émus, au premier rang, venus témoigner. Autre enfant du pays, François Tatti, président de la CAB (Communauté d’agglomération de Bastia), explique, aussi, que, comme des générations d’enfants de la commune, l’usine était « son terrain de jeu favori ».
Une volonté communale
Cette réhabilitation, qui est, d’abord, une très belle réussite architecturale tient du miracle. Elle a mis 58 ans à se réaliser grâce à une détermination qui ne s’est jamais démentie, comme l’a rappelé le président Castelli, in lingua nustrale : « Ci so stati tanti strazii d’omi, tanti lamenti di castagni, tanti lagni di natura… è po tantu silenziu. A vita si era spenta inde l’usina di Folelli ! E petre mosse, i vetri rotti, u tettu trafalatu, annu fattu crede à tutte qui distruzzionne è morte aspettavanu sta bandi di terra di Casinca. E purtantu, oghje, pudemu dino sente ride è ciarla ! A vuluntà di a nostra cumuna hà vintu ! Le maire, que je suis devenu, s’est attaché à sauver cette bâtisse, malgré les avis techniques qui préconisaient de la raser du fait de son délabrement ».
Une belle réussite
Pour Alain Rousseau, préfet de Haute-Corse, qui représente l’Etat, partenaire financier du projet, « l’inauguration est peu banale car c’est rare en Corse de posséder un passé industriel ». Il se félicite de la « belle réussite de ce projet de longue haleine qui s’inscrit dans le développement culturel des territoires ruraux et montre que, lorsque les élus travaillent ensemble, ils peuvent arriver à ce type de résultats ».
Beaucoup de maires et les conseillers généraux de la microrégion de Castagniccia, de Casinca et de Costa Verde étaient, d’ailleurs, présents à l’inauguration. Egalement le président Mancini de l’association des maires 2B, le conseiller général cap-corsin, François Orlandi, le maire de Lucciana, José Galletti…
Un pôle rural
Ce nouveau lieu culturel vient combler le manque cruel d’infrastructures de ce type en milieu rural. Il se veut, tout à la fois, un lieu de découverte sur le territoire, un lieu de rencontres et d’échanges et un pôle éducatif et artistique ouvert à tous. Toute une série de conférences et de dédicaces sont déjà programmées. Samedi prochain, Feli et Ghjuvan Teramu Rocchi y présenteront l’album réalisé avec les enfants autour du projet pédagogique, Girasole, Cantà, cantà, cantà.
N.M.
Une volonté communale
Cette réhabilitation, qui est, d’abord, une très belle réussite architecturale tient du miracle. Elle a mis 58 ans à se réaliser grâce à une détermination qui ne s’est jamais démentie, comme l’a rappelé le président Castelli, in lingua nustrale : « Ci so stati tanti strazii d’omi, tanti lamenti di castagni, tanti lagni di natura… è po tantu silenziu. A vita si era spenta inde l’usina di Folelli ! E petre mosse, i vetri rotti, u tettu trafalatu, annu fattu crede à tutte qui distruzzionne è morte aspettavanu sta bandi di terra di Casinca. E purtantu, oghje, pudemu dino sente ride è ciarla ! A vuluntà di a nostra cumuna hà vintu ! Le maire, que je suis devenu, s’est attaché à sauver cette bâtisse, malgré les avis techniques qui préconisaient de la raser du fait de son délabrement ».
Une belle réussite
Pour Alain Rousseau, préfet de Haute-Corse, qui représente l’Etat, partenaire financier du projet, « l’inauguration est peu banale car c’est rare en Corse de posséder un passé industriel ». Il se félicite de la « belle réussite de ce projet de longue haleine qui s’inscrit dans le développement culturel des territoires ruraux et montre que, lorsque les élus travaillent ensemble, ils peuvent arriver à ce type de résultats ».
Beaucoup de maires et les conseillers généraux de la microrégion de Castagniccia, de Casinca et de Costa Verde étaient, d’ailleurs, présents à l’inauguration. Egalement le président Mancini de l’association des maires 2B, le conseiller général cap-corsin, François Orlandi, le maire de Lucciana, José Galletti…
Un pôle rural
Ce nouveau lieu culturel vient combler le manque cruel d’infrastructures de ce type en milieu rural. Il se veut, tout à la fois, un lieu de découverte sur le territoire, un lieu de rencontres et d’échanges et un pôle éducatif et artistique ouvert à tous. Toute une série de conférences et de dédicaces sont déjà programmées. Samedi prochain, Feli et Ghjuvan Teramu Rocchi y présenteront l’album réalisé avec les enfants autour du projet pédagogique, Girasole, Cantà, cantà, cantà.
N.M.
Yannick Castelli, maire de Folelli, dévoilant la plaque.
Yannick Castelli : « Le monde rural a, lui aussi, droit à la culture ! »
- Depuis quand date ce projet de réhabilitation de l’usine de tanin ?
- La première fois que j’ai entendu parler de la réhabilitation de cette friche industrielle, j’avais entre 12 et 15 ans ! C’est sûr que cette idée a mis du temps à aboutir. Elle s’est débloquée quand les gérants de l’entreprise de BTP, présente sur le site, sont partis à la retraite. A ce moment-là, il y a huit ans, l’ancienne municipalité a commencé à négocier avec les propriétaires qui ont vendu à un prix largement en dessous du marché pour que nous puissions réhabiliter cette usine à tanin.
- Lorsque la municipalité a racheté l’usine, avait-elle déjà un projet précis en tête ?
- Nous voulions en faire un lieu culturel. Nous avons commencé à réfléchir et la médiathèque s’est imposée de fait à l’ensemble du Conseil municipal. Nous avons, alors, travaillé sur cette base-là.
- Les problèmes techniques ont failli avoir raison de la détermination municipale. Pourquoi parlez-vous de « dur combat » ?
- Le bâtiment, qui a fermé en 1954, était en ruines. Le toit, qui avait pris feu lors du grand incendie de Folelli en 1992, tenait, encore, par l’opération du Saint-Esprit ! Le sous-sol était un véritable gruyère. Le 1er ingénieur béton a failli jeter l’éponge devant le nombre de difficultés. Nous avons du revoir notre programme à la baisse. Il était prévu de construire une salle de spectacle en sous-sol. Ce qui, après études techniques, s’est avéré irréalisable. De plus, lorsque le chantier a débuté, les murs de la partie Nord, plus fragilisés que ceux de la partie Sud, ont failli s’effondrer à trois reprises. Nous avons eu peur pendant un mois, mais heureusement l’entreprise, qui faisait les travaux, était très compétente. Finalement, nous avons réussi à édifier le bâtiment en utilisant même des techniques innovantes pour réaliser les planchers.
- Combien a coûté cette réhabilitation ?
- Elle a coûté, au total, 2,640 millions € cofinancés par la commune de Penta-di-Casinca, le département de Haute-Corse, la Collectivité territoriale (CTC) et l’Etat. Sur cette somme, 540000 € ont été consacrés aux aménagements extérieurs. L’Etat et la CTC ont donné, chacun, 540000 €, le Conseil général a octroyé une subvention de 840000 €. Sans ces partenaires institutionnels, rien n’aurait pu se faire !
- Joseph Castelli parle d’un « pèlerinage sentimental ». Qu’est-ce que ce lieu représente pour Folelli et, plus largement, pour la Castagniccia ?
- Je pense que si Folelli est devenu ce qu’il est aujourd’hui, c’est grâce à un départ. Et ce départ, c’est l’implantation de l’usine à tanin en 1907. L’usine ayant besoin de beaucoup d’eau pour fonctionner, le lieu a été choisi parce qu’il se trouvait en bord de rivière, proche de la Castagniccia et qu’il était vaste. Aujourd’hui, l’espace autour de l’usine représente environ 4000 m2, mais, à l’époque, le stockage du bois de châtaignier s’étendait sur 5 ou 6 hectares, le long de la route nationale. Jusqu’après guerre, dans les années 50, le train arrivait jusqu’à l’usine. La ligne ferroviaire Folelli-Bastia a fermé quand l’usine a fermé !
- Le village de Folelli est-il né de l’usine ?
- Oui ! Folelli a commencé à se construire quand l’usine s’est installée. Dans les années 1900, l’endroit était plus ou moins insalubre. La commune a vraiment pris son essor après-guerre, essentiellement dans les années 80 et 90. Ce lieu est vraiment l’âme de Folelli !
- Qu’abrite cette médiathèque départementale ?
- Elle abrite, au rez-de-chaussée, deux sections, adultes et enfants, et offre 12000 documents sur tous les supports : musique, films, livres avec toutes les nouveautés, médias avec les grands quotidiens nationaux et la wifi… Depuis l’ouverture officieuse il y a deux mois, la section Enfants est un vrai succès. Côté adultes, la médiathèque propose toute une série de rencontres, de conférences, de lectures, de dédicaces et d’expositions tout au long de l’année. Il y a 15 jours, nous avons reçu Gonzague Saint-Bris qui a donné une conférence magistrale. Le but est d’en faire un lieu multiculturel que tout le monde peut s’approprier. Un lieu où l’on vient passer un moment, voir une exposition, livre un livre ou un journal, regarder un tableau, écouter la musique...
- A quoi sont dévolus les étages ?
- Les étages sont réservés aux associations. L’Ecole de musique de Feli, Schola in Festa, qui est l’une des 4 écoles de Corse conventionnées par la CTC pour travailler dans le monde rural, occupera, dès septembre, une partie du 1er étage. Elle offre son spectacle annuel gratuit, ouvert à tous, le 1er août, sur le parking de l’Hôtel de ville. Les deux derniers étages forment un atelier pour une résidence d’artiste qui sera donnée, en cogestion avec la mairie, une association ou les services de la région. La résidence sera gratuite en contrepartie d’actions vis-à-vis de la jeunesse. L’artiste en résidence doit s’engager à recevoir les écoles de la microrégion pour leur expliquer et leur montrer son travail. L’idée n’est pas seulement de montrer des œuvres d’art, mais aussi de voir comment elles sont réalisées.
- La médiathèque est-elle ouverte à toute la microrégion ?
- Bien entendu ! Elle est implantée à Folelli parce que c’est la commune qui a porté le projet. Mais, c’est un lieu stratégique, aussi bien pour l’Orezza et l’Ampugnani que pour la Costa Verde et la Casinca. Nous sommes au centre de ces trois grandes microrégions de la Plaine Orientale. Certains maires sont déjà venus me voir pour pouvoir utiliser cet outil, dans le cadre de la réforme des rythmes scolaires. Je leur ai dit que c’était le but. Cet outil est ouvert à tout et à tous. Il comble un manque. Malgré la proximité de Bastia, nous faisions, quand même, figure de parents pauvres. Le monde rural a, lui aussi, droit à la culture ! Nous avons travaillé pour l’obtenir, d’autres communes sont, aussi, en train de se battre. Je pense que c’est bien !
Propos recueillis pas Nicole MARI
- Depuis quand date ce projet de réhabilitation de l’usine de tanin ?
- La première fois que j’ai entendu parler de la réhabilitation de cette friche industrielle, j’avais entre 12 et 15 ans ! C’est sûr que cette idée a mis du temps à aboutir. Elle s’est débloquée quand les gérants de l’entreprise de BTP, présente sur le site, sont partis à la retraite. A ce moment-là, il y a huit ans, l’ancienne municipalité a commencé à négocier avec les propriétaires qui ont vendu à un prix largement en dessous du marché pour que nous puissions réhabiliter cette usine à tanin.
- Lorsque la municipalité a racheté l’usine, avait-elle déjà un projet précis en tête ?
- Nous voulions en faire un lieu culturel. Nous avons commencé à réfléchir et la médiathèque s’est imposée de fait à l’ensemble du Conseil municipal. Nous avons, alors, travaillé sur cette base-là.
- Les problèmes techniques ont failli avoir raison de la détermination municipale. Pourquoi parlez-vous de « dur combat » ?
- Le bâtiment, qui a fermé en 1954, était en ruines. Le toit, qui avait pris feu lors du grand incendie de Folelli en 1992, tenait, encore, par l’opération du Saint-Esprit ! Le sous-sol était un véritable gruyère. Le 1er ingénieur béton a failli jeter l’éponge devant le nombre de difficultés. Nous avons du revoir notre programme à la baisse. Il était prévu de construire une salle de spectacle en sous-sol. Ce qui, après études techniques, s’est avéré irréalisable. De plus, lorsque le chantier a débuté, les murs de la partie Nord, plus fragilisés que ceux de la partie Sud, ont failli s’effondrer à trois reprises. Nous avons eu peur pendant un mois, mais heureusement l’entreprise, qui faisait les travaux, était très compétente. Finalement, nous avons réussi à édifier le bâtiment en utilisant même des techniques innovantes pour réaliser les planchers.
- Combien a coûté cette réhabilitation ?
- Elle a coûté, au total, 2,640 millions € cofinancés par la commune de Penta-di-Casinca, le département de Haute-Corse, la Collectivité territoriale (CTC) et l’Etat. Sur cette somme, 540000 € ont été consacrés aux aménagements extérieurs. L’Etat et la CTC ont donné, chacun, 540000 €, le Conseil général a octroyé une subvention de 840000 €. Sans ces partenaires institutionnels, rien n’aurait pu se faire !
- Joseph Castelli parle d’un « pèlerinage sentimental ». Qu’est-ce que ce lieu représente pour Folelli et, plus largement, pour la Castagniccia ?
- Je pense que si Folelli est devenu ce qu’il est aujourd’hui, c’est grâce à un départ. Et ce départ, c’est l’implantation de l’usine à tanin en 1907. L’usine ayant besoin de beaucoup d’eau pour fonctionner, le lieu a été choisi parce qu’il se trouvait en bord de rivière, proche de la Castagniccia et qu’il était vaste. Aujourd’hui, l’espace autour de l’usine représente environ 4000 m2, mais, à l’époque, le stockage du bois de châtaignier s’étendait sur 5 ou 6 hectares, le long de la route nationale. Jusqu’après guerre, dans les années 50, le train arrivait jusqu’à l’usine. La ligne ferroviaire Folelli-Bastia a fermé quand l’usine a fermé !
- Le village de Folelli est-il né de l’usine ?
- Oui ! Folelli a commencé à se construire quand l’usine s’est installée. Dans les années 1900, l’endroit était plus ou moins insalubre. La commune a vraiment pris son essor après-guerre, essentiellement dans les années 80 et 90. Ce lieu est vraiment l’âme de Folelli !
- Qu’abrite cette médiathèque départementale ?
- Elle abrite, au rez-de-chaussée, deux sections, adultes et enfants, et offre 12000 documents sur tous les supports : musique, films, livres avec toutes les nouveautés, médias avec les grands quotidiens nationaux et la wifi… Depuis l’ouverture officieuse il y a deux mois, la section Enfants est un vrai succès. Côté adultes, la médiathèque propose toute une série de rencontres, de conférences, de lectures, de dédicaces et d’expositions tout au long de l’année. Il y a 15 jours, nous avons reçu Gonzague Saint-Bris qui a donné une conférence magistrale. Le but est d’en faire un lieu multiculturel que tout le monde peut s’approprier. Un lieu où l’on vient passer un moment, voir une exposition, livre un livre ou un journal, regarder un tableau, écouter la musique...
- A quoi sont dévolus les étages ?
- Les étages sont réservés aux associations. L’Ecole de musique de Feli, Schola in Festa, qui est l’une des 4 écoles de Corse conventionnées par la CTC pour travailler dans le monde rural, occupera, dès septembre, une partie du 1er étage. Elle offre son spectacle annuel gratuit, ouvert à tous, le 1er août, sur le parking de l’Hôtel de ville. Les deux derniers étages forment un atelier pour une résidence d’artiste qui sera donnée, en cogestion avec la mairie, une association ou les services de la région. La résidence sera gratuite en contrepartie d’actions vis-à-vis de la jeunesse. L’artiste en résidence doit s’engager à recevoir les écoles de la microrégion pour leur expliquer et leur montrer son travail. L’idée n’est pas seulement de montrer des œuvres d’art, mais aussi de voir comment elles sont réalisées.
- La médiathèque est-elle ouverte à toute la microrégion ?
- Bien entendu ! Elle est implantée à Folelli parce que c’est la commune qui a porté le projet. Mais, c’est un lieu stratégique, aussi bien pour l’Orezza et l’Ampugnani que pour la Costa Verde et la Casinca. Nous sommes au centre de ces trois grandes microrégions de la Plaine Orientale. Certains maires sont déjà venus me voir pour pouvoir utiliser cet outil, dans le cadre de la réforme des rythmes scolaires. Je leur ai dit que c’était le but. Cet outil est ouvert à tout et à tous. Il comble un manque. Malgré la proximité de Bastia, nous faisions, quand même, figure de parents pauvres. Le monde rural a, lui aussi, droit à la culture ! Nous avons travaillé pour l’obtenir, d’autres communes sont, aussi, en train de se battre. Je pense que c’est bien !
Propos recueillis pas Nicole MARI